Katanga
Un journaliste arrêté et son média fermé pour avoir diffusé un message d’un groupe armé sécessionniste
Dans un message déposé à notre rédaction hier, Journaliste en danger (JED) exprime ses profonds regrets à la suite de l’escalade des sanctions infligées à un média, victime d’une attaque d’un groupe armé.
Dans ce message, JED demande aux autorités provinciales du Katanga de prendre des mesures nécessaires pour assurer la sécurité des journalistes travaillant dans ce média et lui permettre de poursuivre ses activités.
On nous signale que selon des informations recoupées par JED, Simplexe Musangu, journaliste et directeur général de Radio Télévision ya Lisano, station émettant à Kolwezi, ville située à plus de 300 km de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga (Sud-est de la RDC), a été arrêté, samedi 13 juillet 2013, par des éléments de la police nationale congolaise, sous la réquisition du parquet de grande instance de Kolwezi, qui ont, par la suite, scellé les portes de ce média pour » incitation à la désobéissance civile « . Le journaliste a été transféré, hier lundi 15 juillet 2012 vers 13 heures, à la prison centrale de Dilala. Son collègue Stéphane Kasongo, secrétaire de rédaction de la RTKL, a été pris et jeté au cachot du parquet pour s’être opposé à ce transfert. En outre, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), section du Katanga, a suspendu à titre conservatoire, samedi 13 juillet, le même média pour une durée de trente jours pour avoir passé un message du mouvement sécessionniste dénommé » Bakata Katanga » qui réclame l’indépendance de la province du Katanga.
Selon nos sources, la Radio Télévision ya Lisano a été assiégée, vendredi 12 juillet 2013 vers 5 heures du matin, par un groupe de miliciens armés du mouvement dénommé » Bakata Katanga » (Ce qui signifie » Couper le Katanga « ). Deux de ces assaillants ont fait incursion dans le studio de ce média dans le but de faire passer en direct leur message. Sous menaces, les techniciens de la » RT ya Lisano » ont néanmoins réussi à couper l’émetteur de leur média en laissant M. Justin Kulutwe, leader de ce mouvement sécessionniste, enregistrer son message dans lequel il s’est autoproclamé président de la République du Katanga. Pendant que ce message était entrain d’être enregistré, Simplexe Musangu a alerté le maire de la ville, le bourgmestre de la commune de Manika ainsi que le responsable de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) qui ont dépêché sur les lieux des éléments de la police et des Forces Armées de la RDC qui ont arrêté les deux éléments de » Bakata Katanga « .
Par la suite, la Radio Télévision ya Lisano a, au cours de son journal télévisé de 20 heures, dénoncé l’attaque dont elle a été victime en diffusant comme preuve à l’appui un extrait de la déclaration de ce mouvement sécessionniste.
Le lendemain matin, le directeur général de la RT ya Lisano a été interpellé à l’ANR où il a été entendu pendant plus de deux heures sur procès-verbal avant de regagner sa rédaction. Vers 11 heures, les installations de la Radio Télévision ya Lisano ont été encerclées par des éléments de la police nationale congolaise sous la supervision des agents du parquet de grande instance de Kolwezi qui ont procédé à l’arrestation de M. Simplexe Musangu et scellé ce média. Le journaliste a été détenu à l’état major de la police, puis au cachot du parquet de grande instance de Kolwezi avant d’être acheminé, lundi vers 13 heures à la prison centrale.
Contacté par JED, un responsable de RT ya Lisano, a regretté l’acte posé par les autorités locales en ordonnant l’arrestation de Simplexe Musangu et la fermeture de leur média. » C’est nous qui avions alerté les autorités locales de la présence dans nos installations des éléments Bakata-Katanga. Les autorités locales nous accusent à tort d’être complices des Bakata-Katanga. Nous n’avons pas diffusé le message des Bakata-Katanga en entièreté. Nous n’avons diffusé que des extraits pour expliquer aux téléspectateurs ce qui nous était arrivé « , a-t-il précisé.
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