Fausse « déclaration de Mary Robinson sur les concertations en RDC »
L'opposition encore une fois abusée
En RD Congo, c'est comme si tout conspirait à abêtir davantage l'opposition politique, et donc à priver le pays de véritables solutions alternatives, qui survivent aux hommes et aux institutions. Comme si les débats stériles et peu sérieux autour de la convocation des concertations nationales ne suffisaient pas, la presse internationale y ajoute son zeste d'abus de crédulité.
Dans les colonnes du quotidien belge La Libre Belgique, notre consœur Marie-France Cros a publié une information rapportant une prise de position de Mary Robinson, l'envoyée spéciale de Ban-ki-Moon dans la région des Grands Lacs, relatives aux concertations nationales convoquées par le Président Joseph Kabila. Il y est soutenu que l'envoyée des Nations-Unies désapprouverait le format de ces assises, tel que défini par le Chef de l'Etat Congolais. Mardi 16 juillet 2013, au lendemain de la publication de l'article de la consœur belge, c'était le nirvana parmi les opposants Congolais qui rêvaient d'un incident qui suggère la mise sous tutelle du pays. Car, c'est cela que signifient aussi bien l'ingérence présumée de Mary Robinson dans les affaires intérieures de la RD Congo, que l'initiative soutenue par une partie de la classe politique nationale de confier la direction d'une sorte de nouvelles négociations politiques à une instance internationale, et d'aliéner ainsi la souveraineté du pays. Un certain nombre d'organes de presse kinois se sont engouffrés dans la brèche, tenant pour acquis le report de Marie-France Cros. Et c'est parti pour de nouvelles gesticulations qui ridiculisent.
En réalité, la consœur belge n'a jamais interviewé Mary Robinson, qu'elle n'a manifestement pas rencontrée. La journaliste de La Libre Belgique a exploité une dépêche de l'agence Belga qui, elle, rapportait des propos attribués à Mme Robinson. Ils sont rien moins que dénaturés. Ainsi qu'en témoignent ceux de Didier Reynders, le ministre belge des Affaires Etrangères, qui venait de s'entretenir avec l'envoyée des Nations-Unies dans les Grands Lacs. Le patron de la diplomatie belge soutenant en substance avoir observé à Kinshasa une « véritable volonté pour davantage de réformes » – un des engagements pris par M. Kabila à Addis-Abeba notamment en matière de restauration de l'autorité de l'Etat à l'est du pays et de réforme de l'armée et de la police ».
En réalité, Mary Robinson, répondant à une question d'un journaliste sur les concertations convoquées en RD Congo, a déclaré souhaiter qu'elles soient le plus inclusives possibles. Rien de plus. L'acception selon laquelle la diplomate aurait jugé ces assises peu inclusives est une induction de la journaliste belge, impossible à prouver. Comme il est loisible de s'en rendre compte dans le communiqué final qui sanctionné, le week-end dernier, la rencontre entre les deux personnalités. En voici la teneur :
« Didier Reynders reçoit Mary Robinson, Envoyée Spéciale pour les Grands Lacs
BRUXELLES, Royaume de Belgique, 11 juillet 2013/AfricanPressOrganization (APO)/ – Le Vice Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders a reçu l'Envoyée Spéciale du Secrétaire General des Nations Unies pour la Région des Grands Lacs, Mary Robinson ce 11 juillet.
Ensemble ils ont évoqué les progrès déjà accomplis depuis la signature en février a Addis-Abeba de "l'Accord cadre pour la Paix la Sécurité et la Coopération en RDC et dans la Région". En effet, les pays signataires de cet accord ont entamé la définition d'une série d'indicateurs de mise en œuvre de leurs engagements qui devraient être approuvés en septembre à New York. De son côté, le gouvernement congolais a mis en place un mécanisme national de suivi, une nouvelle commission électorale et le lancement de consultations nationales.
Mary Robinson revenait le matin même d'une réunion à Bujumbura avec des associations de femmes de la région. Les femmes sont souvent les premières victimes des actes de violences et ont un rôle important à jouer dans la recherche de la paix.
Didier Reynders et Mary Robinson se sont inquiétés de cette violence qui persiste encore aujourd'hui dans les Kivus et dont les populations locales sont les premières victimes.
Dans ce contexte, ils espèrent que le déploiement bientôt finalisé de la brigade renforcée de la force de paix des Nations Unies (MONUSCO), accompagné d'un processus cohérent de démobilisation, permettra de mettre fin rapidement à cette instabilité. Ce processus, dont un volet concerne aussi le retour vers leur pays d'éléments étrangers, s'adresse à ceux qui acceptent de déposer les armes et de renoncer définitivement à la lutte armée, et qui ne sont pas visés par des sanctions ou recherchés par la justice internationale.
C'est seulement en combinant la pression militaire et les incitants qu'on pourra venir à bout de cette instabilité. Tous deux ont rappelé qu'il convient de continuer à mobiliser le soutien international pour cette nouvelle approche qui cherche non seulement à s'adresser à la crise immédiate causée par la rébellion, mais aussi aux causes profondes de l'instabilité dans la région, à travers une approche globale qui est coordonnée par le « Cadre d'Espoir » défini par Mme Robinson.
Didier Reynders a rappelé son plein soutien à l'action de Mme Robinson. La Belgique est l'un des partenaires internationaux appelés à soutenir la mise en œuvre de l'accord. Le Ministre aura également l'occasion de s'en entretenir avec ses collègues des Affaires étrangères de l'Union européenne lors du Conseil de ce 22 juillet. Il a également l'intention de se rendre en RDC au mois d'août.
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