Concertations nationales
Pr. Sadiki Bombuka Onésime, Député national élu au Sud-Kivu : « Deux ou trois semaines de débats francs sur les questions brulantes sont largement suffisantes »
Le Professeur Sadiki Bombuka Onésime, député national, élu de la circonscription électorale de Mwenga dans la province du Sud-Kivu, a dans une interview nous accordée, parlé des questions d'actualité de l'heure, à savoir la fin de la session parlementaire de mars 2013 et des concertations nationales qui vont débuter prochainement. Il a aussi évoqué de sa profession d'enseignant. Enfin, il a abordé la situation de sa fief électorale dont les problèmes de la voirie, de la sécurité et autres. Plutôt, lire l'intégralité dans les lignes qui suivent.
La Référence Plus : Pr. Sadiki Byombuka, vous êtes député national, élu du territoire de Mwenga dans la province du Sud-Kivu, professeur associé à l'Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR) de Bukavu et à l'Université Evangélique en Afrique, comment appréciez-vous la session de mars à juin 2013 de l'Assemblée nationale qui vient de se clôturer ?
Professeur Sadiki Bombuka Onésime : La session que nous venons de clôturer il y a trois semaines a été l'une des plus productives depuis le début de cette législature. Sur le plan législatif nous avons voté une quinzaine de lois importantes, dont la remarquable loi sur la Conservation de la Nature qui m'intéresse particulièrement en tant que président de la sous-commission Environnement au sein de la commission Environnement, Ressources Naturelles et Tourisme de l'Assemblée nationale. Pour un pays comme la République démocratique du Congo dont la place stratégique dans le monde sera déterminée par son importante contribution à la préservation de la biodiversité, au rétablissement des équilibres climatiques et à l'exploitation rationnelle et durable de ses ressources naturelles, il était très opportun que le pays soit dotée d'une loi à jour et adaptée pour la conservation de la nature. C'est chose faite.
Sur le plan du contrôle parlementaire, les députés nationaux ont été particulièrement actifs avec un grand nombre de questions orales débattues, de questions d'actualités, trois interpellations des membres du gouvernement et d'un gestionnaire d'établissement public ainsi qu'une motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Bien sûr que l'on s'est acheminé vers un excès d'initiative de contrôle au cours de cette cession. La gestion de ces initiatives a été à la base de divergences importantes, notamment entre le Bureau de l'Assemblée nationale et les députés de l'opposition, mais aussi entre les députés de la majorité même si cela n'a pas été porté ouvertement à la place publique.
LRP : Professeur, avez-vous eu le temps de dispenser vos enseignements au cours de cette année académique, malgré votre rôle de député national ?
PSB : On peut croire qu'il est difficile d'allier le travail parlementaire avec l'engagement académique d'un professeur. Cela n'est pas le cas si l'on reste déterminé à bien jouer les deux rôles. C'est une question de gestion de temps. Après chaque session, il y a des vacances parlementaires que le député gère à sa manière. Ainsi, je consacre la moitié de mes vacances à donner mes cours et encadrer les étudiants, et l'autre moitié à un séjour auprès de mes électeurs. Cette année, j'ai assumé à 100% ma charge horaire et il en sera ainsi au cours des années qui vont suivre, Dieu voulant.
LRP : Que dites-vous au sujet des principaux points d'actualité qui marquent l'atmosphère politique dans le pas pour le moment, notamment, les concertations nationales ?
PSB : Les concertations nationales sont une très bonne initiative du Président de la République. Lorsque la nation est en proie à des risques sérieux de balkanisation, il est important de consolider la cohésion à l'interne. Je suis content que le Président ait fait évoluer les choses vers la tenue de ces assises en signant l'ordonnance qui en fixe l'organisation car l'opinion se demandait déjà si les concertations annoncées en décembre 2012 allaient avoir lieu ou pas.
Je pense personnellement qu'il faut que les compatriotes, malgré les appartenances politiques diverses, comprennent que nous devons savoir trouver des solutions à l'interne ensemble, respecter nos propres institutions et ne pas toujours attendre que ce soit l'ONU ou les envoyés extérieurs qui viennent être à l'avant-plan.
Par ailleurs, il nous faut éviter la maladie des débats politiciens interminables et improductifs qui visent l'accès aux postes de pouvoir et de gestion car le temps compte dans le développement d'un pays. Deux ou trois semaines de débats francs sur les questions brûlantes de notre pays et d'élaboration des solutions avec mise en place d'un mécanisme d'exécution et de suivi sincère sont largement suffisantes. Malheureusement, en voyant les positions de l'Opposition, il me semble que les choses vont tirer en longueur, des négociations avant les concertations, et finalement du temps qu'on perdra au détriment de l'urgence de consolider la nation face aux multiples dangers externes et internes. C'est regrettable de parler au nom du peuple tout en agissant d'une manière qui retarde l'évolution rapide vers la paix et le développement dont le peuple a grandement besoin.
LRP : Vous êtes déjà en vacances parlementaires, quel est votre agenda de ces vacances et quelles sont les principales préoccupations de la population du territoire de Mwenga et de la province du Sud-Kivu sur lesquelles vous comptez focaliser votre attention pendant ces vacances ?
PSB : Les grandes préoccupations de la population en territoire de Mwenga et au Sud-Kivu en général, et sur lesquelles je vais me concentrer, sont les questions de sécurité et de paix, les questions de route, notamment la nationale numéro 2 qui continue à être difficilement praticable entre Mwenga et Kamituga, et les questions sociales d'enseignement et de santé.
Les enseignants des milieux éloignés de Mwenga, Itombwe, Lwindi, Lulenge et ailleurs ont d'énormes difficultés à accéder à leurs salaires faute d'institutions bancaires et ils souffrent à parcourir des centaines de kilomètres pour enfin ne rien recevoir. Il faut absolument que le gouvernement trouve rapidement une solution, même en revenant d'abord, pour de tels milieux, au système traditionnel de paiement à travers les gestionnaires des écoles pour ne pas continuer à perturber les écoles de nos milieux enclavés.
L'accélération de l'intégration dans l'armée nationale des éléments de différents groupes armés Mai-Mai, qui se comptent en milliers d'hommes, et qui sont déjà regroupés dans des coins accessibles en territoire de Mwenga et de Fizi, notamment, devrait aussi recevoir une priorité du gouvernement. Nous allons œuvrer pour le plaidoyer dans ce sens. Ces compatriotes qui ont choisi d'abandonner le maquis et se joindre aux forces nationales devraient être rapidement encouragées et intégrées pour les uns, et démobilisés pour les autres, au lieu de les laisser presque abandonnés, avec le risque de retour avers la brousse et d'accroissement de l'insécurité. Il nous faut tous contribuer à avancer vers la paix et la cohésion et non reculer chaque fois vers la violence et les divisions.
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