Election de gouverneur et vice-gouverneur à l'Equateur
Masegabio Nzanzu plaide pour un saut qualificatif des élections
C'est depuis le 07 juin 2013 que la population de l'Equateur à un nouveau gouverneur à la tête de la province, Louis Alphonse Kayagialo. Philippe Masegabio, l'un des candidats malheureux en lisse à l'élection de gouverneur et vice-gouverneur explique ici le déroulement proprement dit de ce scrutin et les raisons de sa participation.
1. Vous êtes arrivé à Mbandaka, le 05 juin l'avant-veille de scrutin. Pourquoi vous êtes parti parce que c'était déjà trop tard pour battre campagne?
M.N: j'avais, envie d'arriver quand même de faire acte de présence. Sinon, mon absence totale à Mbandaka pouvait être interprétée comme une démission, un défaitisme.je n'ai pas voulu donner cette image. Mais je suis arrivé aussi à Mbandaka parce que j'espérais que le miracle était possible. On me dira que je suis naïf. Non, j'ai témoigné que dans ma vie, j'ai été l'objet de beaucoup de miracle, c'est-à-dire des choses qui arrivent de manière surnaturelle au moment où tous les calculs humains s'arrêtent.
J'ai donc cru aussi au miracle. Et comme vous savez notre erreur, nous les hommes, c'est de croire que Dieu est à notre service et qu'il peut faire pour nous des miracles comme nous le souhaitons.
Une autre raison de mon retard, est dû au fait que sachant très bien l'élection du gouverneur comme celle des sénateurs est une question de gros sous, il fallait réunir une bonne somme d'argent. Ces moyens sont arrivés trop tard quand toutes les carottes étaient cuites.
2. Quelles étaient vos chances d'être élu gouverneur quand tout le monde sait que la fréquentation quotidienne avec les députés provinciaux était nécessaire et que cette élection se jouait sur le registre financier ?
M.N : La province de l'Equateur, tout le monde le sentait, a besoin des hommes ou d'un homme capable(s)de surpasser, de se donner en sacrifice, de surmonter les difficultés qui retardent son développement. Comme les autres candidats, je l'espère, j'avais la certitude que je comptais parmi ces hommes. J'ose le dire, providentiels ayant la capacité de se surpasser. Vous savez, se surpasser est une notion à la fois politique et charismatique dans le sens spirituel. Ma conviction, s'est que sur le plan politique, mon petit cursus était un paramètre focal pour cette mission mais en même temps, ma petite conviction spirituelle m'a fait croire que je pouvais faire preuve de ce charisme.
C'est un 1er élément que je considère comme étant une des chances de réussite. La deuxième raison, ce sont les calculs, les analyses qui ont été faits avant cette élection.
Ceux-ci donnaient en principe vainqueur un candidat du Nord de l'Equateur, Jean Claude Baende étant du Sud de la tribu Mongo, il n'était pas facile qu'un Mongo succède à un autre Mongo pour diriger l'Equateur. Cet élément géopolitique est toujours quelque chose effarouche les consciences.
Dans l'hémisphère Nord, les analyses et les calculs excluaient quelqu'un du Sud Ubangui dans la mesure où José Makila était originaire de ce district et qu'un bon candidat comme Jean Lucien Busa était malheureusement issu de ce district. Et surtout que l'actuel président de l'assemblée provinciale est également du Sud-Ubangui.
Il restait le Nord-Ubangui et la Mongala. Le candidat Koyagialo du Nord-Ubangui, un frère, un ami n'était pas donné vainqueur pour la simple et bonne raison que c'était quelqu'un qui avait consolidé la position de Jean Claude Baende. Etant en plus de la mouvance présidentielle, cela paraissait un handicap. Il reste la Mongala dont je suis originaire.
La Mongala compte 24 députés comme le Sud-Ubangui et l'Equateur tandis que la Tshuapa 18 députés et le Nord-Ubangui 18. La position de la Mongala était la plus favorite. Du point de vue tribal, sur les 104 députes, 34 étaient de ma tribu, Ngombe. Je ne dis pas que c'est un élément déterminant. Mais qui ne sait pas que dans l'élection, il y a des affinités de ce genre qui jouent.
Si la Mongala s'était rassemblée autour d'un seul candidat, ce dernier avait beaucoup de chance plus que tout autre. Voilà des éléments assez objectifs de calculs, malheureusement tout ça n'a pas joué.
Bien entendu, d'autres paramètres ont joué. Il est permis de dire aujourd'hui que beaucoup de voix de la Mongala se sont tout naturellement remportés sur Jean Luien Busa au premier tour. On rejetait le candidat de la mouvance présidentielle et on a reporté les voix ailleurs. Malheureusement au second tour, le paramètre argent a joué. Je ne dis pas Louis Koyagialo ne méritait pas d'être élu. Je le connais personnellement depuis le collège, son expérience, mais du point de vue capacité à redresser l'Equateur en relevant certains défis, il n'était pas le meilleur. Louis Koyagialo ne décide pas. L'Equateur a besoin d'un homme de poigne.
3. Echouez à cette élection, c'est un regret, un échec ou un encouragement ?
MN : Pour être franc, ni l'un ni l'autre ou c'est l'un et l'autre. Je reconnais que c'est un échec quelque part. Je me suis présenté pour être élu. Mais je trouve que quand on est inscrit à une épreuve et qu'on y participe pas, cela n'est pas tout à fait un échec, parce qu'on n'a pas montré de quoi on est capable. Du côté regret, je ne regrette pas. Je suis certes un candidat malheureux comme l'expression le veut. Aujourd'hui, je me considère comme un heureux perdant. Il suffit e faire mention des sommes faramineuses que certains candidats ont dépensées à cette élection, 200.000 dollars, 300.000 dollars pour n'avoir qu'une seule voix ou zéro voix. Moi, je suis arrivé la veille, je n'ai même pas dépensé 5.000 dollars parce que premièrement, je n'ai pas pu rencontrer les députés provinciaux.
N'ayant pas battu campagne, je n'ai pas de regret pour avoir à rembourser quelque part. Je n'en tire pratiquement sans égratignures.
4. Comment jugez-vous ce scrutin ?
MN : Un scrutin malheureux, pour être sincère. L'élection doit cesser d'être une affaire des gros sous. L'argent circule même aux Etats Unis et ailleurs. La différence ce que chez nous, on a à faire à des gens qui ne croient pas à une certaine vision. Par exemple, ils peuvent vous trouvez très valable mieux que X. Ils veulent bien voter pour y. Mais ils préfèrent la motivation. En réalité, c'est un euphémisme qui cache la réalité. On motive quelqu'un quand il a fait son travail. C'est donc, en sus de sa rémunération qu'on lui donne une motivation. Lorsqu'on exige à quelqu'un de changer son travail contre une rémunération, un pourboire, cela s'appelle de la corruption. Il ne faut pas jouer avec les mots. Cette corruption est un achat de conscience. Ce sont des choses que tout le monde regrette et le souhait est que cela cesse parce qu' avec ce genre d'expérience, nous sommes loin des pratiques démocratiques.
6. A qui la faute à la Ceni ou aux députés provinciaux ?
MN : La faute est partagée. D'une part, nous les électeurs, nous sommes fautifs lors que nous ne choisissons pas des bons députés pour les envoyer soit à l'Assemblée nationale soit à l'assemblée provinciale. On doit faire attention pour n'élire que des gens suffisamment mûrs ayant une certaine expérience et un sens élevé de choses de l'Etat. D'autre part, les députés eux-mêmes sont aussi responsables parce que personne ne les oblige à accepter les avances faites par les candidats. C'est une affaire d'éducation, d'éthique, de morale à partir de la base, de l'enfance.
Un penseur français a dit : « la conscience adulte est généralement les résultats de l'inconscient enfantin ». Si vous êtes quelqu'un de corrompu, sachez bien que cela peut venir de très loin. Donc, l'éducation doit être un creuseur où l'on forme des nouvelles consciences, une nouvelle identité nationale des gens qui poursuivent l'idéal, l'excellence. Je souhaite que cela soit un programme national à long terme pour que ce genre de situation se termine.
L'Assemblée nationale a également sa part de responsabilité. On devrait arriver à voter une loi avec les dispositions telles que l'élection des gouverneurs soit des sénateurs n'obéisse pas à un automatisme qui supprimerait l'indépendance du bon vouloir des députés.
7. Quelles sont les recommandations formulées au nouveau gouverneur ?
MN : je recommande principalement deux choses. La première, c'est de ne pas se considérer comme étant comptable de sa famille politique mais de la population de l'Equateur. C'est le piège le plus important qui le guette. La deuxième, c'est de ne pas ignorer que la province de l'Equateur est une grande mosaïque culturelle. Être un rassembleur, de travailler avec les ressortissants des 5 districts, des ethnies de la province. Je lui souhaite beau vent.
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