Edito
Le mauvais exemple
Quand nous montons, où ne descendons-nous pas? S’interrogeait le philosophe. Une interrogation que nous sommes en droit de renvoyer à cette catégorie de nos compatriotes constamment en quête d’une certaine « honorabilité porteuse » que confère désormais la fonction parlementaire. Plus ils montent, mieux ils descendent. Ce n’est donc pas la parenthèse de la plénière du 15 juin 2013 à l’Assemblée nationale qui aura changé grand chose, bien que cela soit timidement perçu comme un début de prise de conscience. Des députés ont été invalidés. Sous césarienne pour emprunter le langage des toubibs. Car, tout au long du processus qui a conduit à cette déchéance, la liturgie a paru avoir été co- pilotée par de jeunes prêtres fraichement ordonnés. D’où l’impression de la précipitation tardive, de l’inachevé et de la sélectivité intéressée.
Législateurs, nos députés sont sensés être les premiers garants de l’observance des lois. La virulence des critiques généralement entendues de l’hémicycle du Palais du Peuple contre le système judiciaire aurait dû conforter cette appréhension. La flopée des motions diverses contre la gouvernance de certains membres du gouvernement aurait dû rassurer. La permanence du plaidoyer ainsi que la commisération sur la misère du peuple, enseignants et fonctionnaires en prime, se seraient bien justifiées. Mais à la lumière de ce qui a été entendu ce samedi 15 lors de la plénière précitée, on n’est pas du tout loin de la parabole de la paille et de la poutre quant aux accusations.
Des députés qui trouvent des « justifications »
pour dédouaner leurs collègues dont l’absentéisme aux sessions s’étendent parfois jusqu’à l’ensemble de la législature! Il faut le faire. Des députés qui ont des arguments pour soutenir des émoluments indûment versés aux élus qui n’ont jamais mis le pied au Palais du peuple pour le travail! Vive le parlementarisme à la congolaise. Des députés qui monnayent des motions et qui harcèlent. Qui n’arrêtent pas de fustiger l’accroissement du chômage. Mais qui se complaisent dans des cumuls de fonctions dans des entreprises encore juteuses. Où le salaire mensuel de chacun de ceux qui ont la chance de piloter des conseils d’administration équivaut aux salaires de plus de 800 fonctionnaires! C’est cela la triste réalité que l’ »honorabilité » offre aux naïfs électeurs et aux dindons de la farce que nous sommes. Dans cette mauvaisure, il n’y a ni majorité, ni opposition. Ils sont tous logés à la même enseigne.
Les défenseurs de mauvaises causes devront intérioriser cette assertion de l’Espagnol JUAN DE MARIANA qui disait: » La condition de l’homme est telle qu’il accorde toujours plus de crédit aux rares personnes qui approuvent ses actions qu’à sa conscience et à la multitude qui les condamne ». Un bon repentir est le meilleur médicament contre les maladies de l’âme. Soignez, s’il vous plait, le crédit universel de cette institution, Mesdames et Messieurs les honorables. Car, plus vous montez dans la tragi-comédie du verbe haut et fort, mieux vous vous faites décotés dans l’opinion.
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