Crée le 19-08-2013 10H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 18-08-2013 - 10H10 PAR : LE POTENTIEL
Réhabilitation des turbines à Inga au point mort
« Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes ». Ce principe de droit s'applique à la Société nationale d'électricité (SNEL) et à la Banque mondiale dans l'exécution du projet PMEDE qui bat de l'aile depuis 2008. En cause, la firme Fitchner sur qui les deux institutions précitées accordent une confiance aveugle et suspecte. Présentement, les travaux de réhabilitation des groupes – 11-14 – 15– 21 – 22 & 27 des centrales Inga I et II sont quasiment à l'arrêt. La responsabilité des glissements dans le cadre du PMEDE incombe solidairement à la SNEL et à la Banque mondiale.
Les glissements dans les travaux, financés par la Banque mondiale sur le site d'Inga, ne semblent émouvoir personne. Et pourtant, depuis le 2 avril 2008, l'institution financière internationale, à travers un courrier adressé le même jour au ministre congolais des Finances, avait annoncé l'entrée en vigueur effective des accords signés dans le cadre du Projet de développement du marché d'électricité domestique et à l'exportation (PMEDE) le 4 octobre 2007.
Un don de 297 millions USD dans le cadre du financement IDA concerne des sous-composantes de ce projet, à savoir la réhabilitation de 10 machines d'Inga, de manière à porter progressivement la production actuelle de 700 à 1300 MW d'ici 2012 ; la réhabilitation d'une partie du réseau de distribution de Kinshasa; le renforcement des capacités de la SNEL et du ministère de l'Energie et la bonne gouvernance ; les besoins urgents de la SNEL et la finition de quelques projets du PMURR. De toutes ces sous-composantes, la réhabilitation des dix turbines en constitue un socle sur lequel les autres allaient prendre forme. Cinq années plus tard, pas d'avancements notables sur ce mégaprojet qui a suscité tant d'espoir auprès des Congolais.
Alors que la capacité d'Inga devait passer de 700 à 1300 MW d'ici à l'an 2012, la SNEL et la Banque mondiale sont présentement dans l'incapacité de justifier ce dépassement. Elles ne savent même pas produire un état d'avancement susceptible de tenir dans un temps court. Comme pour dire que le retard ira crescendo.
LES TRAVAUX AU POINT MORT
Les travaux sur les groupes 11-14 – 15 – 21 – 22 & 27 visés par ce projet sont au point mort . Les parties impliquées ne semblent nullement émues par le respect de la programmation initialement prévue.
Un ingénieur sur le site ne cache pas sa révolte face à cette situation : « Ces chantiers ont déjà pris du retard, par la faute principalement de Fichtner qui, une fois encore, n'a pas su préparer correctement ses contrats et est incapable de répondre rapidement et correctement aux questions techniques posées ».
Fitchner ne serait pas le seul responsable de ce glissement. L'opérateur public, la SNEL, porte également une part importante de responsabilité, à en croire des sources sur place, sous le couvert de l'anonymat : « La SNEL affiche une lenteur inexplicable à livrer les diagnostics de présence d'amiante et de peinture au plomb sur l'ensemble de deux centrales ».
Pendant toute la période, un seul groupe a été remis sur le réseau : le G12. Auparavant, c'était le G23 qui a permis de renforcer le parc en fonctionnement. Toutefois, on reste loin du compte et personne ne peut se réjouir en alléguant qu'actuellement la production serait située à 600 MW. Normalement, on devrait afficher un bilan de 1.300 MW à échéance 2013. Est-ce que la SNEL, la Banque mondiale et l'ingénieur-conseil Fitchner peuvent promettre, la main sur le cœur, à la nation d'atteindre cet objectif avant la fin de l'année?
SUSPECTE ALLIANCE SNEL-BM-FITCHNER
Depuis le lancement du projet, la SNEL, la Banque mondiale et Fitchner n'ont pas encore produit des résultats satisfaisants dans le timing. Chaque fois, il est constaté des rallonges dans le délai de livraison. Des sources indiquent que Fitchner souffrirait d'insuffisances techniques notoires. Et elles invitent les sceptiques à se rendre sur le site pour faire le constat. Présent sur le site depuis plus de 2 ans, Fichtner a sous-traité les expertises des groupes d'Inga I et II à une société suisse le Groupe E. Ce qui pourrait se traduire par un aveu d'absence d'expertise en matière de problèmes des turbines hydrauliques.
C'est d'ailleurs sur cette base erronée que les appels d'offres ont été préparés. Le manque de maîtrise des problèmes d'amiante sur l'ensemble des groupes d'Inga I et II fait que des surcoûts sont exigés par l'ensemble des entrepreneurs avant même d'avoir commencé les travaux.
D'ailleurs, pendant une période, un ingénieur commis à la tâche par cette firme a fait du tourisme sur le site d'Inga, aux frais de la SNEL, donc sur le dos du contribuable congolais. Cela sous l'œil complaisant de la Banque mondiale, pourtant réputée regardante en matière de procédures et de suivi des chantiers et marchés. La proximité des bureaux de la BM et de cette firme à New-York aurait-elle un impact dans les rapports et l'attribution des marchés ? Les observateurs n'excluent pas d'éventuelles accointances et compromissions.
Pire, depuis le début effectif du projet PEMED, bientôt 3 ans, aucun rapport écrit n'a été communiqué aux entrepreneurs pour apporter une éventuelle correction aux travaux effectués ou approuver ce qui a été réalisé. Les entrepreneurs travaillent à vue, sur le site d'Inga. L'ingénieur-conseil intervient seulement après la mise en service des groupes pour exiger des tests déjà effectués très souvent en présence de la SNEL et en l'absence de Fitchner.
A la SNEL d'ailleurs, des signes de nervosité contre Fitchner existent. Il appartient aux responsables de la SNEL de privilégier l'intérêt supérieur des usagers. Selon des informations fiables recueillies lors des investigations sérieusement menées sur la question, « Fichtner n'a aucun ingénieur d'expérience capable de suivre correctement les travaux de réhabilitation d'un site hydraulique aussi important qu'Inga ».
Les superviseurs engagés et déployés sur le site seraient soit des jeunes ingénieurs congolais « valeureux », mais sans expérience. Quant aux ingénieurs expatriés, le doute est permis sur leur qualification réelle, à en croire des techniciens congolais et étrangers sur le site.
Ces insuffisances de connaissances techniques font que les appels d'offres sont souvent bâclés. Ils souffrent d'imprécisions et d'inadaptation à des travaux à effectuer. De même qu'il se constate des cas flagrants d'omissions. La conséquence est connue de tous : des surcoûts de facturation réglée souvent par voie d'avenants. A la décharge de Fitchner, la partie administrative est tenue de mains de maître, sans reproche ! Par contre, sur le plan technique, à savoir les volets électrique, mécanique et automatisme, Fichtner aligne des insuffisances.
AU BANC DES ACCUSES
Ces contreperformances donnent lieu à des responsabilités, notamment sur la faiblesse avérée de la SNEL et de la Banque mondiale au profit de Fitchner voire Franco Tosi Meccanica, elle aussi, empêtrée dans l'exécution avec retard des travaux dans le chantier. Sur les six des dix turbines concernées par le projet PMEDE, le trio SNEL-BM-Fitchner porte la grande responsabilité du plomb planté sous les ailes du « chantier Electricité ».
A travers des subtilités, ces trois structures se foutent éperdument des usagers congolais qui attendent depuis plus de cinq années de sortir de l'ornière.
La SNEL, qui sombre dans l'opacité, en complicité avec la BM, s'écarte de sa mission, en faisant alliance avec des firmes peu performantes dans l'exécution des travaux de réhabilitation. Le gouvernement, en ce qui le concerne, doit veiller sur l'application des feuilles de route spécifiques. L'électricité n'est-elle pas une source de croissance et de développement ?
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