Défense de thèse de Faustin Mudinga Mukendi en Sciences historiques à l'Unikin
« L'industrie des boissons au Congo-Kinshasa » passée aux peignes fins
« Industrie des boissons au Congo-Kinshasa (1923-1990). Etude du processus de croissance, d'import-substitution et d'intégration économique », tel est le sujet de la thèse de doctorat défendu par Faustin Mudinga Mukendi, en Sciences historiques à l'Université de Kinshasa. Le département des sciences historiques de la faculté de lettres et sciences humaines s'est donc rehaussé, le samedi 18 mai 2013, en se dotant d'un nouveau docteur jusqu'ici détenteur d'un diplôme DES en histoire.
Devant un jury composé des professeurs Obotela Rachidi Noël (président), Kabeya Tshikuku Léonard (Secrétaire), Ngandu Mutombo Marcel (de l'UNILU, membre), Tshund'Olela Epanya Géorges (promoteur), Muamba Mputu baudouin (de l'UPN, membre) et Bakwalufu Badibanga (membre suppléant), ce désormais docteur de l'Université Pédagogique Nationale (UPN) a cristallisé cette étude fondamentale en trois grandes parties. D'une part, sa recherche a permis de déterminer l'effectivité, l'uniformité, les facteurs et le niveau du processus de croissance, d'import-substitution et d'intégration économique. D'autre part, elle a examiné les rapports que ces trois processus ont entretenus entre eux et, enfin, éclairé à travers l'industrie de boissons, l'incidence, le niveau et la nature des effets d'entrainement de cette industrie.
Dégrainant les principaux résultats et les conclusions majeures accouchés par ses investigations, le récipiendaire Faustin Mudinga Mukendi a mis en exergue les éléments suivants :
En premier lieu, outre la clarification conceptuelle, ce travail a naturellement consacré plusieurs pages au cadrage historique et empirique. Ainsi donc, le docteur Mudinga a démontré que bien avant 1923, il a existé au Congo un certain nombre de fabriques d'eaux gazeuses et de limonades vraisemblablement plus proche de l'artisanat que des vraies industries. Ces unités étaient tournées vers l'autoconsommation. Il a fallu attendre 1923 pour assister à la naissance officielle de deux premières brasseries du Congo, notamment à Léopoldville et à Elisabethville, deux principaux centres industriels et économiques du Congo belge. De 1923 à 1990 terminus ad quem de son étude, il a brossé l'évolution de l'industrie de boissons du Congo en six périodes marquantes et nettement caractéristiques dont il a subdivisé certaines en sous-périodes de durée assez négligeable.
En second lieu, son étude confirme que les trois processus à savoir croissance, import-substitution et intégration économique, ont effectivement fonctionné.
D'abord, l'industrie de boisson a connu une croissance réelle mais pas uniforme. Elle a connu des moments d'accélération et d'amplification à certaines périodes et aussi des moments de stagnation et même de recul à certains autres. Ensuite, la politique d'import-substitution a connu un niveau d'application appréciable dans la mesure où la part de boissons locales dans la consommation finale a toujours été prépondérante par rapport aux boissons importées notamment les vins et les liqueurs. En fin, concernant l'intégration économique, ses recherches ont prouvé que les industries de boissons du Congo se sont effectivement intégrées aussi bien sur le plan interne (local, régional, national) qu'externe (interrégional et international). Toutefois, le niveau de cette intégration a connu des moments d'accélération et de renforcement aussi bien que de ralentissement et même de recul au regard de la conjoncture économique générale. De plus, cette étude a démontré que l'intégration économique internationale de l'industrie de boissons du Congo a été, dans l'ensemble, plus poussée que son intégration locale, régionale, nationale…
Le docteur Mudinga a précisé par ailleurs que ces trois processus ont toujours été en interaction. Mais dans tous les cas, le processus d'import-substitution a joué un rôle-clé en étant à l'origine aussi bien de la création que de la croissance de l'industrie de boissons du Congo et, en contribuant à la satisfaction des besoins internes et externes.
Cependant, la croissance a agi sur l'intégration économique autant que sur le processus d'import-substitution dont elle influençait tout au moins le besoin. Dans cette optique, l'intégration économique de l'industrie de boissons du Congo a eu des incidences sur le processus de croissance et d'import-substitution, en impliquant l'existence des approvisionnements locaux sur les marchés et les fournitures diverses des biens et services sur ces mêmes marchés.
En définitive, cette thèse affirme que l'industrie de boissons du Congo a eu de nombreux effets d'entrainement aussi bien en amont qu'en aval. Ces effets ont outrepassé le domaine économique pour embraser les autres domaines de la vie congolaise notamment le salariat, les habitudes alimentaires, la politique, la santé publique, les mœurs, les loisirs etc. Si ce niveau d'entrainement est resté faible, soutient-elle, c'est à cause des objectifs, des mécanismes et des modalités du processus d'import-substitution mis en œuvre. La thèse a donc pu établir que l'industrie de boissons du Congo étant embarquée depuis son implantation dans un objectif colonial d'exploitation, son niveau d'entrainement n'a pas eu un impact développementaliste, ni sur l'économie du pays en général, ni sur sa zone géographique d'implantation en particulier.
Au finish, en faisant des propositions dans le but de relever le niveau d'intégration interne de l'industrie de boissons du Congo, cette étude ouvre le débat en confirmant qu'il existe de possibilité de changer les choses.
Pour rappel, le docteur Mudinga avait déjà publié, en co-auteur avec le prof. Kambayi Bwatshia, en 1991, un impressionnant ouvrage intitulé « Le « citancisme » au cœur de la société luba du Kasaï. Sens et non sens d'une mentalité ». A ce jour, il nous emble que le Kasaï est entrain de vivre les conclusions tirées dans cet ouvrage qui avait reçu le 1er prix
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