Crée le 29-01-2013 22H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 29-01-2013 - 22H50 PAR :LE PHARE
C'était la grande déception hier lundi 28 janvier 2013 au sein de la délégation congolaise, conduite par le Président de la République en personne, Joseph Kabila, pour prendre part à la 20me session de l'Union Africaine, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Contrairement aux attentes, les Chefs d'Etat et de gouvernement membres de la CIRGL (Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs), qui avaient pris l'engagement de signer, en marge de ce Sommet, l'Accord-cadre sur la paix en République Démocratique du Congo, ont décidé d'ajourner la signature de ce document.
A en croire plusieurs sources, le décor d'un grand événement était planté avec l'invitation expressément lancée aux journalistes d'être là où 9h30' pour la conférence de presse du Secrétaire Général de l'ONU, suivie de la signature du document ad hoc par San Ki-moon ainsi que des représentants de la RDC, du Rwanda, de l'Ouganda, du Burundi, de la Tanzanie, de l'Afrique du Sud, etc. Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires Etrangères, a rassuré tout le monde en soulignant que son pays n'avait pas d'objection.
L'on a fini par apprendre que le blocage venait de la SADC, notamment de l'Afrique du Sud et de la Tanzanie, qui ont sollicité un temps de réflexion pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de cet accord.
Mme Nosiviwe Mapisa Ngakula, ministre sud-africaine de la Défense, a clairement affirmé que son pays tenait à s'assurer que cet accord n'était pas en contradiction avec le projet de l'ONU de déployer une Brigade d'intervention à l'Est de la RDC.
A en croire certaines sources, la Tanzanie et l'Afrique du Sud, qui ont déjà accepté d'apporter des troupes à la Force Internationale Neutre, craindraient de ne pas se retrouver dans le commandement de cette unité appelée à assumer la charge d'imposition de la paix.
Le jeu malsain de Museveni
Mais nombre d'observateurs pensent que la cause congolaise divise sérieusement les décideurs africains, en dépit des déclarations d'intention qui semblent aller dans le sens d'un soutien sans réserve à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à l'indépendance du Congo démocratique. S'agissant de la nouvelle crise congolaise provoquée par la rébellion du M23, les officiels congolais ont eu tort de croire que le président Yoweri Museveni, dont lé pays figure au nombre des sponsors politiques, militaires et financiers de cette «force négative », pouvait réellement se conduire en médiateur neutre.
L'on apprend, aux dernières nouvelles, que le maître de Kampala vient de transmettre au Secrétaire, général des Nations Unies un rapport accablant pour Kinshasa. En effet, faisant le point des négociations entre le gouvernement congolais et le M23, Yoweri Museveni a regroupé en trois catégories les problèmes qui, dans son entendement, sont à la base de la guerre de l'Est de la RDC ainsi que de tous les remous politiques et sociaux que connaît notre pays.
1°) La tolérance, par le gouvernement congolais, des campagnes de haine contre les Banyarwanda
Le président ougandais persiste et signe que la minorité Tutsi présente en République Démocratique du Congo, autrement identifiée comme Banyarwanda, serait continuellement traquée par des Congolais de souche, sous l'oeil complaisant des autorités nationales et provinciales. Face aux menaces récurrentes de son extermination, cette communauté est en droit de se défendre. On retombe là, dans le prétexte de 1996, qui avait conduit à la guerre de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération) contre le régime de Mobutu. C'est le même prétexte identitaire qui a été avancé pour justifier la rébellion du M23 déclenchée en mars-avril 2012. Cette rhétorique sous-entend l'impératif d'aménager, sur le territoire congolais, un espace géographique propre aux Tutsi congolais ou Banyarwanda, sous la forme d'un Etat autonome, afin de leur permettre de vivre en paix entre eux.
2°) L'utilisation du territoire congolais par les forces négatives pour déstabiliser ses voisins
Yoweri Museveni, dans ses conclusions, attire l'attention du Secrétaire général des Nations Unies sur l'utilisation du territoire congolais par une multitude de forces négatives instrumentalisées par le gouvernement congolais lui-même, dans le but de déstabiliser ses «voisins », entendez l'Ouganda et le Rwanda. L'homme fort de Kampala vient de trouver le moyen de réchauffer le fond de commerce commun aux deux voisins de la RDC, pour faire croire à la communauté internationale que notre pays sert de base arrière aux groupes armés qui troublent régulièrement la paix et la sécurité à l'intérieur des frontières de ses voisins. Autrement dit, les autorités congolaises, incapables de contrôler leur propre territoire, placent les populations et les institutions de l'Ouganda et du Rwanda dans une situation d'insécurité.
3° Traitement égalitaire de toutes les parties devant la Justice Internationale et l'ONU
Dans son analyse de la situation
politique, militaire et sécuritaire de la République Démocratique du Congo, Yoweri Museveni estime que s'il y a des dérapages, des violations des droits de l'homme ou des cas de pillage des ressources naturelles congolaises, la justice internationale devrait traiter toutes les parties (gouvernement et M23) sur un même pied d'égalité. Il pense également que si le Conseil de Sécurité des Nations devait en arriver aux sanctions, celles-ci devraient toucher toutes les parties.
Le non-dit d'une telle prise de position est que les sanctions annoncées contre le M23 et certains de ses dirigeants devraient être levées, à moins que l'épée de Damoclès ne tombe aussi sur des dignitaires de Kinshasa. De même, l'indexation des responsables du M23 comme des criminels éligibles devant la Cour Pénale Internationale ne parait pas du goût du président ougandais, qui aimerait voir certaines autorités congolaises, coupables des mêmes méfaits, être aussi interpellées.
La leçon à tirer de ce nouveau coup fourré de Museveni contre notre pays est que ceux qui nous représentent à Kampala, Addis-Abeba et New York ont cru, trop vite, que cette personnalité pouvait lâcher le M23. L'histoire est en train de nous démontrer le contraire. Voilà une raison de plus pour les gouvernants congolais de prendre à coeur la problématique de la réforme de l'armée nationale mais aussi de l'émergence d'un consensus national à partir d'un dialogue national inclusif.
Il est à craindre que le refus du gouvernement congolais d'élargir le débat avec le M23 à Kampala ne fasse davantage de dégâts.
Kimp
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