Crée le 28-05-2012- 11h50 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 28-05-2012 - 11H55- AFRIQUE REDACTION PAR: LES DEPECHES DE BRAZZAVILLE
Depuis quelques jours, la police pourchasse les vendeurs qui envahissent illégalement les grandes artères au mépris des règles d'hygiène. Les commerçants œuvrant dans des marchés pirates installés le long de grandes artères de Kinshasa sont actuellement la cible des policiers qui ne se font pas prier pour démanteler leurs étalages. Sous la houlette de leurs commandants, les agents de l'ordre commis à cette tâche s'y adonnent à cœur joie au grand désenchantement des marchands qui n'ont que leurs yeux pour pleurer.
De sources policières, cette opération vise essentiellement à assainir la capitale en la rendant propre tout en fluidifiant la circulation. Des instructions gouvernementales données à cet effet s'appliquent sur le terrain par l'entremise de l'autorité urbaine via l'inspection provinciale de la Police nationale, apprend-on. Dans plusieurs quartiers de Kinshasa, la désolation est perceptible sur les visages des vendeurs établis le long des avenues. Sur le prolongement de l'avenue Nguma, toutes les terrasses, boutiques, restaurants de fortune et autres étalages jouxtant cette voie ont été détruits le 26 mai, sous les regards impuissants de leurs propriétaires.
Un colonel de la police, à la tête d'une forte équipe, a investit, tôt le matin, cet endroit en saccageant tout ce qui relevait à ses yeux d'un commerce illégal. Tôles démontées, murs rasés, barres de fer emportées et vitres brisées, etc., tout ou presque de ce qui constituait un investissement était, l'instant d'un éclair, parti en fumée. Les débris de ces échoppes étaient mis au feu à défaut d'être soustraits par des inciviques qui épient les moindres faits et gestes des policiers. Ces derniers, d'après certains témoins, ne se gênent pas et subtilisent, sous le coup, d'autres effets importants de leurs victimes. Un peu partout dans la ville, la chasse aux marchés pirates s'est accentuée, ce week-end, à l'image du quartier Matonge débarrassé de ses échoppes de fortune obsturant des rues entières devenues des lieux de négoce par excellence. Dans les carrefours et autres endroits de grande affluence, l'opération s'est transformée en cauchemar pour de petits vendeurs des cartes de téléphone et autres marchandes des cacahouètes ou de bananes traqués sans ménagement.
Extirper le mal à la racine
Tous les commerçants ont été contraints à respecter les limites qui leur sont concédées dans des marchés municipaux déjà saturés et où se pose un réel problème d'espace. « J'ai été autorisé à exercer mon commerce à cet endroit et je paie la taxe due à l'État. Maintenant que tout mon investissement vient d'être détruit, qui est-ce qui me prendra en charge ? », s'est plaint un tenancier d'un bistrot situé sur le prolongement de la route de Matadi, à Binza UPN.
Des jérémiades qui s'insèrent dans un contexte d'abattement collectif avec l'accroissement de la misère dans une ville où avoir un emploi décent procède d'un miracle, fait-on remarquer. Le premier constat découlant de cette opération est que la circulation dans les grandes artères de Kinshasa, jadis envahies par des vendeurs peu soucieux de l'hygiène de leur environnement immédiat, a été rendue fluide. Toutefois, l'efficacité d'une telle opération est mise à rude épreuve dès lors que le mal n'a pas été extirpé à la racine. « La précarité de vie des citoyens exacerbée par un taux exponentiel de chômage n'ayant pas été résolue, les marchés pirates ainsi détruits vont inévitablement ressurgir demain, d'une manière ou d'une autre », s'est enquis un observateur.
À tout prendre, cette opération qui n'est pas la première du genre devrait découler d'un véritable changement des mentalités afin que, chacun à son niveau, s'en réapproprie au nom de l'assainissement dans une ville en proie aux immondices, sachets et détritus divers. Les bourgmestres, les chefs de quartier ainsi que les chefs de rue sont appelés à s'y impliquer fermement pour que l'ambition de rendre Kinshasa propre et belle ne soit pas qu'une simple vue d'esprit.
Alain Diasso
Photo : Place Victoire à Kinshasa
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