Crée le 08-10-2013 07H20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 08-10-2013 - 07H30 PAR : E POTENTIEL
Le passage dans la région des Grands Lacs d'une délégation des membres du Conseil de sécurité des Nations unies a laissé un goût amer dans l'opinion congolaise. Contrairement aux attentes, les visiteurs onusiens se sont juste limités à des déclarations d'intentions, sans jamais franchir le Rubicon : ils n'ont pas eu le courage de nommer le mal qui ronge depuis plus d'une décennie la partie Est de la RDC. Au finish, leur voyage a ressemblé à une ballade au cœur de l'Afrique de bureaucrates de l'Onu en mal de villégiature à New York.
Y a-t-il encore une bonne raison de continuer à faire confiance aux Nations unies ? La question est sur toutes les lèvres. En RDC, l'opinion, plus que jamais sceptique, s'interroge encore sur le sens même de l'action des Nations unies en RDC. Le dernier passage dans la région des membres du Conseil de sécurité a renforcé cette animosité.
En effet, c'est depuis à plus d'une décennie que les Nations unies opèrent en RDC avec une force évaluée aujourd'hui à plus de 18 000 hommes. En termes de coût, la Monusco, née des cendres de la Monuc, représente à ce jour l'un de plus grands budgets de maintien de la paix des Nations unies dans le monde. Malgré cet impressionnant dispositif en termes de logistique, de ressources humaines et financières que l'Onu peine depuis des années à remettre de l'ordre dans la partie Est de la RDC.
Plus d'une décennie d'inaction
Des rapports, maintes fois produits par ses propres experts, n'ont pas réussi à persuader l'Onu à changer de tactique dans la région. Celle-ci donne l'impression de se complaire dans le chaos qui prévaut en RDC. Alors qu'on la croyait plus entreprenante sur le terrain, la Brigade spéciale d'intervention adoptée récemment aux termes de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, s'est vite essoufflée, laissant intacte la capacité de nuisance des voisins de la RDC dans les Grands Lacs.
Depuis le 4 octobre 2013, une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies sillonne la région des Grands Lacs pour s'enquérir de l'évolution de la situation sur le terrain en rapport avec la mise en œuvre de l'accord de paix d'Addis-Abeba et de la Résolution 2098. Première étape : la RDC. Après Kinshasa, les ambassadeurs membres de l'organe exécutif des Nations unies ont atterri, le dimanche 6 octobre 2013, à Goma. Au soir, ils ont pris la route de Kigali, au Rwanda. Hier lundi, ils ont mis le cap sur Kampala, capitale de l'Ouganda, où se tiennent depuis décembre 2012 – et dans l'imbroglio le plus total – les négociations entre la délégation de Kinshasa et celle du M23. Ils bouclent par Addis-Abeba, siège de l'Union africaine, leur tournée en terre africaine.
Dans leur gibecière, une pile d'informations qui, malheureusement, n'auront aucune influence sur leur jugement dans la crise de la région des Grands Lacs. Dès leur arrivée à Kinshasa, ils ont annoncé les couleurs en rappelant que leur mission n'avait rien à voir avec un quelconque état des lieux des actions engagées par les Nations unies dans la région des Grands Lacs.
Une mission pour rien
Voilà une mission de plus qui n'aura eu pour seul mérite que de plonger davantage les Congolais dans la distraction. Annonçant cette visite, Madnodje Mounoubai, porte-parole civil de la Monusco, ne s'en est pas caché : « C'est une visite normale, qu'ils font dans la région chaque année. Ensuite, l'idée est aussi d'encourager les pays de la région à mettre en œuvre l'accord-cadre signé à Addis-Abeba ».
Ainsi, de Kinshasa jusqu'à Addis-Abeba, en passant par Kigali et Kampala, le Conseil de sécurité n'a pas bougé d'un iota sa position, clamant tout haut que la solution politique reste la seule issue pour le retour de la paix dans la région, particulièrement en RDC. Comment peut-on interpréter ce rejet de l'option militaire alors que la Brigade d'intervention a été créée pour y faire face, en l'occurrence traquer et mettre fin à l'aventure belliqueuse des groupes armés classés « forces négatives au nombre desquelles figure le M23 ?
Le langage devient tout de go double et prend les allures, dans le chef du Conseil de sécurité, d'une politique de deux poids deux mesures. Preuve : alors que les FARDC, appuyées par la Brigade, étaient sur le point de déloger le M23 de tous ses bastions, un ordre venu de quelque part, a demandé aux forces loyalistes de stopper leur offensive. Voire, la même Monusco a été instruite de s'interposer entre les protagonistes. Pourquoi ? Parce qu'il fallait protéger le M23 et lui conférer des arguments qui le plaçaient en position d'interlocuteur de Kinshasa. Il s'agit, notamment, le fait d'être une force occupante d'une portion du territoire national (Rutshuru).
Une question en appelant une autre, à qui profite ce traitement de faveur à l'endroit du M23 ? Suivez mon regard ! Kigali a tout fait pour faire passer le M23 comme une rébellion au régime de Kinshasa. Pince sans rire, il a exigé du gouvernement qu'il écoute son filleul dont le cahier des charges n'est qu'une copie certifiée conforme de ses propres délires. Aujourd'hui que c'est chose faite à Kampala, la délégation du Conseil de sécurité en tournée dans les Grands Lacs s'est-elle penchée sur ce qui bloque ce dialogue censé ramener la paix en RDC ? Non, elle n'en avait cure. Tout ce qu'elle a pu trouver de mieux à déclarer c'est que le M23 est moins méchant que les ADF-Nalu et les FDLR.
C'est là que le jeu de l'Onu devient une pilule impossible à avaler dans l'opinion congolaise. L'on voudrait faire croire que le M23 a commis moins de crimes que les deux autres groupes armés, répertoriés comme ce dernier comme forces négatives. Ray Torres, responsable de Monusco dans la province du Nord-Kivu, a déclaré que « Si nous ne parvenons pas d'une manière ou d'une autre à neutraliser, désarmer, démobiliser ces groupes, nous n'avons guère d'espoir (pour une paix durable) ». Il a fait état d'une quarantaine de groupes armés. Il a exprimé une inquiétude particulière à l'égard des ADF en disant qu' « Elles ont un fond idéologique extrêmement fort, il s'agit d'un groupe islamiste extrémiste qui sont en train de développer un réseau d'activités nous indiquant qu'elles prévoient de s'implanter ».
Puisque les FDLR et les ADF-Nalu sont également des rébellions aux régimes de Kampala et de Kigali, pourquoi n'évoque-t-on pas de dialogue entre eux ? C'est là que paraît clairement l'existence d'un agenda caché en ce qui concerne la crise en RDC. On entretient un statu quo de manière à conduire au pourrissement avant de déclarer, comme on l'a entendu dans plusieurs forums et cercles privés-politiques et soi-disant scientifiques - que la RDC est ingérable dans sa forme actuelle.
Une chose est certaine : aucune concession ne sera faite au M23 sur des matières qui touchent à la souveraineté de la RDC, notamment sur l'amnistie ou l'intégration de ses anciens militaires dans les Forces armées de la RDC. La solution politique n'est admissible que dans le cas où le M23 cesse d'exister en tant que groupe armé, dépose les armes et libère le territoire qu'il occupe. Au cas contraire, on l'y forcera, il n'y a pas combat plus légitime que celui-là. Cela malgré l'organisation récente de l'infiltration sur le sol congolais des RDF sous la casquette de réfugiés aux fins de renforcer le M23 en perspective de prochains affrontements avec les FARDC.
Le Conseil de sécurité ferait utile en s'inspirant de l'exemple du Mali où la neutralisation des groupes terroristes a été fixée comme préalable avant toute action de maintien de la paix. Il pourrait alors redorer son blason terni en RDC au lieu de s'obstiner à chercher par tous les moyens à disculper le Rwanda en rapport multiforme au M23. C'est le cas de circonlocutions dans lesquelles s'est confondu dimanche le commandant de la force de la Monusco, le général Carlos Alberto dos Santos Cruz. Ignorant les rapports des experts onusiens sur la question, il a prétendu qu'ils voudraient en savoir plus sur l'accès des groupes armés aux armes et munitions. Et d'ajouter : « Il nous faut en savoir davantage sur le soutien financier dont ils bénéficient, comment ils obtiennent ces armes, ces munitions et ces ressources, notamment les uniformes ».
C'est de la distraction qui ne peut plus passer. Cela sonne comme un laxisme entretenu à volonté pour lasser le peuple congolais, le faire languir et le pousser à accepter l'inacceptable. Peine perdue ! Les recettes prêt-à-porter qui ont leur succès en ex-Yougoslavie et au Soudan sont des navets en RDC.
Somme toute, le passage de la mission du Conseil de sécurité dans les Grands Lacs n'aura été qu'une ballade – de mauvais goût d'ailleurs – qui n'aura rien apporté au moulin des actions mises en œuvre pour venir à bout de la pieuvre qui ronge la région. De la tournée onusienne transpirent la compromission et la trahison.
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