Crée le 23-10-2013 07H30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mercredi 23-10-2013 - 08H59 PAR : ( Afriquinfos)ARTV NEWS
BARCELONE – Sur «TF1» dans «Telefoot» dimanche dernier, Patrice Evra a franchi des Rubicons langagiers, mais a dit haut ce que beaucoup pensent tout bas.
© http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Patrice_Evra_Euro_2012.jpg. Patrice Evra, né à Dakar en 1981.
Depuis dimanche dernier, les propos de Latyr Patrice Evra sur la chaîne la plus célèbre en France, «TF1», ont fait le tour de la planète foot. Ils sont même allés au-delà du simple environnement footballistique. Et remis encore indirectement sur le tapis la sempiternelle question de l'intégration ou de la place des étrangers dans le sport français. Dans le cas d'espèce, il faut plutôt parler du sort que réservent les grands médias hexagonaux à l'étalage de faits et gestes de sportifs d'origine africaine (qu'ils proviennent d'Afrique ou qu'ils soient Ultra-marins).
A cause du passé colonial de l'Hexagone et des enfantements du "jumelage" des populations des Gaulois et des peuples d'Afrique, rares sont les équipes de la France dans lesquelles on ne retrouve pas de Noirs. Généralement, quand ces formations françaises sont au faîte de leurs prestations, leurs stars « Blacks » sont adulées, glorifiées avec des superlatifs redoutables.
Quand sonne l'heure de la déchéance, on met subitement presque tout sur le compte de ces mêmes sportifs de couleur. Marie-Josée Pérec qui « était une étoile filante » est devenue la « Guadeloupéenne » au soir de ses performances fulgurantes. Nicolas Anelka qui faisait la fierté de l'expatriation « bling bling » du footballeur français en Europe au début des années 2000 (en passant d'Arsenal au Real) a été la cible d'insultes de tous les noms, après le mélodrame de Knysna (Afrique du Sud, en 2010). Un échec collectif de Knysna qui fait le lit depuis 2010 à des attaques multiples de la société française dans son ensemble contre les Bleus.
Oui, l'équipe de France (formée de joueurs bien payés en ces temps de crise financière) a failli et peine toujours à se relever de ses maux sportifs et extra-sportifs. Mais, est-ce une raison suffisante pour continuer à jeter en pâture une catégorie de joueurs de cette équipe, alors même qu'ils sont venus à résipiscence entre 2010 et 2013 ? Les noms brandis sans cesse comme étant les architectes du naufrage de Knysna sont Ribery, Nasri, Evra, Anelka… Coïncidence peut-être, cet étiquetage de "frondeurs gauches" fait une belle place aux noms de Noirs…
C'est visiblement un peu contre toute cette litanie de victimisations subies passivement que s'est élevé Patrice Evra le 20 octobre dernier, en prenant sa propre défense, après tout un flot de critiques virulentes essuyées dans la presse et qui touchent même sa vie privée ! Autant certaines attaques verbales en règle du joueur Evra contre les sieurs Courbis et Fernandez, Ménès, Lizarazu sont déplacées, autant certaines critiques autour de la carrière du défenseur de Manchester United relèvent tout simplement d'une infantilisation du débat sur le sport et l'intégration en France. Evra demeurant l'un des latéraux gauches français les plus titrés en club.
Au moment où le Front National est timidement en train d'augmenter sa cote en France, où la gauche peine à convaincre les Français sur la justesse de sa politique de relance économique et en politique internationale, toute la société française gagnerait à débattre publiquement et avec une dose suffisante de sincérité de la récurrente question de la place des allogènes dans les performances sportives émérites de la patrie de Victor Hugo. A défaut, ils sont nombreux, dans l'ombre, ces sportifs qui maugréent leur exaspération, et qui n'hésiteront pas à se mettre dans la peau d'un Evra, quand l'occasion s'y prêtera.
(Par Edem Gadegbeku)
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