Crée le 23-10-2013 07H30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mercredi 23-10-2013 - 08H59 PAR :LE POTENTIEL
Le blocage étant désormais consommé, le M23 ne cesse d'agiter l'épouvantail de la guerre pour obtenir gain de cause. Son objectif est de pousser la communauté internationale à lui garantir, sous le couvert de l'accord de Kampala, la pleine gestion des territoires passés sous son contrôle. Cela dans un premier temps. Quitte à étendre, plus tard, son emprise jusqu'à la province Orientale (Ituri). Inadmissible !, rétorque Kinshasa, qui a juré de se battre jusqu'au bout pour défendre sa souveraineté.
Jusqu'à quand Kinshasa résistera-t-il aux fortes pressions qui sont exercées sur lui par certains membres de la communauté internationale aux fins de l'amener à adhérer à l'accord compromettant qui se concocte à Kampala ? Difficile à dire pour l'instant.
Relancées le 10 septembre 2013, sur injonction des chefs d'Etat et de gouvernements de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), les négociations entre Kinshasa et le M23 ont replongé dans l'impasse. Les divergences entre les deux parties ont été telles que les discussions ont été suspendues le dimanche 20 octobre 2013.
Dans la capitale ougandaise, le statu quo s'installe durablement. L'on ne voit pas comment les choses pourraient évoluer autrement – les deux parties ayant choisi de camper sur leurs options de départ. Le ton durcit de plus en plus à Kinshasa où l'on ne veut, pour rien au monde, transiger sur des questions liées à l'amnistie, au désarmement et à l'intégration des militaires M23 dans les FARDC.
Jusqu'au dimanche 20 octobre, aucun compromis n'avait été trouvé à Kampala, la délégation gouvernementale étant restée de marbre quant à la possibilité d'une amnistie généralisée ou d'une intégration collective.
Toutefois, certaines sources prédisent une reprise imminente des négociations, indiquant que le M23 et le gouvernement congolais auraient publié lundi soir un communiqué pour réaffirmer leur volonté d'avancer. En même temps, les deux parties se rejettent la responsabilité du blocage.
Pour le gouvernement, le M23 fait preuve de mauvaise foi. En revanche, ce dernier fait état de huit sujets sur onze qui ont connu des avancées, parmi lesquels la transformation du M23 en groupe politique, la libération des prisonniers ou encore le rapatriement des réfugiés. S'agissant de trois sujets qui fâchent, le M23 rejette une intégration sélective de ses éléments dans les FARDC. Au final, le décompte indique gaspillage en temps (dix mois) et en argent.
Se comportant en chat échaudé, qui craint l'eau froide, Kinshasa se veut prudent. Il tient absolument à éviter tout risque de récidive de la part des soi-disant rebelles. La crainte c'est de voir le nouvel accord de paix être suivi d'une nouvelle rébellion. Or, le M23 persiste et signe qu'il ne disparaîtra en tant que groupe armé sans contrepartie alléchante. Résultat : enlisement. Bien plus, sur le terrain, chaque camp est prêt pour un éventuel affrontement.
ANNEXION PROGRESSIVE DE LA PARTIE ORIENTALE DE LA RDC AU RWANDA ET A L'OUGANDA
Si côté cour, seuls les trois sujets précités opposeraient encore les deux parties, côté jardin, des nouvelles sont plutôt alarmantes. Pour le moment, le M23 contrôle une zone de quelque 700 km². Il souhaite obtenir la reconnaissance officielle de sa souveraineté sur tout le territoire de Rutshuru, avant d'étendre son influence sur la partie orientale allant du district de l'Ituri, en province Orientale, jusqu'au Nord-Kivu.
Pour tous les spécialistes des Grands Lacs, cette visée expansionniste s'apparente au projet longtemps nourri par le Rwanda. Il s'agit, au fond, d'un plan d'annexion de l'Est de la RDC au Rwanda, d'abord, ensuite à l'Ouganda.
Sans le dire ouvertement, la communauté internationale, notamment les Nations unies, et les Etats-Unis ont formellement reconnu, dans des déclarations faites en début de semaine, la responsabilité du M23 dans le nouveau blocage de Kampala.
Dans le dernier huis clos du Conseil de sécurité, les représentants de l'ONU en République démocratique du Congo et dans les Grands Lacs ont rejeté la responsabilité de l'échec de Kampala sur le M23. Le chef de la Monusco, Martin Kobler, et l'envoyée spéciale de l'ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson, ont confié que le M23 n'était manifestement pas prêt à conclure un accord avec Kinshasa et a fait traîner les négociations.
L'ONU maintient également la pression politique. Ban Ki-moon a appelé le président rwandais, Paul Kagame, et son homologue ougandais, Yoweri Museveni, pour leur demander de pousser le M23 à accepter un accord. Le président rwandais a également reçu un coup de fil du secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Les Etats-Unis ont déploré lundi dernier la suspension des négociations de Kampala, accusant le M23 « retarder volontairement » le processus et de « ne pas négocier de bonne foi » le processus, a indiqué l'AFP, citant la porte-parole adjointe du département d'Etat américain, Marie Harf. Par contre, celle-ci a loué « les efforts faits de bonne foi par le gouvernement de la RDC pour négocier un accord final ».
Sans détours, Washington a vivement appelé le M23 à « démontrer sa volonté de parvenir à une solution pacifique dans cette crise en signant un accord qui permettrait un désarmement et une démobilisation immédiats du M23, et selon lequel les chefs de la rébellion impliqués dans des violations des droits de l'homme devraient rendre des comptes ».
Concernant la question de l'amnistie, Washington s'est presque rangé du côté de Kinshasa. Marie Harf a indiqué, par la même occasion, que l'accord final ne devait pas permettre d'amnistie pour les chefs du M23, une demande déjà formulée plus tôt dans la journée par l'envoyée spéciale de l'ONU pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson.
DURCIR LE TON
Si les déclarations des Nations unies et des Etats-Unis sont rassurantes, en apparence, elles manquent cependant de consistance quant à la portée. La « mauvaise de foi » du M23 étant désormais établie, le moment est venu de passer à l'action, en usant du langage que le M23 saisit le mieux, à savoir celui des armes.
Tout le temps passé à Kampala s'inscrivait dans la logique du M23 et de ses parrains de gagner du terrain et consolider davantage leurs positions sur la ligne de front. Devant toutes ces évidences, la communauté internationale n'a plus de raisons de continuer à demander à un gouvernement responsable de poursuivre des négociations avec une fausse rébellion qui en fait voir de toutes les couleurs à tout le monde. Le moment est venu de citer le chat par son nom. Le M23 est une force négative qui doit être combattue, désarmée et dissoute. Il mérite ce traitement et non des caresses dans le sens du poil que Kigali a l'habitude de lui réserver. Pour des raisons évidentes.
Aujourd'hui, il est établi que le M23, tout comme le Rwanda qui le soutient, n'adhéreront jamais à la dynamique de paix qui s'est déjà mise en place dans les Grands Lacs. Apaisée et pacifiée, cette sous région constitue une menace pour leur aventure prédatrice. Tout le monde le sait. Les Nations unies aussi.
Croire qu'une paix sortira des pourparlers de Kampala, c'est faire preuve de duplicité dans le chef de la communauté internationale. Au contraire, celle-ci a le devoir de durcir le ton en mettant en œuvre tous les instruments de coercition en sa possession pour mettre le M23 hors d'état de nuire et instaurer une paix durable dans l'Est et dans l'ensemble de la sous région des Grands Lacs.
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