Crée le 01-10-2013 08H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 01-10-2013 - 08H09 PAR : LE POTENTIEL
MAKENGA
Annoncés pour une durée de 14 jours, les pourparlers entre le gouvernement congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), qui ont repris le 10 septembre à Kampala, s'éternisent. Les discussions achoppent, notamment, sur les questions de la réintégration des rebelles au sein de l'armée et du devenir des leaders politiques de la rébellion. Explications.
À Kampala, on joue les prolongations. En principe, le dernier round des pourparlers ouverts le 10 septembre avec un jour de retard entre les rebelles du M23 et la délégation de Kinshasa ne devait durer que 14 jours, suivant les recommandations des chefs d'État de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Mais l'avenir militaire ou politique des rebelles est encore loin de faire l'unanimité. Que deviendront-ils ? Une « question subsidiaire », selon le mouvement rebelle, mais suffisante à elle seule pour bloquer la signature d'un accord entre les deux parties.
Même la médiation en est consciente. Pour faire avancer les discussions, Crispus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense et facilitateur, a dû éviter de mettre la question sur la table dès l'ouverture des travaux, proposant aux protagonistes de réfléchir plutôt sur la « transformation » du mouvement rebelle. Une « perte du temps », selon un délégué du gouvernement congolais. « Tant qu'on ne tranchera pas les questions de l'amnistie, de l'intégration des troupes rebelles dans l'armée, et celle liée au devenir des chefs politiques du M23, la réunion de Kampala ne nous avancera à rien », tance-t-il. Focus sur les trois principales difficultés des négociations de Kampala.
Réintégration à minima des rebelles du M23
Kinshasa ne s'oppose plus au principe de la réintégration des troupes rebelles au sein de l'armée congolaise, mais pose certaines conditions. Toute personne qui a participé à « plus d'une mutinerie ou mouvement insurrectionnel » ne sera plus incorporée dans les FARDC.
Il en est de même des auteurs présumés de crimes graves et de tous ceux qui sont impliqués « dans la chaîne de l'exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC », a annoncé Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, mettant dans le même lot les « personnes indexées par des sanctions nominatives de la communauté internationale ».
Une liste reprenant les noms des membres du M23 qui « ne peuvent plus être intégrés au sein des FARDC » a même été publiée. Parmi les commandants de la rébellion cités, on retrouve Sultani Makenga, le chef militaire du mouvement rebelle.
« Impossible d'imaginer un plan de sortie de crise dans le Kivu, en excluant le numéro un du M23 », confie un cadre de la rébellion qui séjourne en France. À Kampala, René Abandi, le chef de la délégation rebelle, « [se] refuse de mettre de l'huile sur le feu ».
Joint par Jeune Afrique, il déplore « la position cavalière » de Kinshasa consistant à « faire des déclarations qui sont de nature à envenimer la situation » sur la table des négociations. Pour lui, la question de la réintégration des rebelles du M23 est un « faux débat ».
Une « question secondaire », affirme-t-il. Et d'ajouter : « Si le pouvoir refuse toute intégration de nos hommes dans l'armée, ce n'est pas un problème. Mais il doit résoudre les questions de fond », notamment le retour des refugiés et des déplacés internes, la traque des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et de tous les autres groupes armés qui pullulent dans le Kivu.
Amnisties "au cas par cas"
Le gouvernement congolais a indiqué par ailleurs que l'amnistie ne serait pas générale à l'issue des pourparlers de Kampala. Il y aura un « examen au cas par cas », selon Lambert Mende. « Car il importe (…) que chaque personne au sein de ce groupe armé assume la responsabilité de ses actes ». Une lecture qui ne semble pas partagée par le mouvement rebelle. « Pour nous, l'amnistie n'est qu'une conséquence de la fin d'un état d'insurrection », tranche Réné Abandi qui soupçonne Kinshasa de « vouloir créer des conditions pour que les rébellions perdurent en RDC, ouvrant la voie à la déclaration d'un état d'urgence » dans le pays. « À qui profitera cette situation ? », fait-il mine de s'interroger, faisant allusion aux « échéances électorales à venir ».
Avenir des leaders politiques de la rébellion
La question du devenir des leaders politiques du M23 n'est toujours pas abordée à Kampala. Seront-ils demain à la tête de ministères à Kinshasa ou dirigeants d'entreprises publiques à travers le pays, comme ce fut le cas après les précédentes négociations entre les mouvements rebelles et le pouvoir à Sun City en 2003 ? « La RDC ne devrait plus se permettre de donner une prime à ceux qui prennent les armes », signe et persiste Lambert Mende.
Mais, du côté rebelle, l'hypothèse n'est pas complètement exclue. « Si l'exercice d'une responsabilité [par un membre du M23] permet d'apporter des solutions aux problèmes, nous apporterons notre contribution », souligne Réné Abandi. Une contribution qui passe notamment par la proposition du mouvement rebelle de déclarer l'est du pays une « zone sinistrée » pour « permettre la reconstruction de l'espace et susciter l'attention particulière de la communauté internationale ».
Dans ce cadre, des « pôles d'attraction citoyens devront être créés pour faciliter le retour des déplacés internes et des réfugiés chez eux, permettre la réconciliation entre communautés ethniques et sécuriser la zone », explique le chef de la délégation rebelle à Kampala. Des structures qui pourront être animées par le gouvernement, le M23 et la communauté internationale. Une porte de sortie pour les futurs anciens rebelles ?
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