Il a fallu plusieurs semaines de pourparlers et de négociations intenses avant que le texte final de ladite résolution soit finalisé. Précédemment, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France insistaient sur la « nécessité d'inclure un article contraignant » et en conférant aux autorités syriennes « la responsabilité pour une possible utilisation d'armes chimiques »… Y compris en cas d'utilisation des dites armes par les forces « rebelles ». Une résolution jugée évidemment inacceptable par la diplomatie russe.
La résolution 2118 adoptée vendredi dernier affirme quant à elle la possibilité pour le Conseil de sécurité de prononcer des actions si Damas ne respecte pas ses engagements. Cependant, et cela est dit clairement, il ne peut s'agir de sanctions automatiques : en cas de violation du plan de désarmement (par l'une des parties du conflit), une seconde résolution sera nécessaire « sous le chapitre VII de la charte de l'ONU »,qui pourra éventuellement autoriser un recours à la force. D'autre part, la résolution impose une responsabilité égale sur le gouvernement et l'opposition. Une première compte tenu du fait que c'est la première fois que les pays occidentaux acceptent d'avoir une approche cohérente dans le conflit syrien par rapports à ses belligérants.
Comme l'a également bien souligné le ministre russe des Affaires étrangères : « La résolution souligne l'inadmissibilité que les armes chimiques tombent aux mains d'acteurs non étatiques, représentés par les forces de l'opposition. Par ailleurs, tous les pays membres de l'ONU et en premier lieu les voisins de la Syrie, se doivent de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer que leur territoire ne soit pas utilisé pour fournir à l'opposition syrienne des armes chimiques et leurs composantes ». Un message clair à certains pays de la région dont on connait le rôle plus que néfaste dans la tragédie syrienne.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a quant à lui indiqué que « L'adoption de la résolution sur la Syrie, c'est la première nouvelle depuis longtemps, qui donne de l'espoir pour la résolution de la crise. C'est une étape historique ».Bachar al-Jaafari, représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies, a souligné de son côté que « tous les pays jouant un rôle dans le conflit syrien doivent respecter la résolution, au même titre que la Syrie, notamment en stoppant le soutien aux groupes terroristes. Les gouvernements de la Turquie, d'Arabie saoudite, du Qatar, de la France, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne en portent tous la responsabilité ».
La victoire diplomatique de la Russie est indéniable. Les médias ainsi que les spécialistes politiques de par le monde s'accordent à reconnaitre le succès de la Russie. Le journal français Le Monde consacre un article consacré à la résolution adoptée à l'ONU avec pour titre : « Syrie : la résolution de l'ONU consacre le succès de Moscou ». Il faut avouer que les auteurs de l'article ne sont pas fous d'enthousiasme à avoir à reconnaitre ce succès, néanmoins, le fait de l'avouer est déjà un sacré pas. D'un ton beaucoup plus optimiste et amical, le directeur du Centre d'études sur le Moyen-Orient de Beyrouth, le général Hisham Jaber note de son côté dans un entretien à La Voix de la Russie que « nous sommes devenus témoins d'une guerre diplomatique féroce. Ce qui vient de se produire – l'accord russo-américain et ensuite l'adoption de cette résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, c'est une victoire indéniable de Moscou. Tout cela montre des chances réelles d'un règlement pacifique du conflit syrien ».Il souligne également que la Russie a confirmé par ce biais sa présence au Moyen-Orient et a réussi à renforcer ses positions dans la région.
Nous avons évité le pire. A savoir une intervention armée contre un pays souverain et dans la pure violation du droit international. D'autre part, la résolution 2118 a réaffirmé la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Syrie. Principes que beaucoup espéraient (et espèrent encore) voir être violés. Il n'en sera rien. Autre point important à souligner : une solidarité des pays des BRICS et d'un grand nombre d'autres pays sur l'approche russe dans le conflit syrien. Cette situation a aussi mis en avant toutes les contradictions et les actions totalement illogiques de la politique occidentale dans le dossier syrien, surtout lorsqu'on connait les précédents irakien, afghan, libyen, malien,… La Russie a donc une nouvelle fois réaffirmé la place qui est la sienne dans la politique internationale. Les victoires diplomatiques indiscutables, acquises avec brio, ne doivent pas pour autant nous faire oublier la tragédie de la Syrie en général et du peuple syrien en particulier. Elles doivent au contraire nous pousser à continuer de travailler sur la résolution rapide de ce conflit, et de rester sur nos gardes compte tenu du fait que certains va-t-en-guerre (ils se reconnaitront) ne se sont toujours pas calmés… Le temps nous montrera qui aura raison. /N
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