Lutte contre les VBG-VIH programmée par FHI 360/C-Change à Kisangani
Les leaders religieux s’y engagent à travers une déclaration en 10 actions à mener
Dans le cadre de la mise en œuvre des activités de lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre associées au VIH/SIDA (VBG-VIH), FHI360/C-Change (Communication for Chang) vient d’organiser cinq journées d’information sur le lien qui existe entre les violences sexuelles et le VIH auprès des leaders religieux de la ville de Kisangani, toutes confessions confondues.
Du 27 juin au 03 juillet 2013, une équipe conjointe FHI360/C-Change et ses partenaires a sillonné cinq communes urbaines sur les six que compte la ville de Kisangani, à savoir : Mangobo, Kabondo, Tshopo, Lubunga et Makiso. Organisées par l’ONG FHI360/C-Change en collaboration avec le ministère provincial de la Santé publique, Affaires sociales, Solidarité, Famille, Genre et Enfant, ces journées ont bénéficié de l’appui du Gouvernement américain pour la lutte contre le VIH/Sida de la stratégie PEPFAR (Initiative du Président des Etats Unis d’Amérique pour la lutte contre le VIH/Sida).
Les objectifs de cette ronde communale étaient de faire le plaidoyer auprès des leaders communautaires et religieux sur le lien existant entre les violences basées sur le genre et le VIH/SIDA ; de vulgariser les lois sur les VBG, protection de l’enfant et protection des droits des personnes vivant avec le virus du sida et personnes affectées (PVVIH/PA) ; et de démontrer le lien existant entre les VBG et VIH auxdits leaders religieux.
A chaque séance, les communications ont été faites à l’intention des bénéficiaires, en l’occurrence les leaders religieux de la commune visitée par les animateurs de l’équipe conjointe.
Mme Elizabeth Isikisiki Beyagaba, Chef de division provinciale du Genre, Famille et Enfant a planché sur la » Situation des violences sexuelles dans la Province Orientale » où elle a brossé un tableau sombre.
Pour sa part, M. Marcel Kapuka, Responsable provincial chargé des Infections sexuellement transmissibles au sein du Programme National de lutte contre le Sida (PNLS) a entretenu les participants sur un thème interrogateur : » Que puis-je faire en tant que leader religieux face au VIH/Sida ? « .
Des lois passées en revue
L’exposé intitulé : » La protection de l’enfant, violences sexuelles et VIH/Sida à l’intention de leaders religieux et communautaires » a été développé par le Colonel Marie Bagale Tabu, Commandant Bataillon de la Police Spéciale pour la Protection de l’Enfant et de la Femme (PSPEF).
L’oratrice a passé en revue la Loi de 2009 portant protection de l’enfant, la Loi de juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le VIH/Sida et des personnes affectées, la Loi de juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais et la Loi de juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 06 août 1959 portant Code de procédure pénal congolais.
Il va sans dire que le Colonel Marie Bagale s’est appesantie entre autres sur les droits de l’enfant et les sortes de protection de l’enfant (protections spéciale, exceptionnelle, judiciaire et pénale).
En conclusion, elle a affirmé que les enfants et les femmes constituent la couche la plus vulnérable et sont les principales victimes de violation des droits de l’homme du fait du nombre impressionnant de cas de viols, de maltraitance, des enfants accusés de sorcellerie, PVV… Ainsi a-t-elle appelé les pasteurs, évangélistes, diacres, etc. à jouer leur rôle d’éducateurs de masse pour sauver les enfants et les femmes de cette impasse par le respect de leurs droits.
La Bible mise à contribution
Si les trois premiers exposés reviennent dans nombre d’activités sur la lutte contre le VIH/Sida, les leaders religieux de cinq communes de la ville de Kisangani ont découvert un thème compatible avec leur profession de foi. Il s’agit de » l’Aperçu des violences sexuelles et celles basées sur le genre à travers la Bible « , développé par M. Eustache Ndokabilya Dunia, Coordonnateur provincial de FHI 360/C-Change.
Il a parcouru quelques passages bibliques. Il s’agit notamment :
- de l’inceste d’Amnon, fils de David selon 2 Samuel 13 :10-22 qui n’est autre que le harcèlement sexuel, le rejet de la victime par le violeur et la non dénonciation par Absalon et Tamar ;
- du viol et jugement selon la loi juive (Deutéronome 22 :25-27) où l’auteur de cet acte était condamné (mort) ;
- de la loi sur la pureté, le viol et la jalouse selon Nombre 5: 11-15 ; un acte de prostitution ;
- de Genèse 34 :1-7 qui parle d’enlèvement, de viol, de mariage forcé et de la non dénonciation ;
- de Genèse 19 :30-38 où un patriarche soûlé est violé par ses propres filles.
En recourant à ces passages bibliques, Eustache Dunia a voulu démontrer aux leaders religieux de quelle manière les violences sexuelles étaient perçues et réprimées/punies par la tradition juive d’avant Jésus-Christ.
Les hommes de Dieu aussi auteurs des SGBV
En Province Orientale, les hommes de Dieu sont-ils dénombrés parmi les auteurs des violences parmi les auteurs des violences sexuelles basées sur le genre (SGBV) ?
A cette question, la réponse est affirmative car les statistiques révélées par Eustache Dunia de FHI 360/C-Change aux leaders religieux de la ville de Kisangani l’ont démontré.
3685 cas ont été rapportés et se répartissent comme suit selon la profession des auteurs présumés :
- Fermier/cultivateur : 814 cas (24,9%) ;
- Commerçant : 242 cas (7,4%) ;
- Elève/étudiant : 382 cas (11,7%) ;
- Enseignant : 63 cas (1,9%) ;
- Chef de camp/communauté : 21 cas (0,6%) ;
- Pasteur/chef religieux : 26 cas (0,8%) ;
- Personnel des NU : 4 cas (0,1%) ;
- Membre d’une ONG : 12 cas (0,4%) ;
- Membre des FARDC : 96 cas (2,1%)
- Membre de la PNC : 15 cas (0,5%) ;
Milice/groupe armé : 400 cas (36,4%) ;
- Autres : 1188 cas (36,4%) ;
- Non renseigné : 41 ca (1%).
Ces chiffres, convient-il de le préciser, ne tiennent compte que des cas déclarés et qui ne sont récoltés qu’à des endroits où il y a des intervenants dans la lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre (Rapport UNFPA 2012).
M. Eustache Dunia a mis un accent particulier sur la Loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant Protection de l’Enfant que les églises et confessions religieuses sont tenues d’observer, spécialement sur les articles 48 (fiançailles et mariages d’enfants), 49 (pratiques, traditions et coutumes), 68 (écoles conventionnées et scolarité des enfants-filles rendues grosses), 147 (coups et blessures volontaires portés sur l’enfant), 160 alinéa 2 (enfants sorciers) et 189 (mariages précoces et forcés des enfants).
A cet effet, le Coordonnateur provincial de FHI 360/C-Change a rappelé aux leaders religieux que les églises (et les confessions religieuses) sont tenues de respecter la loi congolaise sur les SGBV, VIH et protection de l’enfant. Et lui de marteler que la Constitution de 2006 stipule en son article 15 : » Les pouvoirs publics veillent à l’élimination des violences sexuelles. Sans préjudice des traités et accords internationaux, toute violence sexuelle faite sur toute personne, dans l’intention de déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple est érigée en crime contre l’humanité puni par la loi « .
Outre les quatre exposés, les leaders religieux de cinq communes de la ville de Kisangani ont écouté les témoignages sur le terrain des représentants des organisations de la Société civile, des chefs traditionnels, des organismes de femmes, des chefs traditionnels et religieux. Ils ont regardé la projection des documentaires sur les histoires horribles de violence sexuelle et d’exploitation des femmes, des filles et des garçons.
Ils s’engagent à travers une Déclaration
Ces séances d’information sur le lien qui existe entre les violences sexuelles et le VIH auprès des leaders religieux de la ville de Kisangani ont été sanctionnées par une Déclaration dénommée » Déclaration des Leaders religieux sur l’élimination des violences sexuelles et celles basées sur le genre, la protection de l’enfant et la protection des droits des personnes vivant avec le VIH/Sida et lutte contre l’impunité dans la Province Orientale « .
Cette Déclaration a été lue et signée le 03 juillet 2013 à la Paroisse SALEM de l’Eglise 5ème CELPA dans la commune Makiso.
Réunis au sein du Collectif des Pasteurs pour le Progrès du Congo (CPPC) et convaincus des informations reçues, les délégués de différentes confessions religieuses de la ville de Kisangani ont pris le ferme engagement de mener les 10 actions suivantes :
1. Vulgariser les lois sur les SGBV, VIH et protection de l’enfant dans la communauté ;
2. Respecter scrupuleusement aussi bien la Bible, le Coran que les lois congolaises en vigueur ;
3. Sensibiliser les chrétiens, fidèles sur les SGBV, VIH et protection de l’enfant ;
4. Encourager les victimes des SGBV à briser le silence en dénonçant les cas de SGBV auprès des structures compétentes ;
5. Décourager les mariages précoces ;
6. Favoriser l’observance au traitement chez les PVVIH ;
7. Encourager le dépistage volontaire avant les mariages pour les jeunes couples ;
8. Ne pas soumettre les malades et les enfants aux jeûnes forcés pour fins de guérison mais plutôt les orienter vers les structures médicales pour une prise en charge adéquate ;
9. Eviter de se servir des PVV et des enfants pour des faits propagandistes dans la communauté ;
10. Eviter la discrimination et la stigmatisation à l’égard des PVV et survivantes des SGBV.
Tout cela, en vue de faire honneur au prestige et à la considération que leur confère leur statut de leader religieux et de gardien des valeurs morales qui font un point d’honneur à la protection de la vie.
Motivant leur Déclaration, les délégués des leaders religieux ont notamment regretté du fond de leurs cœurs la non implication des confessions religieuses dans la lutte contre les violences sexuelles les rendant ainsi ignorants par rapport aux lois vulgarisées jusqu’à présent.
Résultats atteints
Pour le Coordonnateur provincial de FHI 360/C-Change en Province Orientale, les résultants attendus de ces cinq journées d’information ont été largement atteints.
A part cet engagement du CPPC, Eustache Dunia en veut pour preuve :
- 330 leaders religieux sensibilisés dont 97 femmes et 233 hommes sur 250 attendus à raison de 50 pour chaque commune ;
- 3 Lois sur les SGBC, VIH et protection de l’enfant vulgarisées ;
- 10 émissions sur la lutte contre les mariages précoces des enfants, la lutte contre l’exploitation et le travail de l’enfant, les droits et devoirs de l’enfant et enfin les jeunes et les IST/Sida animées à la RTNC TV et à Canal Orient TV.
Ces émissions ont été animées par Dr Brigitte Akamba, Coordonnatrice provinciale du Programme National de Santé de l’Adolescent (PNSA) ; Dr Gisèle Lowa, Coordonnatrice provinciale du Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) ; Mme Elizabeth Isikisiki, Chef de division provinciale du Genre, Famille et Enfant ; et Colonel Marie Bagale Tabu, Commandant Bataillon de la Police Spéciale pour la Protection de l’Enfant et de la Femme (PSPEF).
Pour la mémoire de nos fidèles lecteurs, la Déclaration du Collectif des Pasteurs pour le Progrès du Congo (CPPC) arrive un mois après les actes d’engagement signés par le Président de l’Assemblée provinciale, l’honorable Philippe Massikini Kamango et le gouverneur de la Province Orientale, Jean Bamanisa Saidi au nom de leurs institutions respectives. C’était le 25 mai 2013 au Restaurant La Fourchette Boyomaise de Kisangani au terme de la Journée de vulgarisation des lois sur les violences sexuelles, organisée par FHI 360 /C-change en partenariat avec le ministère provincial de la Santé, Femme, Famille et Enfant et Affaires humanitaires.
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