Crée le 05-06-2013 01H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 05-06-2013 - 11H15 PAR : LE POTENTIEL
Les versions divergent quant à la volonté de Kinshasa de poursuivre à Kampala les discussions avec les rebelles du M23. Tantôt Kinshasa exclut toute possibilité de se rasseoir autour d'une table avec le mouvement rebelle, tantôt il se rebiffe en invitant le M23 à reprendre la route de Kampala. Ainsi, contrairement au ministre des Affaires étrangères et chef de la délégation congolaise à Kampala, qui n'a récemment exprimé aucun désir de rouvrir un nouveau cycle de négociations avec le M23, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, pense plutôt le contraire. Mende croit que Kampala est l'endroit idéal pour le M23 de négocier son avenir. Alors, entre les deux, qui dit vrai ?
Aucune avancée dans les pourparlers de Kampala, malgré la présence dans la capitale ougandaise des délégués de deux parties. Le M23 a été le premier à regagner la capitale ougandaise, après qu'il ait suspendu brutalement sa partie à ces pourparlers. Kinshasa a préféré se plier aux caprices du M23, en rappelant dans les jours qui ont suivi ses délégués. Dans la capitale congolaise, l'on attendait certainement le bon moment pour rebondir
Ragaillardi par l'adoption en Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2098 portant déploiement dans l'Est de la RDC d'une brigade spéciale d'intervention, Kinshasa se dit maintenant en position de force. Aussi, a-t-il, depuis un temps, multiplié les conditionnalités dans la reprise d'une éventuelle discussion avec le M23.
Raymond Tshibanda, ministre des Affaires étrangères et chef de la délégation dépêchée à Kampala, a été le premier à monter au créneau, juste après que le M23 ait annoncé son intention de reprendre la route de Kampala. En marge de son entretien à Kampala avec le facilitateur Crispus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense, Raymond Tshibanda a clairement présenté ce qu'il fallait désormais considérer comme la position officielle de la RDC par rapport aux pourparlers de Kampala.
Pas question d'aller par quatre chemins : le chef de la délégation du gouvernement aux pourparlers de Kampala a été suffisamment clair. « La finalité des pourparlers de Kampala, -c'est de mettre fin à la rébellion du M23- ».
Le chef des délégués de Kinshasa a été vite relayé par le coordonnateur du mécanisme national de suivi de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, François Mwamba. Compté parmi les six experts du gouvernement congolais aux pourparlers de Kampala avec le M23, il a estimé que la délégation gouvernementale avait accompli et bouclé sa mission à Kampala. Selon lui, le gouvernement n'attendait plus qu'une seule chose des rebelles : la cessation des activités militaires.
« Les rebelles du M23 cherchent un certificat pour montrer à la face du monde qu'elles ne sont pas une force négative et que la brigade d'intervention ne vienne pas les attaquer », a-t-il déclaré de son côté à l'Agence Chine nouvelle. « Nous n'avons pas à faire ensemble avec le M23. Nous allons discuter avec la médiation ougandaise, pas avec les forces négatives », a-t-il affirmé.
LE PAVE DE MENDE
C'est dire que pour Kinshasa, il n'y avait plus de raison de continuer à discuter autour d'une table avec le M23. Pourtant, hier jeudi devant la presse, le porte-parole du gouvernement a développé un argumentaire, diamétralement opposé à la position affichée jusque-là par des délégués de Kinshasa, présents à Kampala. En effet, Lambert Mende, qui s'est montré favorable à la poursuite des pourparlers de Kampala, a d'une carrément tendu la main au M23. Il s'est improvisé conseiller du mouvement rebelle, l'invitant à s'accrocher au dialogue de Kampala qui, selon lui, paraît comme la voie de sortie idéale pour le M23.
Un véritable pavé dans la mare. Toutefois, ce ton est compréhensible pour un gouvernement soucieux de faire l'économie des vies humaines.
Pour l'opinion, cette prise de position soulève des questions sur le point de vue ainsi exprimé de Kinshasa quant aux pourparlers engagés depuis décembre 2012 avec le M23 à Kampala.
En fait, les déclarations de Lambert Mende sèment plus de doutes qu'elles ne rassurent l'opinion nationale. L'on éprouve du mal à cerner avec exactitude l'option levée, en définitive par Kinshasa sur la question des pourparlers. Le jour, Kinshasa exclut tout rapprochement avec le M23 s'en remettant au facilitateur ougandais. Le soir tombé, il se rétracte en caressant le mouvement rebelle dans le sens du poil, lui prodiguant de sages conseils. Sans prôner l'extrémisme, l'approche à géométrie variable ne sert pas les intérêts de la République.
La préoccupation constante est celle de voir enfin Kinshasa afficher clairement sa position par rapport au M23. De manière tout aussi claire, Kinshasa ne doit pas faire mystère sur la ligne rouge à ne point franchir. Une ligne autour de laquelle l'ensemble des Congolais convient d'un consensus : la souveraineté et l'intégrité du territoire national. C'est la seule voie qui pourrait permettre une sortie victorieuse de cette épreuve imposée par des voisins qui instrumentalisent le M23. A Kinshasa est quasiment emporté à tout vent.
Si bien qu'à la fin, il est difficile de défendre une position commune. Pas étonnant qu'au sein du gouvernement, des langages doubles et contradictoires ne soient constatés. D'un côté, le ministre des Affaires étrangères dit avoir terminé avec le M23, de l'autre, le porte-parole du gouvernement offre encore une passerelle au mouvement rebelle, dans l'espoir, croit-il, d'aboutir à un accord.
Quant aux éléments du M23 qui se rendent aux FARDC, Lambert Mende a indiqué que « ceux qui ont une formation militaire et qui veulent intégrer les FARDC, peuvent en exprimer le besoin, ceux qui veulent être insérés dans la vie civile devront également le dire (…) Quant à ceux qui sont auteurs de crimes, ils peuvent se rassurer qu'ils bénéficieront de tous les droits reconnus à la défense ». Bien beau !
Mais, à Kinshasa, il est temps de briser la glace en adoptant un langage clair et précis vis-à-vis des pourparlers, apparemment sans issue, engagés, depuis le mois de décembre 2012, avec le Mouvement du 23 mars. Il y va aussi de la crédibilité du gouvernement de la République démocratique du Congo
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