Crée le 12-02-2013 12H20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 12-02-2013 -12H34 PAR: ARTV- NEWS
Jeannot MWenze Kongolo
Concerne : clarification de vos intentions sur les concertations politiques
Monsieur le Président de la République, Sur la base des droits et libertés politiques garantis à tout citoyen par la Constitution de la République, ainsi que sur celle de la loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l'opposition politique qui, en son article 2 alinéa 2, reconnaît l'opposition extraparlementaire afin que, aux termes de l'exposé des motifs de ladite
loi, elle puisse jouir « de tous les droits ouverts aux partis politiques dans le cadres des libertés établies à cet effet », la Fédération de l'Opposition Extra-parlementaire, FOEP, est préoccupée par la situation politico-sécuritaire que traverse notre pays. Elle a l'honneur de vous présenter ses inquiétudes et celles de l'opinion concernant les risques du flou qui entoure vos intentions sur la problématique de la concertation politique en relation avec la gestion de cette crise par votre gouvernement.
Dans votre discours du 15 décembre sur l'état de la Nation devant le Congrès, complété par celui des voeux du 31 décembre, vous avez avec pertinence montré la nécessité de la cohésion nationale non seulement pour sortir le pays dé la situation de guerre mais aussi comme « Opportunité de raffermir encore davantage notre volonté de, vivre ensemble en tant que Congolais, convaincus d'être unis par le sort, et délibérément unis dans l'effort, pour bâtir un pays toujours plus beau, et préserver à jamais, notre indépendance, et notre souveraineté... La cohésion nationale se présente également comme condition de la nécessaire «unité de volonté et d'action ». Surtout vous avez précisé que cette cohésion nationale « se réalisera dans un cadre approprié et ouvert à toutes les forces politiques et sociales du pays.»
Comme toute l'opinion publique, nous avons pris acte de cette annonce comme signe de votre volonté de décrisper et d'apaiser le climat général en tenant un dialogue politique inclusif, manifestement plus large que les négociations de Kampala dont vous avez circonscrit l'objet aux seules fins « de clarifier les enjeux et de situer les responsabilités dans cette guerre. » ; tel est également notre entendement.
Toutefois, l'opinion attend des clarifications tant sur le principe que sur les modalités de l'organisation de ces échanges, afin que l'idée ne reste pas un simple effet d'annonce. Car, l'ambiguïté de votre position actuelle nourrit une appréhension qui se fait jour dans l'opinion, selon laquelle il s'agit plutôt de manoeuvres dilatoires en attendant de requinquer l'armée et d'organiser l'assistance des pays « amis » en vue d'une solution militaire.
Une telle tentation serait une erreur. D'une part, au regard de la multiplicité des mouvements armés, un règlement avec le seul M23 ne résoudrait pas la situation existant ailleurs, par exemple au Katanga. D'autre part, l'analyse de l'opposition extraparlementaire est que si la subsistance des conflits et autres agressions à répétition dans nôs provinces de l'Est constitue une dimension importante de la crise que traverse depuis de nombreuses années la RDC, celle-ci est, de l'avis de tous, et de notoriété publique, une crise multiforme et multidimensionnelle qui ne saurait être résorbée par la solution à sa seule dimension militaro-sécuritaire. Tandis que la gestion de cette dernière, de votre propre aveu, est gênée par l'absence de cohésion nationale. LA FOEP ajoute que, et c'est l'un des aspects de la crise multiforme, c'est toute 'la politique du gouvernement en général qui ne jouit pas de l'appui populaire et de cette cohésion dont elle aurait besoin pour être efficace.
Il est également vrai, Monsieur le Président, que, au- delà de l'insécurité et de la guerre de l'Est, la situation politique est caractérisée par un malaise' général, un climat délétère, qui brouille les capacités d'initiative et d'action du gouvernement, paradoxalement au début d'un mandat présidentiel dont le caractère nouveau ne se fait pas sentir et passe inaperçu, faute d'initiatives et de changements, plombant ainsi, par une sorte d'impasse et de blocage politiques, le fonctionnement de l'Etat Certes, on peut ne pas être tous d'accord sur les causes de cette situation, mais il est difficile de prétendre, de toute bonne foi, que les frustrations subies, aussi bien au sein de votre propre famille politique que dans l'opposition démocratique, à cause des si nombreuses « irrégularités » et « inexactitudes » des résultats des élections générales de novembre 2011, ne sont pour rien dans cette impasse au contraire, elles y jouent un rôle essentiel déterminant.
Comme vous et la délégation gouvernementale aux « échanges » de Kampala, qui ne cessez de le répéter, nous estimons que les questions politiques, économiques et sociales ne relèvent pas de ces derniers mais de ce dialogue politique inclusif annoncé dans votre discours. C'est pourquoi, de l'avis de la FOEP, quels que soient les résultats entre les négociateurs de Kampala ou d'ailleurs, ces accords doivent figurer à l'ordre du jour dudit dialogue, pour leur appropriation par les forces vives de la Nation dans leur diversité, classe politique et société civile car le temps des accords secrets est révolu.
Par ailleurs, l'opposition extraparlementaire souligne que vos propos seraient davantage crédibles si, répondant au M23 par le refus de traiter des questions autres que celles relatives à la- guerre conformément au prescrit du Sommet de la CIRGL, vous précisiez que ces questions générales feront l'objet des « échanges » inclusifs annoncés par vous et à organiser bientôt. Or, vous êtes muet à ce sujet.
Qu'avez-vous, donc, Monsieur le Président de la République, à taire cette clarification qui aurait l'avantage, à l'égard de la CIRGL et de certains Etats « amis » qui font en ce moment des pressions mais aussi du chantage, d'argumenter de façon plus crédible votre juste position face au M23 et d'indiquer à l'opinion que votre volonté de rechercher la cohésion nationale autour de notre « maison commune Congo » est sincère, vous tient à cœur et s'impose comme une urgence ?
Le patriotisme, en ces temps-ci, c'est concrétiser cette idée porteuse de salut pour l'Etat aujourd'hui entravé dans son fonctionnement, et d'espoir pour le peuple en attente des transformations sociales garantes de son bien-être. L'intérêt de tous, à commencer par le vôtre, est que vous donniez, sans atermoiements et sans plus attendre, ces éclaircissements. Face à l'urgence que représente la situation, il se fait impérieux d'accélérer les préparatifs et l'avènement de cette concertation salvatrice.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de notre haute considération patriotique.
Pour la Fédération de l'Opposition Extra-parlementaire,
La Coordination générale,
Prof. G. Dyndo – Prof. A.Mampuya Kanunk'a-Tshiabo – Jeannot MWenze Kongolo
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