Alors que la Résistance verte reprend l'offensive en Libye (1), l'ex junte du CNT à Benghazi implose ouvrant des brèches mortelles au sein du nouveau régime installé au pouvoir par les USA et l'OTAN en Libye avec la complicité de l'ONU.
Une alliance mafieuse: la junte de Benghazi
Car la clique de traîtres coalisée à Benghazi fin février 2011 n'est rien de plus qu'un syndicat – au sens mafieu du terme – d'intérêts et d'ambitions : agents américains de la CIA comme le duo Megaryef-Hifter (devenus aujourd'hui les vrais patrons de ce qui reste de la Libye), monarchistes stipendiés par les britanniques du MI6, islamistes proches des Frères musulmans comme mustapha Abdeljalil (l'ex leader du CNT), djihadistes proches du Qatar et de ses alliés français comme Habdelhakim Beldhadj (cadre d'Al-Qaida, devenu l' un des chefs de l'ASL en Syrie), réseaux d'Al-Qaida et d'AQMI… Tous coalisés contre la Jamahiriya de Kadhafi sous le patronage des politiciens et des généraux de l'OTAN.
Une junte que déchire un crime politique : l'assassinat du général félon Younes fin juillet 2011. J'ai écrit à chaud sur l'événement (2), rappelant les vérités occultées par les médias de l'OTAN. 15 mois avant que les médias de l'OTAN ne découvrent l'implication du leader islamiste du pseudo CNT, le grand ami de BHL et Sarkozy, en juillet 2011, j'analysais déjà la lutte entre les factions rivales de la Junte de Benghazi …
Younes est mort parce qu'il incarnait l'un des agenda de Benghazi : celui des anglo-saxons, l'option libérale-monarchiste qui était de ramener avec l'appui du général félon un Senoussi, héritier du roi fantoche Idriss chassé par Kadhafi au pouvoir à Tripoli. Un Senoussi qui avait aussi l'avantage de rassembler les islamistes libyens autour de l'héritier des Confréries Sénoussi, dans une voie islamiste libyenne proche de celle de l'AKP turc.
Cet agenda s'est opposé à celui des islamistes radicaux, wahabites, salafistes ou djihadistes, patronés par le Qatar et le régime de Sarkozy. Les intérêts économiques de la France, ceux de Total en particulier, s'opposant à ceux des Majors anglo-saxonnes. C'est la liquidation de Younes qui a permis d'installer les islamistes au pouvoir local un peu partout : Abdehakim Belhadj gouverneur militaire de Tripoli, les djihadistes salafistes à Misratta (où est instauré un micro-état islamiste qui rappelle les Talibans et dont la milice surpuissante fait jeu égal avec la nouvelle armée coloniale libyenne), la milice de Zlenten…
Un homme a cru jouer de tout cela, Machiavel islamiste libyen au petit pied : Mustapha Abdeljalil. Il a échoué, a du se retirer sans gloire du pouvoir. Les américains ont imposé leurs « amis de 30 ans », les agents de la CIA Megaryef et Hifter, aujourd'hui les deux patrons de ce qui reste de la Libye. Ils règnent sur un chaos indescriptible, où s'affrontent milices islamistes locales, djihadistes, forces au service des USA. Sans oublier les pro-Kadhafi de la Résistance verte en embuscade (3).
La vengeance des Obeidat, la tribu du général felon Abdel Fattah Younes
Au cœur de ce panier de crabes, une tribu rancie de haine et d'esprit de vengeance, celle des Obeidat, la tribu d'Abdel Fattah Younes. Dès août 2011, Le Figaro (Paris), pour une fois lucide, éclairait cette faille béante qui divisait, déjà, le CNT : « les fils de Younes assurent que c'était bien le chef militaire de la rébellion qui était visé, non l'ancien ministre de l'Intérieur. À les écouter, leur père était l'enjeu d'une lutte de pouvoir. Ils pointent du doigt la présence au sein des autorités, aujourd'hui, de nombreux islamistes, Frères musulmans et anciens du Groupe de combat libyen, un mouvement qui se revendique djihadiste et a subi une terrible répression du pouvoir kadhafiste dans cette région, la Cyrénaïque, à la fin des années 1990. Un combattant de ce groupe, Abdelhakim Belhadj, est réapparu en chef militaire de Tripoli (…) La mort du général Younes cristallise les dissensions entre ces hommes, le CNT et les tribus, plus conservatrices qu'extrémistes. Les ressentiments ne s'arrêtent pas aux frontières libyennes. » Début août 2011, les fils d'Abdel Fattah Younes accusaient : «Les milices ont pris 90% des armes livrées par le Qatar.» « Le riche émirat du Golfe, membre de la coalition anti-Kadhafi, a effectué de nombreuses livraisons de matériel, souvent par avion, avec l'accord de l'Otan », confirmait Le Figaro.
Très vite, les ultimlatums ont suivi. Les dirigeants des Obeidat, l'une des tribus les plus puissantes de la Libye, déclaraient à la « BBC Newsnight » qu'ils prendraient « leur revanche sur les tueurs du commandant rebelle, le général Abdel Fattah Younès, si les nouveaux dirigeants du pays ne parviennent pas à résoudre l'affaire ». Les sages de la tribu Obeidat ont aussi déclaré que de « hauts fonctionnaires du CNT ont conspiré avec des extrémistes islamistes pour tuer le général ». Son corps mutilé avait « été retrouvé avec ceux de deux principaux collaborateurs dans une vallée près de la ville rebelle de Benghazi le 28 Juillet 2011. Plusieurs de ses doigts avait été coupés, un œil arraché, son estomac à ciel ouvert et son corps brûlé. »
BBC Newsnight publiait une copie d'une « note manuscrite délivrée par le ministre de la Défense Jalal al-Dgheili, soit, le mandat d'arrêt n° : 0330BST, les raisons évoquées, concernant ce mandat, qu'il a été délivré sans autorisation appropriée et sa divulgation risque d'endommager le moral des rebelles de la tribu de Younès. Pour le « CNT » ce mandat d'arrêt était tout simplement lié à une série d'erreurs administratives (sic) qui involontairement a été livré à Younes d'entre les mains de Obaida Ibn Jarrah, un dirigeant d'un une brigade de fondamentalistes islamistes, dont certains membres avaient une dent contre lui (resic). »
Le leader du CNT Jalil déclarait lui : « La nature de l'assassinat suggère qu'il s'agissait d'un acte de vengeance personnelle », ajoutant « qu'il s'agit de représailles pour venger une opération conduite par les forces de Kadhafi contre les combattants islamistes dans l'est de la Libye dans les années 1990 pendant qu'à l'époque Abdel Fattah Younès était à avec Kadhafi ». Cependant, la famille Younès, rétorquait « que la population et les islamistes locaux de Benghasi disent qu'ils ne sont pas impliqués dans cette opération qui a conduit au meurtre du généra ». Son neveu Mohammed Hamid déclarait que : « Younes était perçu comme l'ennemi le plus dangereux parce qu'il était un ancien soldat expérimenté et ayant du charisme, il avait l'ambition de désarmer les civils et les forcer à revenir à la vie civile ».
Au cimetière lors de la mise en terre de Younes, le fils du général Younès, Ashraf s'était effondré, en pleurs et en cris : « plaidant pour le retour du « Guide libyen » qui apportera la stabilité nécessaire ». « Nous voulons le retour de Mouammar ! Nous voulons que le drapeau vert soit de retour ! » A t-il crié à la foule, en se référant à la bannière nationale de Kadhafi. « Ces milices sont hors la loi. Leur but principal est de contrôler le gouvernement de la Libye. Mais le Conseil a été faible en prenant des mesures contre eux », ajoutait-il.
En mai 2012, dans une vidéo diffusée par Libya news, un des organes de la Résistance verte (kadhafiste), un djihadiste des Katibas islamistes du pseudo CNT, soupçonné d'avoir tué l'ex général félon Abdel Fatah Younès, se défendait, derrière les barreaux d'une cellule de prison, en affirmant que « l'opération avait été montée à Paris avec le président du CNT ». C'est-à-dire avec l'appui logistique des services spéciaux français, des généraux français de l'OTAN et du régime de Sarkozy …
Dans la pratique, les exécuteurs de Younes et leurs commanditaires, en Libye, au Qatar ou à Paris – mise en cause par l'un des meurtriers (4) – n'ont pas été punis. Jusque fin novembre 2012, 13 individus ont été arrêtés (des hommes de main) et inculpés pour la mort du général, dont un juge qui a, depuis, été lui-même assassiné.
Les Obeidat frappent
Depuis la haine couve. Et la vengeance s'exerce.
Un chef d'un groupe salafiste libyen Salem Abou Khattala a affirmé ce lundi avoir échappé à une tentative d'assassinat la veille à Benghazi, dans l'est de la Libye. Selon M. Abou Khattala, l'un des dirigeants du groupe Ansar al-Charia – un groupe proche d'Al-Qaida dont il exhibe les drapeaux et qui manifeste régulièrement en Cyrénaïque (5) -, basé à Benghazi (est), « un homme a été tué et un autre blessé alors qu'ils plaçaient une bombe sur la voiture de mon frère avec l'objectif de me tuer ».
Il a affirmé que les assaillants étaient de la famille d'un officier tué avec le chef d'état-major rebelle Abdel Fatah Younes. Un responsable de la sécurité à Benghazi, deuxième ville de Libye, a confirmé la tentative d'assassinat contre Salem Abou Khattala et la mort d'un assaillant.
Benghazi vit dans un climat trouble, et a connu une série d'attaques contre des postes de police et des assassinats de responsables de la sécurité ou d'anciens rebelles. Sans oublier l'assaut des djihadistes d'Al-Qaida contre le consulat américain et le lynchage de l'Ambassadeur Stevens (6), diplomate et barbouze.
Abdeljalil, l'ex-chef du CNT, inculpé dans l'affaire de l'assaninat du général Younes
Mi décembre, coup de théâtre. Voilà Mustapha Abdeljalil inculpé. Accusé dans le cadre de l'assassinat du général Abdel Fatah Younès, en juillet 2011, il a reçu l'ordre de ne pas quitter la Libye. Louvoyant entre les Américains et les islamistes radicaux, sans pouvoir réel dans une Libye post-CNT où seule compte la force militaire, voilà l'ex leader du CNT sur la selette.
Mustapha Abdeljalil a été accusé le 11 décembre 2012 « d'abus de pouvoir et de fractionnement de l'unité nationale », selon un membre du parquet libyen, Majdi al-Baraassi, dans le cadre de l'affaire de l'assassinat du chef d'état-major des rebelles Younès. Libéré sous caution, mais il sera interdit de séjour à l'étranger jusqu'à sa comparution devant le tribunal militaire de Benghazi, le 20 février 2013, a précisé M. al-Baraassi, qui a assisté à l'interrogatoire de l'accusé.
Abdeljalil a été questionné à Al-Marj, une ville située à 100 km à l'est de Benghazi, a fait savoir le parquet. Le chef de l'alliance libérale ayant remporté les élections législatives de juillet, Mahmoud Jibril, a lui aussi été convoqué par le parquet pour un interrogatoire. M. Jibril était chef du bureau exécutif du CNT à l'époque des faits.
Ce sont ces hommes, Jibril et Jalil, que Sarkozy a reçu à l'Elysée. Ce sont ces mercenaires, ces comploteurs (7), ces assassins qu'un BHL présentait sans vergogne comme des « démocrates » et des « humanistes » …
Fin novembre 2012, des membres de la puissante tribu des Al-Obeidi, à laquelle appartenait le général assassiné, et qui contrôlent une partie des forces militaires de la nouvelle armée coloniale libyenne, avaient prévenu qu'ils prendraient eux-mêmes la justice en main si le « dossier » Younès, dans lequel 13 personnes ont officiellement été inculpées, continuait à être négligé par les nouvelles autorités libyennes. Ils avaient par ailleurs ouvertement accusé M. Abdeljalil d'avoir joué un rôle dans l'assassinat du général…
Luc Michel
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(1) Cfr. l'attaque menée il y a quelques jours contre le président du Parlement fantoche libyen, dans le silence assourdissant des médias de l'OTAN, sur : http://www.facebook.com/notes/elac-committees/-elac-alac-committees-libye-attaque-contre-megaryef-le-tra%C3%AEtre-am%C3%A9ricano-libyen-/249145831882013
(2) Cfr. Luc MICHEL : LES VRAIES INFOS SUR LA MORT DU GENERAL REBELLE LIBYEN ABDEL FATAH YOUNES ! sur : http://www.elac-committees.org/2011/07/29/luc-michel-les-vraies-infos-sur-la-mort-du-general-rebelle-libyen-abdel-fatah-younes/ et L'ANCIEN LEADER DU CNT MUSTAPHA ABDELJALIL SOUS ENQUETE OFFICIELLE POUR LE MEURTRE DE L'EX GENERAL LIBYEN YOUNES EN JUILLET 2011 sur : http://www.elac-committees.org/2012/11/20/elac-l%e2%80%99ancien-leader-du-cnt-mustapha-abdeljalil-sous-enquete-officielle-pour-le-meurtre-de-l%e2%80%99ex-general-libyen-younes-en-juillet-2011/
(3) Cfr. Luc MICHEL, COMME DANS LA FRANCE DE 1941-44, LA RESISTANCE VERTE LIBYENNE FRAPPE LES KOLLABOS OU ELLE VEUT ET QUAND ELLE VEUT ! sur : http://www.elac-committees.org/2012/08/28/elac-alac-comme-dans-la-france-de-1941-44-la-resistance-verte-libyenne-frappe-les-kollabos-ou-elle-veut-et-quand-elle-veut/ et ELAC & ALAC Committees / RESISTANCE VERTE JAMAHIRIYENNE : LE COMBAT CONTINUE ! sur : http://www.elac-committees.org/2012/08/28/elac-alac-committees-resistance-verte-jamahiriyenne-le-combat-continue/
(4) Cfr. ELAC Committees / ASSASSINAT DE L'EX GENERAL LIBYEN YOUNES : LA FRANCE DE SARKOZY EN ACCUSATION ! sur : http://www.elac-committees.org/2012/11/13/elac-committees-assassinat-de-l%e2%80%99ex-general-libyen-younes-la-france-de-sarkozy-en-accusation/
(5) Pour ceux qui – comme le nouveau gouvernement fantoche libyen – nient la présence des katibas d'Al-Qaida et d'AQMI dans les forces du CNT : Cfr. ELAC & ALAC Committees / LIBYA : AL-QAIDA OCCUPIED SIRTE WITH NATO AND TNC FORCES ! sur : http://www.elac-committees.org/2012/08/28/elac-alac-committees-libya-al-qaida-occupied-sirte-with-nato-and-tnc-forces/
(6) Cfr. Luc MICHEL : NI FLEURS NI COURONNES POUR L'AMBASSADEUR US TUE EN LIBYE ! sur : http://www.elac-committees.org/2012/09/12/elac-alac-committees-breaking-news-luc-michel-ni-fleurs-ni-couronnes-pour-l%e2%80%99ambassadeur-us-tue-en-libye/
(7) Cfr. Luc MICHEL, QUELQUES PRECISIONS SUR LA DEMISSION DU MINISTRE LIBYEN MOUSSA KOUSSA. sur : http://www.facebook.com/notes/elac-euro-libyan-action-committees/elac-committees-quelques-precisions-sur-la-demission-du-ministre-libyen-moussa-k/209574049068349
Photos : Jibril, Jalil, Sarkozy, tous dénoncés comme les commanditaires de l'exécution du général félon Younes.
source : cameroon voice
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