Crée le 12-05-2013 09H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le dimanche 12-05-2013 -11H45 PAR : ARTV NEWS
RENK (Soudan du Sud) - Il y a près de 40 ans, Leo Okwahi Lole fuyait, vers le nord, la guerre civile dans le sud du Soudan. Depuis son retour, il y a un an, il n'a vu de son nouveau pays le Soudan du Sud qu'un camp infect de Renk, près de la frontière, où il s'entasse avec sa famille et 20.000 autres "rapatriés" du Soudan.
© AFP Hannah Mcneish. Des Soudanais du Sud s'apprêtent à monter à bord d'un avion le 24 avril 2013 à Malakal, pour rentrer chez eux.
Depuis un an, il cherche un moyen de transport capable de ramener, non seulement lui et les siens, mais aussi leurs biens, vers son village de l'Etat d'Equatoria-oriental, à près d'un millier de km plus au sud, qu'il a abandonné en 1976 en raison de la violence latente persistant après la fin de la première guerre civile soudanaise, entre rébellion sudiste et pouvoir de Khartoum.
Les agences humanitaires, l'ONU et le fragile gouvernement sud-soudanais peinent à reconduire chez eux les dizaines de milliers de Sud-Soudanais regagnant leur nouveau pays depuis l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.
Et ils ne disposent ni des moyens ni de la logistique nécessaires pour prendre en charge les amoncellements de biens qui constituent la seule épargne de ces gens contraints de repartir à zéro.
Car en quittant le Soudan, de peur de se retrouver avec de la monnaie soudanaise sans valeur dans leur nouveau pays, nombre de rapatriés ont liquidé leurs économies et investi dans des meubles et biens divers.
Comme nombre de ses compagnons d'infortune, Lole refuse d'abandonner ses biens et est donc bloqué depuis un an dans ce camp insalubre.
"Les quelques biens que je possède, je ne peux pas m'en séparer, j'en ai besoin pour commencer une nouvelle vie", explique-t-il.
Quand le Soudan du Sud s'est séparé du Soudan, Lole, comme nombre de ses compatriotes travaillant au Nord, a perdu son emploi dans une usine sucrière et a dépensé une fortune pour transporter ses biens jusqu'à Renk, comptant sur l'ONU ou le gouvernement pour l'aider ensuite à rejoindre son village.
Dans le camp de Renk, de hautes piles de meubles et d'objets attendent de retrouver les quelque 400 rapatriés qui ont accepté de monter sur la barge les emmenant à Juba, à plusieurs jours de navigation sur le Nil-Blanc, en espèrant bien que leurs biens suivraient.
En 2005, l'accord de paix signé entre Khartoum et Juba, qui a mis fin à la guerre civile ayant repris en 1983, a enclenché un gigantesque mouvement de population.
L'ONU estime qu'environ deux millions de personnes - déplacées à l'intérieur du Soudan du Sud ou réfugiées au Soudan ou dans d'autres pays, voisins ou plus lointains - ont déjà regagné leurs villages d'origine. Et le mouvement se poursuit.
"Louer une barge (...) coûte plus de 200.000 dollars, il nous faut donc utiliser nos ressources aussi efficacement que possible", explique Tony Lanzer, le responsable des opérations humanitaires de l'ONU au Soudan du Sud, "nous avons ici (à Renk) environ 20.000 personnes (...) nous n'avons tout simplement pas assez d'argent pour transporter tous ces gens et leurs bagages".
Selon Peter Lam Both, qui dirige la Commission gouvernementale d'Aide et de Réinsertion, 16 millions de dollars ont bien été affecté à l'aide des rapatriés, mais les fonds sont bloqués.
En 2012 le budget du Soudan du Sud a été sérieusement amputé par l'arrêt total par Juba de sa production de pétrole, en raison un différend avec Khartoum, dont il utilise les oléoducs pour exporter son brut, arrêt qui l'a privé de 98% de ses recettes.
Après 16 mois d'arrêt, la production a repris en avril dernier, mais les ressources destinées aux rapatriés bloqués dans les camps restent maigres.
M. Both estime qu'il reste environ 250.000 citoyens sud-soudanais au Soudan et que les rapatrier chez eux pourrait coûter des millions de dollars supplémentaires. L'an dernier, l'Organisation internationale des Migrations (OIM) n'a pu rapatrier que 9.000 personnes de Renk.
"Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de problèmes pour tout le monde ici", raconte Lole, "la pluie, les abris médiocres et les moustiques, les maladies, le manque de nourriture". Il ajoute qu'il a dû commencer à vendre les biens familiaux pour survivre.
Grace Nasona, 38 ans, a elle mis ses quatre enfants sur le bateau vers Juba pour qu'il puisse quitter cet "endroit très sale".
Mais, abandonner les biens de la famille pour les rejoindre est un prix bien trop élevé pour elle: "Pourquoi devrais-je abandonner mes biens (...) Je dois emmener mes biens à Juba. Ici personne n'a d'argent, je ne peux pas les vendre".
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