Crée le 12-11-2012 11h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 12-11-2012 - 11H45 PAR: ARTV -NEWS
Du 27 au 28 novembre, la 2ème conférence internationale sur le rôle des organes de sécurité dans l'éradication des violences faites aux femmes et aux filles en Afrique se tiendra à Bujumbura. Quid des violences sexuelles au Burundi ? Rencontre avec Josiane Christa Karirengera, coordinatrice du Centre Seruka de prise en charge des victimes. (Interview réalisée par Rénovat Ndabashinze)
© Afriquinfos. Josiane Christa Karirengera.
Quelle est la situation générale des violences sexuelles ?
Elle semble être stagnante : en 2011, notre centre a enregistré 1248 cas. Durant le premier semestre de 2012, on en a dénombré 733. Ces données ne reflètent pas nécessairement la réalité : dans plusieurs endroits du pays, ces violences passent inaperçues. Les victimes n'osent pas déclarer qu'elles ont été agressées sexuellement. Les cas enregistrés proviennent surtout des provinces telles que Bujumbura-Mairie, Bujumbura rural, Bubanza, Muramvya et Cibitoke. De fait, nous avons une moyenne de 100 à 120 nouveaux cas par mois depuis l'ouverture du centre en 2004.
Comment décrire les victimes et les auteurs ?
D'abord les victimes : 70% d'entre eux sont des jeunes de moins de 18 ans et 19% ont moins de 5 ans. Les principaux auteurs de ces violences sont généralement le personnel domestique chargé de s'occuper des enfants, les voisins, les enseignants, les militaires ou les policiers. Il y a aussi des viols entre conjoints, de loin les moins connus, surtout quand il y a eu séparation.
Quelles en sont les causes et les conséquences ?
Les années de guerre ont brisé les tabous dans la société burundaise, notamment autour de la sexualité. Le désespoir, la pauvreté, la consommation des drogues et les boissons alcoolisées, les familles qui se brisent, alors que l'éducation familiale est fondamentale pour la transmission des valeurs. N'oublions pas que dans les camps de déplacés, la promiscuité a mené beaucoup de jeunes vers une découverte précoce des relations sexuelles.
En plus du risque de transmission du VIH/Sida, les victimes des viols sexuels finissent par intégrer qu'elles sont des êtres « inutiles » à leur communauté lorsqu'elles ne sont pas « réhabilitées ». Et comme la plupart des victimes sont des jeunes filles, c'est l'avenir du pays qui est compromis. La politique de limitation des naissances est battue en brèche : les cas de grossesses non désirées sont estimés à plus de 3500 dans les écoles primaires et secondaires.
Que faire pour rémédier à cette situation ?
La première réponse : une punition exemplaire des coupables. Par ailleurs, les parents doivent discuter de sexualité avec leurs enfants, les conseiller. Et comme c'est un sujet tabou dans la société burundaise, il faut que les autorités initient des programmes pour une éducation sexuelle responsable à l'école et dans les médias. On ne peut pas combattre les violences sexuelles, alors que parler de sexualité est tabou.
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