La liste la plus récente des « traîtres » à la cause de la patrie ou présumés tels, et vivant à l'étranger, comprend le général Laurent Nkundabatware, le général Faustin Munene, le chef des « Enyele » Adjani « Etoko » et le député national Roger Lumbala. Si les trois premiers cités se trouvent sous le coup des demandes formelles d'extradition adressées à leurs pays d'asile, le tout dernier pourrait l'être dans un avenir proche, à en croire le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Monde Omalanga.
Le point commun entre ces compatriotes activement attendus par les instances judiciaires nationales est leur collusion, certifiée ou supposée, avec les mouvements insurrectionnels visant la déstabilisation des institutions de la République. A la faveur de l'affaire Lumbala, nos compatriotes sont curieux de connaître l'état des dossiers d'extradition de ces compatriotes accusés d'être les têtes de pont des ennemis de la paix au pays.
Nkundabatware : dossier clos?
Victime d'une révolution de palais au sein du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) conduit par son second, le général Bosco Ntaganda, alors en instance de négocier avec le pouvoir en place à Kinshasa, le général Laurent Nkundabatware est donné pour arrêté au Rwanda en janvier 2009. L'on apprend, peu après, que le gouvernement congolais est auteur d'une demande d'extradition à l'adresse de son homologue rwandais. Apparemment, l'affaire semble dans le sac du pouvoir en place à Kinshasa, compte tenu de la normalisation des relations congolo-rwandaises, confirmée par l'opération « Umoja Wetu», qui se veut une traque conjointe des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) par les armées congolaises et rwandaises.
Plus les jours et les semaines passent, et davantage la procédure d'extradition de Nkunda se complique avant de se bloquer complètement. En effet, au finish, le régime de Kigali fait savoir à celui de Kinshasa que l'officier réclamé par les autorités congolaises est un citoyen rwandais. Par conséquent, il devrait être jugé par la justice de son pays, le Rwanda. C'est ce qui va être fait. Puis le général Nkunda, laisse-t-on croire à tous, est placé en résidence surveillée, à Kigali.
Depuis lors, les officiels de Kinshasa n'évoquent plus son extradition, en dépit de contacts et pourparlers réguliers avec leurs homologues rwandais, en rapport avec la situation sécuritaire de l'Est. Le dossier serait-il clos ? Les crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour lesquels il devrait être poursuivi seraient-ils prescrits ? Le gouvernement congolais se serait-il finalement rangé à l'avis des décideurs rwandais, qui soutiennent que Nkunda, avant d'être citoyen congolais, est avant tout Rwandais?
Munene, « Etoko » et Lumbala la machine coince ...
En dépit du forcing diplomatique de Kinshasa, Brazzaville n'a toujours pas pensé exécuter les demandes d'extradition lui expédiées au sujet du général Faustin Munene, accusé d'être le cerveau-moteur de l'attaque armée menée contre la résidence du Chef de l'Etat en février 2010, par des insurgés venus de l'autre rive du fleuve Congo, et d'Adjani « Etoko », chef de la milice des Enyele ayant occupé momentanément l'aéroport de Mbandaka en avril 2010. S'agissant du cas Munene, les autorités du Congo voisin rappellent le fâcheux précédent de son défunt oncle, Pierre Mulele, froidement exécuté par le régime de Mubutu en 1968, aussitôt après son retour d'exil de Brazzaville, à la faveur d'une amnistié. Resté aphone depuis 2010, le fugitif, déjà condamné à mort par contumance par un tribunal militaire, a donné dernièrement de la voix, revendiquant sa connexion avec toutes les «forces progressistes», dont le M23, qui se baffent le changement de régime à Kinshasa. Son dossier d'extradition semble tombé dans l'enlisement, en dépit de l'existence des relations de bon voisinage entre les deux Congo.
Celui d'Adjani «Etoko» n'a guère évolué. Pourtant, en 2010, un membre du gouvernement congolais avait annoncé son arrestation à Ipmfondo et son transfert imminent à Kinshasa. En son lieu et place, l'on avait plutôt présenté son père, un vieillard jusque-là gardé dans l'ombre. Depuis lors, le temps passe sans que l'on donne des nouvelles du fugitif.
Pour ce qui est de Roger Lumbala, son dossier ressemble à un feuilleton politico-diplomatique. Le 1er septembre 2012, il est mis aux arrêts par les services de sécurité du Burundi, à partir de l'aéroport de Bujumbura. Selon les éléments de son interrogatoire, il est de mèche avec le M23 et le régime de Kigali, dans l'entreprise de déstabilisation du pouvoir en place à Kinshasa et de balkanisation de la RDC. La rumeur de son extradition court avec force. Mais, à la surprise générale, ce député national est exfiltré vers Paris le samedi 15 septembre 2010, à la suite d'une action concertée entre les autorités burundaises, les ambassades française et sud-africaine à Bujumbura, ainsi que le HCR (Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés). De fil en aiguille, les officiels burundais révèlent n'avoir jamais reçu de demande d'extradition de la part de leurs homologues congolais. Son dossier judiciaire, constate-t-on après coup, est vide. Commentant la « fuite » de Roger Lumbala vers la France, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, n'exclut pas l'hypothèse d'une demande d'extradition du « traître » qui voudrait donner une « coloration congolaise à la rébellion du M23 ».
Bref, aucun dossier d'extradition des chefs des mouvements insurrectionnels contre le pouvoir en place à Kinshasa n'a jusque-là abouti, soit suite au refus de leurs patries d'accueil de les remettre aux mains des autorités congolaises, soit du fait de l'existence d'une quelconque procédure en la matière.
Kimp
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