Crée le 19-08-2013 10H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le jeudi 19-08-2013 -12H29 PAR : LE POTENTIEL
Forte présence militaire rwandaise à la frontière
Encore une fois, la Société civile du Nord-Kivu a constaté le renforcement des troupes rwandaises à la frontière avec la RDC. Qu'est-ce qui pourrait justifier pareille attitude alors que sur le terrain des opérations, il s'observe une accalmie due à la reprise du dialogue de Kampala entre le gouvernement et le M23 ? Que mijoterait le Rwanda après de violents combats qui ont secoué les alentours de la ville de Goma ? Conscient que rien de bon ne sortirait des pourparlers de la capitale ougandaise, Kigali se prépare à la reprise de la guerre.
Le Rwanda multiplie et intensifie des manœuvres militaires à sa frontière avec la RDC. Ce mouvement massif des troupes rwandaises a été observé par la Société civile du Nord-Kivu. Comme d'habitude, celle-ci n'a pas tardé de tirer la sonnette d'alarme.
A quel jeu jouerait finalement Kigali ? Pour les spécialistes des Grands Lacs, plusieurs hypothèses pourraient sous-tendre cette attitude va-t-en de l'homme fort du Rwanda. Celui-ci voudrait anticiper sur un éventuel échec des pourparlers repris à Kampala entre son filleul de M23 et le gouvernement congolais.
Ayant été l'un des initiateurs de ces discussions de la capitale ougandaise qui évoluent en dents de scie depuis leur lancement fin 2012 à la suite de la chute de la ville de Goma, il en maîtrise le déroulement et le dénouement. Il sait qu'il n'en sortirait qu'une souris et non une résolution marquée du sceau de paix. Le retour de la paix en RDC de même que la stabilité de la sous-région des Grands Lacs signeront la fin du régime de Kigali. Son implication dans les initiatives de paix pue l'hypocrisie à mille lieues.
Si aujourd'hui le Rwanda est présenté comme un pays « stable » politiquement et économiquement, les ressources ont été puisées dans la déstabilisation de la sous-région. Aidé par ses parrains occidentaux, il a su faire basculer la RDC dans un piège sans fin dont les principales facettes sont le génocide de 1994 et les FDLR, un groupe armé qui passe actuellement pour l'hydre des Grands Lacs. Classé force négative au même titre que le M23, ce mouvement dit rebelle au régime de Kigali est traqué et combattu depuis des décennies sans que le régime Kagame n'arrive à avoir raison de lui.
Ensuite, le régime de Kigali monte des enchères de manière à faire passer à Kampala ses pistes de solutions, par le biais du M23. Déterminé à ne jamais renoncer à occuper la RDC soit directement ou indirectement, le Rwanda voudrait garder un pied à terre dans l'Est et un bras à Kinshasa. De cette manière, il peut, en cas d'absence de guerre, poursuivre son contrôle sur l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC. Sa survie en tant que pays « stable » en dépend.
Ainsi, en brandissant le spectre de la guerre, Kigali voudrait étaler sa forte capacité de nuisance. C'est tout simplement un chantage. Il voudrait pousser la communauté à le considérer comme un acteur incontournable dans ce qui se décline en termes d'initiative de paix, de stabilité et de développement dans les Grands Lacs.
Il s'est complu dans cette situation des décennies durant après avoir renfermé également la communauté internationale dans une sorte de prison de culpabilité relativement au génocide de 1994. Il en a tiré de gros dividendes en soutiens financiers et autres de la part des puissances occidentales qui ont reconnu avoir une conscience chargée.
L'autre piste à explorer renvoie à la volonté de déstabilisation de la région des Grands Lacs qu'a toujours affichée Kigali. Des témoignages, comme ceux rapportés par BBC, citant des sujets rwandais qui ont abandonné les rangs du M23, corroborent cette thèse.
Tout est parti en 1996 avec le lancement de la rébellion, financée essentiellement par Kigali, menée par les troupes coalisées de la l'AFDL. Après la chute de Kinshasa en mai 1997, la guerre des clans a laminé l'AFDL, suscitant en août 1998 une autre rébellion, partie de l'Est de la RDC et financée également par Kigali. D'autres mouvements rebelles, appuyés soit par le Rwanda, soit par l'Ouganda vont écumer toute la partie orientale de la RDC.
A l'analyse, ayant pris goût à exploiter illégalement les ressources naturelles, Kigali a créé une véritable entreprise de contrebande en RDC. L'usure du temps a fait qu'à ce jour le chantage des années 90 ne fait plus florès. Kigali a choisi de se lancer dans le jeu des têtes brûlées. Il se pose en cascadeur prêt à effectuer le saut périlleux, avec cette particularité d'entraîner dans sa chute toute la sous-région. Pour celles de grandes puissances qui ont encore le sens de l'humanité ou de l'humanisme (c'est selon) seraient disposées à négocier avec l'homme fort du Rwanda pour l'empêcher de commettre le pire.
Cette analyse tient au fait que le nouveau mouvement massif des troupes rwandaises à la frontière avec la RDC intervient dans un contexte caractérisé par une trêve sur le terrain des opérations, après de violents combats qui ont secoué dernièrement les alentours de la ville de Goma.
Les hostilités ont été interrompues, bien sûr, par un coup de sifflet de la CIRGL, sous la pression de la communauté internationale, mais c'est surtout au moment où l'ennemi accumulait des défaites sur le front. Dans leur offensive, les FARDC ont, entre autres, été délogé le M23 de l'un de ses plus importants bastions, à savoir la localité de Kibati.
Pris de panique, le M23 n'a trouvé d'issue qu'avec la réouverture des pourparlers de Kampala. Là aussi, il n'est pas sûr d'avoir gain de cause, Kinshasa ayant clairement opposé une fin de non recevoir aux nouvelles revendications de cette force négative, notamment la neutralisation des FDRL, le retour des réfugiés rwandais disséminés dans la région des Grands Lacs et la création d'une zone tampon autour de Rutshuru.
Il nous revient que le Rwanda n'a pas digéré cette victoire des FARDC sur son filleul qu'il avait armé en conséquence. Quid ? Au-delà des discussions qui végètent à Kampala, Kigali rumine encore cet échec du M23 qui équivaut à sa propre défaite militaire. Enfin, l'autre front auquel fait face Kigali, c'est la population congolaise dans l'Est qui ne cache plus son sa détermination à en découdre avec le Rwanda, en cas de tergiversations de Kinshasa. Aussi se met-il sur la défensive pour parer à toute éventualité.
L'on se rappelle des manifestations populaires qui ont secoué Goma à l'annonce de la permutation du commandant des opérations au front, le colonel Mamadou Ndala. Tout récemment, l'arrestation en zone neutre d'un militaire congolais a failli embraser la région. La population de Goma – encore elle – était prête à traverser la frontières, rapportent des sources locales, pour se battre à mains nues au contre l'armée rwandaise. Une preuve patente de vives tensions qui règnent de part et d'autre de la frontière.
SORTIR DE LA TORPEUR
Quelle sera dès lors l'attitude de Kinshasa, Kigali ayant clairement démontré sa mauvaise foi à aider à une paix durable dans l'Est du pays ? Des observateurs de la région sont formels sur un point. La guerre, soutiennent-ils, reste la seule issue efficace pour une paix durale dans l'Est du pays. « Qui veut la paix prépare la guerre », renseigne un vieil adage. Kigali s'y prépare déjà. Rien n'empêche Kinshasa de faire de même, au nom de la sauvegarde de l'intégrité de son territoire national.
Il faut sortir de la torpeur. A l'ouverture le 7 septembre 2013 des concertations nationales, le chef de l'Etat, Joseph Kabila, l'a promis dans des termes clairs : « Aucun effort ne sera ménagé pour que les réunions de Kampala aboutissent à la restauration de la paix et de l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue du territoire national, faute de quoi nos Forces armées assumeront ce devoir ». C'est tout dire.
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