© AFP Nichole Sobecki. Capture d'écran d'une vidéo de l'AFP-TV montrant les forces de sécurité en position pendant l'attaque d'un centre commercial à Nairobi, le 21 septembre 2013 au Kenya.
"J'étais sur le toit du +Westgate Mall+, dans le parking" de ce centre commercial, un imposant bâtiment beige de quatre étages dans le quartier aisé de Westlands.
"Soudain, j'ai entendu des cris et des coups de feu partout", raconte-t-il depuis son lit de l'hôpital MP Shah, où il est soigné pour des brûlures aux mains et à la poitrine.
"J'ai eu peur. J'ai essayé de descendre les escaliers mais j'ai vu quelqu'un au contraire foncer vers les étages, j'ai fait demi-tour et me suis caché à mon tour", se souvient-il.
Il dit s'être allongé au sol, faisant le mort. L'un des assaillants s'est approché, l'a observé pendant d'interminables secondes.
"Heureusement il a fini par partir", dit-il. "Après un moment, la police est arrivée et nous avons été évacués".
Selon le directeur de l'hôpital, Manoj Shah, plus de 100 blessés ont été admis dans son seul établissement après l'attaque contre le Westgate, revendiquée dans la soirée par les islamistes somaliens shebab liés à Al-Qaïda.
Appels aux dons de sang
"Nous ne pouvons pas accueillir une seule personne de plus" dans l'hôpital, a déploré M. Shah, appelant les habitants de Nairobi à faire des dons de sang.
D'après lui, 11 morts ont été amenés à son hôpital. Au moins 39 personnes au total ont péri dans l'attentat, avec 150 blessés, selon les autorités.
L'opération a été revendiquée par les islamistes somaliens shebab liés à al-Qaïda, qui ont précisé sur leur compte Twitter que "seuls les infidèles ont été visés par cette attaque". "Tous les musulmans dans le Westgate ont été évacués par les moujahidines", ont-ils affirmé.
Un autre survivant, Jay, dit avoir vu les shebab rassembler des clients, leur poser des questions - probablement pour savoir s'ils étaient musulmans - et en exécuter certains.
"Ils parlaient quelque chose qui ressemblait à de l'arabe ou du somali", selon Jay. "J'ai vu des personnes être exécutées après qu'on leur a demandé de dire quelque chose".
Kenneth Kerich faisait lui aussi tranquillement ses courses lorsque les balles ont sifflé et la panique a éclaté dans des hurlements: pères de famille courant en tous sens avec leurs enfants dans les bras, fuyards à la recherche désespérée d'un abri, victimes ensanglantées et agonisantes sur le sol, les visages crispés par la peur ou la douleur.
"Soudain j'ai entendu des coups de feu et tout le monde s'est mis à courir. Je me suis allongé au sol. J'ai vu deux personnes tomber et saigner, je pense qu'elles ont été touchées par des balles", a-t-il raconté après avoir réussi à fuir le carnage.
"Au départ nous pensions que c'était la police qui affrontait des voleurs. Mais nous n'avons pas pu nous enfuir avant que les policiers n'entrent (dans le centre commercial), tirent en l'air et nous disent de sortir", d'après M. Kerich.
Sudjar Singh, employé du centre, s'en est sorti de justesse: "Les hommes armés ont tenté de me tirer dans la tête mais ils m'ont manqué. Au moins 50 personnes ont été touchées" par des balles, a-t-il estimé.
Dans sa tête, une image qu'il n'oubliera pas: le cadavre d'un enfant en train d'être évacué du centre commercial, un imposant bâtiment beige rectangulaire.
"Le petit garçon était évacué sur un caddie, il devait avoir cinq ou six ans. Il avait l'air mort", se souvient-il, les yeux rougis par l'émotion.
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