Crée le 20-08-2013 09H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 20-08-2013 - 09H50 PAR : ARTV NEWS
Le Caire (© 2013 AFP) - Le guide suprême des Frères musulmans a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi en Egypte, où les forces de l'ordre répriment dans le sang les partisans du président destitué Mohamed Morsi.
© AFP/Archives Mahmoud Khaled. Le guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie, le 8 décembre 2012 lors d'une conférence de presse au siège de son organisation au Caire
La spirale de la violence s'est accélérée avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures dans le pays.
Mohamed Badie, le chef de l'influente confrérie du président destitué Mohamed Morsi, a été capturé avec deux autres hauts dirigeants du mouvement dans un appartement tout près de la place Rabaa al-Adawiya, sur laquelle plus de 280 partisans du chef de l'Etat déchu avaient été tués mercredi lors de la première opération de la police et de l'armée contre les rassemblements de manifestants islamistes.
Les télévisions publiques comme privées égyptiennes qui soutiennent quasi-unanimement le coup de force des militaires ont diffusé dans la nuit des images de M. Badie, 70 ans, emmené par la police et assis dans un bureau, l'air prostré dans sa jalabiya blanche, la longue tunique égyptienne traditionnelle.
Arrestation pour "incitation à la violence"
La justice avait ordonné son arrestation notamment pour "incitation à la violence", ainsi que celle de plusieurs autres cadres importants des Frères musulmans, le 10 juillet, une semaine après que l'armée eut destitué et arrêté M. Morsi, premier chef de l'Etat égyptien élu démocratiquement.
Depuis six jours, et malgré le tollé déclenché dans la communauté internationale qui dénonce un "carnage", le pouvoir mis en place par l'armée a ordonné la dispersion systématique --et dans le sang-- de toute manifestation des pro-Morsi. Les heurts avec les forces de l'ordre ont fait au total près de 900 morts depuis l'assaut de la place Rabaa mercredi, des civils partisans des Frères musulmans pour la plupart, tués par balles dans la majorité des cas.
Le pouvoir a donné il y a quatre jours l'autorisation aux soldats et policiers d'ouvrir le feu sur les manifestants s'en prenant aux biens publics et aux forces de sécurité. Le chef de l'armée et nouvel homme fort de l'Egypte, le général Abdel Fatah al-Sissi, a martelé dimanche que son pays ne "pliera pas" devant les "terroristes", ainsi que le pouvoir et les médias qualifient les Frères musulmans.
Plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont également été arrêtés, dont les cadres les plus importants des Frères musulmans, qui doivent être jugés à partir du 25 août, comme M. Badie.
Le propre fils de M. Badie a lui-même été tué par balles durant une de leurs manifestations "contre le coup d'Etat" vendredi au Caire.
8e guide suprême des Frères musulmans
M. Badie est le 8e guide suprême des Frères musulmans, élu en janvier 2010 à la tête de la confrérie qui a remporté les premières législatives libres du pays début 2012, un an après la chute de Hosni Moubarak.
Lundi matin, dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, des assaillants ont attaqué lundi à la roquette deux minibus de la police, tuant au moins 25 policiers qui se rendaient à Rafah. Cette attaque, la plus meurtrière visant les forces de l'ordre depuis des années, porte à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours.
Dimanche soir, dans des circonstances encore troubles, 37 détenus issus de la confrérie de M. Morsi, les Frères musulmans, ont péri asphyxiés dans un fourgon qui les transportait vers une prison du Caire, la police évoquant une tentative d'évasion. Le camp de M. Morsi a dénoncé un "assassinat".
Dans le pays, les médias unanimes et une grande partie de la population qui considèrent désormais les Frères musulmans comme des "terroristes", soutiennent la méthode forte de l'armée, qui a suscité à l'étranger une vague de critiques de plus en plus virulentes.
Human Rights Watch (HRW) a demandé lundi au gouvernement égyptien de cesser de tirer sur les manifestants, contestant également le bilan des morts établi par l'armée.
Amnesty International a dénoncé un "carnage total", et déploré la "faiblesse" des réactions internationales.
Les pays de l'Union européenne, qui se sont dits prêts à "réexaminer" leurs relations avec Le Caire, tiennent une réunion ministérielle mercredi sur le sujet.
Les Etats-Unis ont lancé un appel à la réconciliation et dit continuer à examiner l'aide qu'ils fournissent à l'Egypte --1,5 milliards de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée--, tout en reconnaissant que leur capacité d'influence y était "limitée".
Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a assuré de son côté que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l'Égypte.
L'état d'urgence et le couvre-feu décrétés jeudi restent en vigueur mais une vie quasiment normale la journée a repris lundi au Caire, mégalopole de 20 millions d'habitants, si ce n'est que les chars de l'armée sont déployés sur toutes les grandes artères.
M. Morsi était accusé par ses détracteurs, et des millions de manifestants fin juin, d'avoir accaparé le pouvoir au profit des Frères musulmans et d'avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue.
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