Crée le 28-04-2013 13H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le dimanche 28-04-2013 - 13H20 PAR : LE PHARE
Les résultats bruts du recensement administratif de la population congolaise pour l'exercice 2012, tels que livrés par le ministre de l'intérieur, ont scandalisé plus d'un sénateur hier au Palais du Peuple. Ils ont eu du mal à croire leurs oreilles en apprenant que la ville-province de Kinshasa n'alignait que 6 millions d'âmes, contre plus de 13 millions au Bandundu, 12 millions à l'Equateur, 12 millions à la Province Orientale et 12 millions au Katanga. Certains se sont sérieusement interrogés sur la fiabilité de ces statistiques dont la sommation donne plus de 70 millions d'habitants, chiffre présenté comme celui de la population globale de la République Démocratique du Congo.
Là où le ministre de l'intérieur s'est fait avoir, c'est au niveau des provinces du Sud-Kivu, du Kasaï Occidental et du Kasaï Oriental, pour lesquelles aucun chiffre n'a pu être avancé. S'il faut prendre en compte ces trois provinces « effacées » du fichier du ministère de l'intérieur, la RDC Congo devrait logiquement être peuplée de plus de 80 millions d'habitants. Comment prendre au sérieux le recensement administratif de 2012 avec trois provinces qui manquent à l'appel ? Les sénateurs ont refusé de croire que le Bandundu, l'Equateur, la Province Orientale et le Katanga, où l'on rencontre de vastes étendues de forêts inhabitées, hébergent plus de citoyens que la ville de Kinshasa. La capitale, tout le monde peut le constater, a déjà crevé le plafond de 10 millions d'habitants, avec les vagues des Congolais de l'arrière-pays qui fuient, chaque jour, leurs milieux d'origine à cause de la misère, de l'insécurité, du chômage, des épidémies, du manque d'eau et d'électricité, etc.
Au jour d'aujourd'hui, avec les guerres, les maladies, les mauvaises conditions de vie, l'exode rural et la ruée des députés, sénateurs, ministres, mandataires publics, responsables de l'armée, de la police et des services des renseignements sur Kinshasa, aucune province de la République ne peut prétendre dépasser la capitale en termes de population. D'où les statistiques du ministère de l'intérieur ne peuvent qu'être sujettes à contestation.
La recette Mobutu réchauffée?
Suite aux dégâts causés dans l'opinion nationale par les « interpellations » des mandataires publics et Commissaires d'Etat (ministres) au Conseil Législatif (Parlement), en 1977, le président Mobutu avait pressenti une menace sournoise contre son pouvoir autocratique au sein de l'hémicycle. Afin de s'aménager une majorité mécanique lors des élections législatives annoncées pour 1982, il n'avait pas trouvé mieux que de donner au Commissaire général au Plan, Mulumba Lukoji, la consigne de présenter les provinces de l'Equateur, du Haut-Zaïre (Province Orientale) et du Shaba (Katanga) comme les plus peuplées de la République.
Par conséquent, chacune d'elle devait afficher, à chaque recensement, scientifique ou administratif, au moins 5 millions d'habitants. L'objectif visé était de sortir, rien qu'avec ces trois provinces, au moins 150 Commissaires du Peuple (députés), acquis à sa cause, à raison d'un élu par tranche de 100.000 habitants, selon la Loi électorale de l'époque. Pour un Parlement d'environ 300 élus, l'affaire était dans le sac à chaque joute électorale.
Au regard des chiffres du recensement administratif de 2012, les observateurs ont l'impression que la vieille recette de Mobutu est en train d'être réchauffée.
Il est à espérer que ce n'est pas le cas car le recensement administratif ou scientifique devrait avoir pour finalité de mettre à la disposition de ceux qui gèrent la République des données démographiques fiables pouvant leur permettre de planifier correctement les projets de développement. Il n'est pas possible d'avoir des politiques efficaces d'aménagement ou de réhabilitation des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, administratives, scolaires, universitaires, sanitaires, industrielles, énergétiques, agro-pastorales, culturelles.., sans connaître le nombre exact des populations de l'ensemble du pays, de chaque province, de chaque ville, de chaque district, de chaque territoire, de chaque secteur, de chaque village, de chaque commune ou de chaque quartier. A ce niveau, s'il l'on continue d'entretenir des chiffres mensongers, dictés par des calculs électoraux ou politiciens, ceux- ci risquent de se retourner, aujourd'hui ou demain, contre les génies du mal.
Kimp
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