Crée le 19-02-2013 09H20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 19-02-2013 -09H40 PAR: CONGO NEWS
Jean-Pierre Ondekane risque de répondre demain du massacre du Camp Katindo. Le dossier est déjà bouclé et les familles des victimes s'apprêtent déjà à saisir la justice internationale. Détails dans le prochain numéro. Ci dessous remake.
Des Tutsis congolais rappellent à la mémoire collective «le massacre oublié» du camp Katindo, dans la ville de Goma. Un rap¬pel qu'ils ont fait à la faveur de la Journée internationale pour la protection des minorités célébrée chaque 13 novembre. Un mémorandum a été élaboré à l'occasion pour retracer les événements du 11 novembre 1997 qui ont conduit à l'«exécution publique», au camp Katindo, de plusieurs officiers et soldats tutsis comptés dans les rangs de l'ex-rébellion de l'AFDL. Le mémo met en cause directe¬ment le Général Jean-Pierre Ondekane alors commandant de la 2ème brigade des ex-FAC -Forces armées congolaises- en province du Nord-Kivu. L'ordre de tirer est venu de lui, selon les témoignages des survivants de ce carnage. «Nous sommes entrain de constituer le dossier pour que Jean-Pierre Onde¬kane en réponde un jour de¬vant la Cour pénale internatio¬nale», promettent des familles des victimes. Le «massacre oublié» de Katindo est l'his¬toire des quelques centaines de Tutsis congolais réfugiés au Rwanda à l'époque des troubles meurtriers dans le Masisi-Wali¬kale, au début des années 90. Dans un contexte d'une difficile coexistence, des conflits en¬tre communautés avaient pris pour cible les Tutsis avec un bilan lourd de plusieurs morts. Le Maréchal Mobutu avait alors déployé les opérations Kimia et Mbata Masisi qui avaient aggravé la situation plutôt de conduire à l'apaisement.
Pour se mettre à l'abri, des dizaines de milliers des Tutsis congolais s'étaient réfugiés au Rwanda et dans les autres pays voisins. Dans les camps des réfugiés au Rwanda, nombreux avaient appris le métier d'armes sans parler des autres qui avaient rejoint l'ex-FPR -Front patrioti¬que rwandais- dans le maquis en Ouganda pour combattre jusqu'à la chute du régime de Juvénal Habyarimane en avril 1994. Ces combattants consti¬tueront, plus tard, le gros de troupes de l'AFDL. Quand cel¬le-ci triomphe en mai 1997 sur l'armée de Mobutu, ses «com¬battants anciens du Rwanda» reprennent en choeur la re¬vendication qui a motivé leur engagement, le retour de leurs parents réfugiés sur le terri¬toire national. S'installe alors un malentendu entre eux et l'état-major de l'armée rwan¬daise dirigé, à l'époque, par le Général Kayumba Nyamwasa aujourd'hui en exil en Afrique du Sud. Kayumba a ordonné le rapatriement de ces «cambat¬tants» qui de leur côté ne se considèrent pas, avec raison, rwandais. James Kaberebe, alors chef d'état-major géné¬ral de l'armée de la RD-Congo sous Laurent-Désiré Kabila, s'apprête à exécuter l'ordre. Si ces «anciens du Rwanda» sont éparpillés dans plusieurs régions militaires, ceux qui constituent l'épine dorsale du mouvement sont positionnés à Goma. Ils sont estimés à quel¬ques 700 hommes. Leur porte-voix s'appelle Abdoul Murekezi. Il porte les galons de Colonel et trône à la tête du Bataillon PM de la ville de Goma. C'est lui qui les amène à rétorquer, sur place, aux autorités militaires rwandaises s'ils trouveraient juste et normal d'être rapatriés en Ouganda où ils ont combattu jusqu'à l'accession de Yoweri Museveni au pouvoir. Voilà qui est pris pour un acte d'insubordination. Décision est donc prise de recourir à la manière forte. Sans qu'il ne se doute un seul instant de ce qui se trame lui, Murekezi conduit ses hommes à un rituel ordinaire de moralisa¬tion des troupes convoqué dans la matinée du 11 novembre au camp Katindo sous les ordres du Général Ondekane.
Ce dernier est là pour prendre la parole lorsque soudain plusieurs balles transpercent le corps de Mure¬kezi qui s'écroule. Ses hommes désarmés seront canardés com¬me des lapins. Bilan: plusieurs dizaines de morts et de bles¬sés qui n'ont pas eu le temps de réaliser à quel moment les hommes plantés en face d'eux se sont transformés en un pe¬loton d'exécution. Les survi¬vants ont embarqués dans des camions de l'armée rwandaise pour être acheminés dans des cachots au Rwanda. Ils seront transférés, six mois plus tard, sur l'île d'Iwawa, non loin de l'île d'Ijwi, dans le lac Kivu. Ils ne retrouveront la liberté qu'avec l'éclatement de la nouvelle ré¬bellion en août 1998 pour com¬battre dans les rangs du RCD-Goma. «Nous revendiquons une seule chose, que ce journée du 11 novembre soit célébrée un jour en mémoire de la protec¬tion de la minorité tutsi», a af¬firmé à «CONGONEWS» un offi¬cier des «anciens du Rwandais» retourné à la vie civile. Le même officier se demandent pour¬quoi les autres ne croient pas à leur allégeance à la RD-Congo. «Nous sommes là pour servir la RD-Congo. Nous sommes cho¬qués de constater que chaque fois qu'il y a crise entre Kins¬hasa et Kigali, on nous accuse de prendre le parti du Rwanda. Nous rassurons nos compatrio¬tes de notre loyauté à la nation congolaise et leur demandons de faire la part des choses pour ne pas généraliser le cas d'un individu et d'un autre qui tra¬hit», exhorte l'officier retraité. (IN CONGONEWS n°515 du 17 novembre 2012).
MATTHIEU KEPA
0 comments:
Post a Comment