Crée le 07-12-2012 02H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 07-12-2012 11H15 PAR:LE POTENTIEL
Trois mois auparavant, Le Potentiel avait vu juste: Sur décision de la direction Afrique du FMI, les gesticulations de la RDC sur la publication des contrats signés par la Gecamines ont conduit à l'arrêt du PEG 2. Les conséquences sont gravissimes. Près de 240 millions USD de soutien à la balance des paiements sont hypothéqués, sans compter la perte de la crédibilité du pays sur la place financière internationale. Les séquelles de la désinvolture du gouvernement vis-à-vis de ce dossier risquent d'être indélébiles.Or, trois mois auparavant, Le Potentiel avait tiré la sonnette d'alarme en voyant venir le danger. Cela lui avait attiré toutes les foudres de l'enfer. Aujourd'hui, quel gâchis !
Depuis la reprise en 2002 de la coopération structurelle entre la RDC et le Fonds monétaire international (FMI), Kinshasa n'a pas encore réussi à boucler avec succès un programme soutenu formellement par cette institution née des accords de Bretton Woods. Lancé en avril 2002, le premier Programme économique du gouvernement (PEG 1) négocié avec le FMI s'est terminé en catastrophe le 31 mars 2006.
Le PEG 2, qui l'a suivi trois ans plus tard, vient de connaître le même sort. A l'instar de son prédécesseur, le PEG 2 a terminé la course dans les airs, disparu des radars du FMI avant même qu'il n'ait atteint sa destination. Muzito garde ainsi le maillon jaune d'avoir conclu de manière satisfaisante un programme avec le FMI.
Pourtant, après l'atteinte en juillet 2010 du point d'achèvement de l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés), tous étaient convaincus que le gouvernement Matata réussirait l'exploit de conduire à bon port le programme légué par l'équipe Muzito. Erreur ! L'élan pris par le PEG 2 vient d'être stoppé net. Raison : une correspondance adressée par la directrice Afrique du FMI au ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi.
Les mots durs du FMI
Datée du 30 novembre 2012, la lettre fatale indique clairement que le FMI ne compte plus poursuivre le jeu de cache-cache avec la RDC sur le principe de la transparence dans le secteur des ressources naturelles. Et pourtant, pas plus tard qu'en septembre 2012, les experts du FMI avaient conclu que « Les résultats économiques de la RDC se sont nettement améliorés, mais les progrès dans la lutte contre la pauvreté et dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement ont été lents. Des politiques macroéconomiques prudentes et des réformes structurelles ont été à la base de bons résultats et ont permis à la RDC de bénéficier, au milieu de 2010, d'un allègement de la dette au titre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) renforcée ».
Sans équivoque, Antoinette M. Sayeh, directrice au département Afrique du FMI, porte à la connaissance du ministre Patrice Kitebi que son institution est « d'avis que les précisions apportées par la suite ne contiennent pas tous les éléments requis pour satisfaire la condition préalable ».
En fait, la condition préalable pour bénéficier de la prorogation de l'accord au titre de la Facilité élargie de crédit au-delà du 10 décembre 2012 reposait sur le principe de la publication des contrats signés par la Gecamines.
N'ayant pas reçu du répondant de la part du gouvernement, la directrice du département Afrique du FMI tranche : « Par conséquent, nous sommes au regret de vous informer qu'il a été décidé de laisser l'accord FEC expirer le 10 décembre 2012 ». Elle ne se limite pas en si bon chemin : « Ce qui implique que la conclusion de la quatrième revue du programme dans le cadre de l'accord FEC ne pourra avoir lieu ». Pour un couperet, c'en est un. Et c'est clair comme l'eau de roche !
Selon l'agence américaine Bloomberg, le FMI avait mis en cause « l'incertitude autour d'une opération minière remontant à 2011, conclue entre la Gecamines, une société commerciale totalement détenue par l'État congolais, et un acheteur mystérieux, baptisé Straker International Corp »
Le FMI aurait jugé les éléments divulgués par la RD Congo insuffisants. « Nous avons appliqué le concept d'une conditionnalité stricte parce que nous croyons que la transparence dans le secteur minier est un élément clé pour le pays », aurait déclaré à Bloomberg Oscar Melhado, le représentant du FMI en RDC.
Le gouvernement n'avait d'autre choix que d'encaisser le coup. Lors de la réunion hebdomadaire de la troïka stratégique, lundi dernier autour du Premier ministre, il a juste « pris acte », évitant toute forme de commentaire. Mais, devant la presse, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu Mulongo, s'est voulu à la fois optimiste et rassurant, rappelant, à l'occasion, que le gouvernement avait sollicité du FMI une dérogation pour aplanir d'éventuelles divergences avant la date fatidique du 10 décembre 2012.
Ce qu'a d'ailleurs reconnu, dans sa correspondance, Antoinette M. Sayeh. Malgré l'arrêt du PEG 2, le dialogue n'est pas pour autant rompu, relève-t-on dans cette correspondance. Selon la directrice du département Afrique du FMI, « l'équipe pays est disposée à se rendre à Kinshasa à votre convenance (Ndlr : du gouvernement de la RDC) afin d'évaluer les dispositions nécessaires en vue de la mise en œuvre d'un nouveau programme appuyé par le FMI ».
Sauf que de l'avis du FMI, le PEG 2 se conjugue désormais au passé. Si bien que toute autre discussion avec la RDC ne pourrait porter que sur un nouveau programme, autre que le PEG 2.
Le gâchis
L'arrêt brutal a fait voler en éclats trois années d'effort inlassable de stabilisation du cadre macroéconomique. Si le gouvernement a réussi à aligner de bons indicateurs sur les plans financier, économique et monétaire, il a cependant péché dans la conduite des réformes structurelles convenues en décembre 2009 avec les services du FMI.
Après tant d'efforts et de sacrifices consentis par la population, il n'est pas normal qu'aucun bénéfice ne soit tiré. Près de 240 millions USD échappent à l'escarcelle du gouvernement ; alors qu'ils devraient venir en soutien à la balance des paiements. Ce n'est pas la Gecamines qui les engrangera pour le compte du Trésor public. Le gouvernement et sa technostructure, essentiellement la Gécamines, n'ont pas joué le jeu de la transparence vis-à-vis des partenaires et de la nation entière.
Prendre acte de cette décision du FMI ne suffit pas. Il faut aller au-delà, en s'inclinant aux exigences librement acceptées de rendre publics les contrats signés. La Gecamines, bien que transformée, demeure une société détenue à 100% par l'Etat congolais. De ce point de vue, elle se sent liée aux engagements souscrits par l'Etat congolais, comme ceux contenus dans le PEG 2. Pour avoir méconnu cette vérité, la Gecamines a participé au naufrage du PEG 2, mettant en déroute tous les efforts consentis depuis 2001 pour rétablir la crédibilité internationale de la RDC.
Qu'on le veuille ou pas, minimiser ce qui vient d'arriver serait encourager l'irresponsabilité dans le chef de ceux pour qui la transparence n'a aucun sens. De l'irresponsabilité à l'inconscience, le pas est vite franchi.
Le martyr du Potentiel
Dès que les signaux s'étaient faits remarquer, Le Potentiel, journal avant-gardiste ne s'était pas interdit de tirer la sonnette d'alarme, se permettant même de voguer à contre-courant à l'époque. Cette dose de courage lui avait valu une volée de bois verts de la part de certains ténors du gouvernement. Des conférences de presse furent organisées, des artifices fiscaux furent activés pour museler les médias de ce groupe de presse.
Et pourtant, il aurait suffi d'écouter cette voix de la raison pour éviter cette humiliation et cette catastrophe à la République et au peuple congolais, après avoir réussi le plus difficile en matière de gestion et consentis tant de sacrifices.
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