Crée le 07-12-2012 14H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 07-12-2012 14H15 PAR:LE FIGARO
Un convoi des rebelles du M23, mercredi, près de la frontière ougandaise. Crédits photo : Jerome Delay/AP Les rebelles devaient se retirer à 20 kilomètres de Goma avant que ne s'ouvrent les négociations. Le compte n'y est pas et pas davantage la confiance.
Envoyée spéciale à Goma
Trois hommes assis sur un banc au bord de la route, d'autres en train de faire leur marché, les soldats du M23 ne cherchent même pas à dissimuler leur présence. À six kilomètres du centre de Goma, ils ne respectent pas leur engagement de se retirer à 20 kilomètres de la capitale du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo. «Le texte de l'accord n'est pas précis», se défausse un des membres du mouvement avant d'ajouter, avec un grand sourire ironique, «on est des politiques, on joue sur les mots, c'est normal.»
Selon cet accord, signé samedi dernier à Kampala en Ouganda, ce retrait était le préalable à la tenue des négociations avec le président congolais, Joseph Kabila. Le leader du mouvement des rebelles du M23, le pasteur Jean-Marie Runiga, a choisi, lui, de s'installer à Bunagana, à la frontière ougandaise. «On n'a pas confiance en Kabila, il a toujours promis des réformes sans jamais rien faire. C'est pour ça que mes hommes restent près de Goma, pour continuer à mettre la pression sur les autorités, leur rappeler qu'on est là, à l'affût de la moindre faute pour revenir.»
Les réunions n'ont pas encore commencé que les différends semblent se multiplier. D'abord sur la composition des équipes. Certains parlent déjà de plus de quarante représentants du côté du gouvernement congolais, avec des membres de l'Assemblée nationale, du Sénat et d'autres institutions. Pour l'équipe de Jean-Marie Runiga, «ce n'est qu'une façon d'essayer de nous impressionner. On ne va pas négocier avec autant de monde, les discussions vont se diluer dans la masse, c'est contre-productif.»
«Il est temps de faire sortir le Congo de ce marasme»
Au départ, les revendications du M23 portaient essentiellement sur le respect des accords du 23 mars 2009, c'est-à-dire l'intégration d'anciens supplétifs dans l'armée régulière congolaise. Ces Tutsis avaient été mobilisés autrefois par Kinshasa pour lutter contre les rebelles hutus rwandais dans la région sous la bannière du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP). Depuis, les revendications se sont étendues à des préoccupations sociales et économiques. Mais le gouvernement congolais refuse d'élargir les discussions. «Nous n'avons promis qu'une chose, les écouter sur la base de ce qui a provoqué leur création, c'est-à-dire la prétendue non-exécution des accords de 2009», rétorque le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende. «Leur attitude est absurde, voire dangereuse», martèle le pasteur Jean-Marie Runiga. «On n'a pas pris Goma pour faire du folklore à Kampala. Vous nous imaginez vraiment venir et ne pas parler des sujets de société? Il est temps de faire sortir le Congo de ce marasme. On n'a toujours pas de routes, de chemins de fer, ni de compagnie d'aviation nationale. La population n'a pas de travail, pas d'argent, pas d'école non plus, il faut améliorer ses conditions de vie au plus vite.»
Autre sujet de discorde, le lieu même des négociations. Selon un groupe d'experts du Conseil de sécurité des Nations unies, le Rwanda et l'Ouganda voisins auraient soutenu la rébellion en lui fournissant armes et aide logistique. Kigali et Kampala s'en défendent, mais le rôle de médiateur joué par ce dernier s'en trouve affaibli. «Pour plus de neutralité et pour apaiser les esprits, il serait judicieux de déplacer les débats», propose Jean-Marie Runiga.
Cette crise a coûté cher au président Kabila. Il n'a jamais réagi publiquement, mais son autorité semble avoir beaucoup souffert de cette énième rébellion. Il pourrait même ne pas se rendre à Kampala pour rencontrer les représentants du M23.A
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