Les prisonniers présentés par l'armée congolaise à la presse, le 12 décembre à Kinshasa. © AFP
L'armée congolaise a présenté 38 hommes suspectés d'être des rebelles du M23 ou des soldats rwandais arrêtés sur le territoire de RDC avant la prise de Goma, le 20 novembre dernier. Des accusations que Kigali a d'autant moins de mal à réfuter qu'elles ont toutes les apparences d'une opération de communication.
Après que le gouvernement congolais a présenté à la presse, mercredi 12 décembre, un groupe de 20 soldats rwandais accompagnés de 18 rebelles présumés qui auraient été capturés dans l'est de la RDC avant la prise de Goma par le M23 (le 20 novembre), Kigali a fermement démenti que ses militaires aient pu se trouver en zone de guerre congolaise. « C'est une fausse accusation, a rétorqué le porte de l'armée rwandaise, le général Joseph Nzabamwita. Si c'était exact, les FARDC [Forces armées de RDC, NDLR] et les autorités de RDC auraient dû montrer ces soldats (...) au mécanisme de vérification conjoint à Goma. »
Il s'agit d'un organisme régional chargé de contrôler la frontière rwando-congolaise, mais il est notoirement inopérant. Difficile, en réalité, de démêler le vrai du faux dans cette histoire. Même les autorités congolaises, qui lancent de graves accusations contre le Rwanda, ne semblent pas convaincues du bienfondé de leur démarche.
Déclaratoins contradictoires
Mardi, le porte-parole du gouvernement de RDC, Lambert Mende, a été catégorique dans ses affirmations. Mais l'information a fait l'objet de déclarations contradictoires puisqu'elle a d'abord été démentie par le ministre congolais de l'Intérieur, Richard Muyej Mangez. Pourtant, le jour même, l'armée congolaise a finalement montré à la presse, à Kinshasa, des personnes suspectées.
« Aujourd'hui, alors que nous parlons, le mécanisme de vérification conjoint n'a reçu aucune plainte de RDC sur ces prétendus 20 soldats », a ajouté le porte-parole de l'armée rwandaise. « Si ces soldats ne sont pas présentés au mécanisme conjoint, nous considérons qu'il s'agit d'une accusation émanant d'un ou deux responsables congolais, mais pas du gouvernement de RDC lui-même », a-t-il poursuivi.
Les accusations pourraient aussi être une manière d'accentuer la pression sur le Rwanda et le M23 alors que des négociations ont débuté dimanche à Kampala où elles patinent.
« Nos soldats sont enregistrés sur ordinateur, je mets au défi les responsables de RDC ou toute autre personne qui auraient vu ces soldats, ou toute personne qui prétendrait être un soldat de soumettre les noms à notre système informatique », a lancé le général Joseph Nzabamwita. Une vérification qui n'aurait cependant rien de totalement fiable, n'étant pas indépendante.
Les accusations pourraient aussi être une manière d'accentuer la pression sur le Rwanda et le M23 alors que des négociations ont débuté dimanche à Kampala où elles patinent, le fond du problème - les revendications des rebelles - n'ayant toujours pas été abordé. D'autant que les preuves des allégations de Kinshasa sont minces, voire inexistantes.
Pas de preuves
Aucun document prouvant l'origine de ces prisonniers n'a été montré à la presse. Pendant la présentation des suspects, dans les locaux de la Détection militaire des actions antipatriotique (Demiap), le colonel Jean-Paul Mfinda, chef d'état-major adjoint des renseignements militaires a affirmé que certains d'ente eux « avaient des documents sur eux, des signes distinctifs, c'est-à-dire une tenue qui n'est pas la nôtre, et il y en avait un qui avait un poste de communication qui ne communique avec aucun poste de chez nous. »
Parmi les 38 hommes - dont cinq mineurs -, certains auraient avoué appartenir à l'armée rwandaise, ce qui en soi n'est pas une preuve. D'autres se sont déclarés innocents. « J'étais seulement en circulation en ville, on m'a arrêté. On m'a dit qu'on soupçonne que je peux être en train de collaborer avec les rebelles rwandais. Et c'est fini... De Bukavu, on m'a amené à Kinshasa avec 16 autres Congolais », a dit, par exemple, Deogracias Mushi.
(Avec AFP)
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