Crée le 06-11-2012 14h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 06-11-2012 - 14H25 PAR: JOURNAL DE BANGUI.COM
Yamina Benguigui, ministre français déléguée à la Francophonie
Entre la «normalité» de François Hollande et la «réélection contestée» de Joseph Kabila, on s'attendait à ce que la rencontre sauve les meubles…
«Vous avez vu comment il me regardait à New-York pendant la réunion sur la RDC?» Ce 4 octobre, peu après midi, Yamina Benguigui, ministre français déléguée à la Francophonie parlait sur un ton faussement badin, du regard haineux lancé par le président rwandais, Paul Kagame, quand elle avait rappelé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, la position de la France sur la situation à l'est de la République démocratique du Congo. Avec l'air théâtral et le sourire désarmeur qu'on lui connaît, la ministre avait indiqué, le matin même, au cours d'une conférence de presse au Centre d'accréditation de la presse étrangère (CAPE), qu'au-delà des thèmes officiels à l'ordre du jour du sommet de la Francophonie, «tout [serait] débattu» à Kinshasa avant de condamner «tous les soutiens extérieurs aux rebelles du M23 ». Elle avait demandé à ses services de distribuer aux journalistes présents son discours prononcé à New-York, dans lequel elle dénonçait «l'agression de la RDC», comme pour signifier à la terre entière que Paris ne se résignait pas à laisser faire le Rwanda au Nord-Kivu. En clair, elle apportait ainsi un soutien public aux autorités congolaises, s'alignant sur leur position. Certains avaient cru ou voulu croire qu'à Kinshasa, on sortirait de la mollesse tant reprochée à la Francophonie pour admettre sans ambiguïté dans une résolution que le Rwanda devait cesser ses agissements compromettant dangereusement la paix dans la région des Grands Lacs.
Bisbilles et échanges épistolaires
Mais rien de tel ne s'est produit à Kinshasa. Mieux, quand le président français est monté au pupitre de la plénière, il a commencé son discours en saluant Abdou Diouf, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais sans prononcer une seule fois le nom de Joseph Kabila, son hôte. C'est dire l'état d'esprit de François Hollande, dont la rencontre avec le président congolais fut courte: 35 minutes au total. Joseph Kabila a attendu son hôte sur le perron du palais de la Nation. «Bienvenue à Kinshasa», a-t-il dit. «Merci de m'accueillir», a répondu le président Hollande. La poignée de main fut brève, furtive. Service minimum. Et puis, dans les longs couloirs menant au salon présidentiel, le président français a ostensiblement affiché un visage fermé. Il souhaitait rester sur sa ligne de conduite: «Je dis ce que j'ai à dire en toute franchise. Je le dis en face et à qui de droit». Pour quel résultat ? D'ailleurs, certains observateurs ont indiqué que la baisse de popularité du président français n'était pas étrangère à son attitude. Car, comment pouvait-on adopter une position de fermeté lorsque le principal concerné était ainsi snobé? Certes le président français a été ovationné, notamment, lorsqu'il a prononcé cette phrase: «Je veux réaffirmer que les frontières du Congo sont intangibles et doivent être respectées». Mais cela reste du domaine de la rhétorique politicienne, souvent inefficace. Alors que quelquefois, certains gestes sont beaucoup plus parlants que des paroles. Pas étonnant que dans son discours, en guise de réponse à son homologue français, Joseph Kabila ait rappelé «la complaisance de la communauté internationale avec la dictature prédatrice de Mobutu», estimant que «la restauration de l'autorité de l'État et la démocratisation étaient une œuvre de longue haleine». Échange à fleurets mouchetés entre les deux hommes. Au final, Joseph Kabila a dû revoir ses calculs, lui qui espérait tirer un avantage politico-diplomatique de la tenue de ce sommet dans sa capitale afin de ripoliner son image qui a pris un sacré coup de grippe depuis sa réélection contestée. Il avait misé sur la tradition diplomatique qui permet à un hôte de s'abstenir d'évoquer les sujets qui fâchent. Que nenni. Kabila a dû revenir de ses illusions, puisque le président français a fait fi des règles diplomatiques en exigeant des autorités congolaises le respect des droits humains. Outre le président français, les premiers ministres du Canada, Stephen Harper et surtout du Quebec, Pauline Marois - qui a refusé délibérément de rencontrer Joseph Kabila -, n'étaient pas non plus disposés à faire usage de la langue de bois. Ils ont rappelé que le président congolais était «mal élu» qu'il n'est pas possible de s'accommoder de son régime où il n'y a pas de place pour les libertés fondamentales et surtout le respect des droits de l'homme.
Manque de consensus
Quoi de plus normal que chaque mot de la résolution consacrée au conflit du Nord-Kivu ait été minutieusement pesé pour finalement appelé mollement le Conseil de sécurité des Nations unies à «adopter des sanctions ciblées contre tous les responsables des exactions commises» dans l'est de la République démocratique du Congo. Le texte initial encourageait le gouvernement congolais à «poursuivre en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité» Il visait notamment les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par le Rwanda, qui contrôlent une partie du Nord-Kivu. En l'absence du président rwandais, Paul Kagamé, la ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a rejeté ces deux passages. Selon les règles de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), une résolution devait être adoptée par consensus. Ce ne fut pas le cas cette fois-ci. À l'ordre du jour également de ce sommet, il faut souligner l'adhésion à la Francophonie de l'Uruguay... et du Qatar qui, décidément, déploie une diplomatie d'influence tous azimuts. Quant au 15ème sommet en 2014, il se tiendra au Sénégal. Après douze années en fonction, ce sera le dernier sommet de l'ancien chef d'État sénégalais, Abdou Diouf. «Nous ressentons cette marque de confiance comme un hommage à l'œuvre de Léopold Sédar Senghor et à l'action d'Abdou Diouf», a déclaré le président sénégalais, Macky Sall. «Je vous remercie», a répondu Abdou Diouf. C'est la première fois qu'il s'adressait publiquement à l'un de ses successeurs...
Quant au respect de l'intangibilité des frontières de la République démocratique du Congo, il peut attendre pendant que tranquillement installé dans son nouveau fief du Rutshuru, le fameux M23 établit une administration parallèle des plus complètes pour piller les richesses de la Rd-Congo.
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