Crée le 18-10-2012 08h10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le jeudi 18-10-2012 - 13H20 PAR : LE POTENTIEL
Incroyable injustice faite à la République démocratique du Congo et à son peuple par la communauté internationale, à travers le Conseil de sécurité des Nations unies. Pour les mêmes causes et des situations similaires, le Conseil de sécurité accorde le bénéfice de l'urgence au traitement de la situation au Nord-Mali. Quant au drame humanitaire vécu dans l'Est de la RDC, il passe pour un fait négligeable. Cette approche, à la tête du client, met à nu l'inégalité existant au sein de la communauté internationale. Les vrais intérêts sont ceux des puissants qui usent de deux poids deux mesures.
Le 14ème Sommet de la Francophonie vient de se clôturer à Kinshasa avec des résolutions liées à la crise dans l'Est de la RDC et au Mali. Pendant ce temps, à New York, le Conseil de sécurité des Nations unies dans sa souveraineté traite la question du Mali en urgence. Le drame qui perdure depuis plus d'une décennie dans l'Est de la RDC passe plutôt pour une situation «normale». Les conflits armés y sont récurrents mais c'est à peine si cela arrive à émouvoir les puissants de ce monde. Raison avancée : leurs priorités sont ailleurs. C'est dire que pour la communauté internationale, le fait d'avoir mis en place une mission de stabilisation au Congo, Monusco, suffirait, quand bien même beaucoup serait encore à redire sur cette force dont le mandat ne convainc ni ne rassure l'opinion congolaise.
La célérité constatée pour prendre des résolutions au Conseil de sécurité contraste d'avec les actions enclenchées depuis avril 2012 par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui sèment la terreur dans l'Est de la RDC. Selon des humanitaires, la nouvelle guerre du Nord-Kivu a déjà condamné à l'errance plus de 500 000 déplacés. Ils étaient déjà en situation de précarité à près de 2 millions. De nombreuses exactions commises sur les femmes et les enfants semblent ne pas choquer la conscience internationale. Devant ce drame, le Conseil de sécurité reste dubitatif. La question est abordée du bout des lèvres. Pourtant, depuis le contrôle du Nord-Mali par des troupes islamistes, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est déjà prononcé par deux fois.
La France, qui pilote le lobby au sein de l'organe de décision des Nations unies, se dit disposée à soutenir une action militaire visant à déloger les troupes islamistes qui occupent le Nord-Mali. Interrogé hier mardi sur le plateau de France 2, le ministre français de la Défense pense que l'intervention militaire dans le Nord-Mali n'est qu'une question de «quelques semaines», en attendant, a-t-il indiqué, de se mettre d'accord avec le Conseil de sécurité sur les derniers réglages.
Déjà le 12 octobre 2012, le Conseil de sécurité s'est déclaré prêt à envisager la constitution d'une force internationale pour aider les forces armées du Mali à reconquérir les régions occupées du Nord, conformément à la demande des autorités de transition maliennes. La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), notamment, a été, de ce fait, priée de «faire connaître d'ici à 45 jours les modalités d'une telle opération».
Par comparaison, la RDC ne semble pas bénéficier de ce traitement en urgence. Bien plus, la voix du gouvernement s'est trouvée étouffée au niveau de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) où la part belle est faite à Kigali. Raison pour laquelle, d'aucuns estiment qu'une une demande claire devrait être formulée par le gouvernement congolais afin d'exiger et obtenir ce qui a été concédé au Mali.
Dans une résolution présentée par la France et adoptée à l'unanimité par ses 15 membres, le Conseil de sécurité a estimé, en effet que la situation au Mali, dont la partie Nord est contrôlée par des groupes armés liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), constituait « une menace à la paix et à la sécurité internationales ».
Le Conseil de sécurité s'est déclaré par ailleurs disposé à « adopter des sanctions ciblées à l'encontre des groupes rebelles qui refuseraient de couper tout lien avec les organisations terroristes ». Quasiment dans les termes similaires, le 14ème Sommet de la Francophonie a adopté une résolution, votée sous réserve par le Rwanda, invitant à des sanctions ciblées.
Kinshasa se trouve dans l'obligation capitaliser les résolutions du XIVème Sommet de la Francophonie et booster davantage le plan diplomatique en mettant le Conseil de sécurité devant ses responsabilités. L'allusion est faite ici principalement à la France. Il est attendu de ce partenaire qui prône «vérité et la franchise» le même traitement de faveur accordé au dossier malien.
Résolution à géométrie variable
Pourquoi cet activisme de la communauté internationale envers le Mali ? Pourquoi n'accorde-t-on pas la même importance à ce qui se passe dans l'Est de la RDC ? Des questions qui alimentent la chronique. Les puissants tiennent à organiser leur stratégie de sécurisation des frontières très loin de leurs territoires. Le Mali, c'est plus proche que la RDC, s'entend-on dire.
En effet, depuis la nouvelle crise dans l'Est de la RDC, le Conseil de sécurité des Nations unies ne s'est jamais prononcé sur ce nouveau drame. Et pourtant, depuis son déclenchement vers les années 1990, les guerres récurrentes dans l'Est de la RDC ont déjà fait, selon des sources concordantes, plus de six (6) millions de morts. Ce qui, malheureusement, ne semble pas émouvoir outre mesure le Conseil de sécurité.
La seule circonstance où les Nations unies ont eu à se pencher sur le dernier développement de l'instabilité dans l'Est de la RDC a coïncidé avec l'organisation le 27 septembre 2012 à New York d'un mini-sommet. Cependant, loin de toute contrainte exercée sur les parties mises en cause, principalement le Rwanda, ce mini-sommet des Nations unies n'a été que protocolaire.
Tout compte fait, initiée par le secrétaire général Ban Ki-moon, le mini-sommet de New York n'a servi qu'à éclairer l'intelligence des Nations unies sur toutes les initiatives déployées au sein de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) en vue d'une issue pacifique à la crise dans l'Est de la RDC. Ainsi, le dossier se trouve toujours en attente de traitement alors que sur le terrain les rebelles consolident leurs positions, installent une administration parallèle.
L'on ne peut donc s'étonner que sept mois après la création du M23, aucune résolution condamnant les troupes rebelles n'ait été prise, ou à défaut, initiée au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
Toujours est-il qu'en n'accordant comme l'a prouvé ces derniers jours plus d'attention à la crise du Nord-Mali qu'à celle de l'Est de la RDC, la communauté internationale a clairement dévoilé ses penchants. Pour elle en effet, la guerre dans l'Est de la RDC passe pour un fait isolé qui n'affecte en rien l'équilibre géopolitique du monde. Mais, ce n'est pas le cas, pense-t-elle, de la crise du Nord-Mali où s'entremêlent des enjeux de tous genres, guidés pour l'essentiel par la percée de l'islamisme dans le Sahel.
La communauté internationale craint donc que le Nord-Mali soit le foyer d'une «afghanisation» du Sahel, géographiquement beaucoup trop proche de l'Europe. Ce qui justifie son empressement à neutraliser cette poudrière avant qu'elle n'embrase toute la région.
La déstabilisation de la RDC aura inévitablement des effets sur toute l'Afrique et, pourquoi pas, sur le monde. Riche en ressources naturelles, ce pays situé en plein cœur de l'Afrique, pourrait tomber entre les mains des prédateurs et autres terroristes sans foi ni loi. Les parrains du Rwanda devraient en prendre la mesure et reconsidérer leur politique dans les Grands Lacs. Tout est partie liée. Le monde passe désormais pour un village planétaire.
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