Crée le 03-08-2012- 15h10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 03-07-2012 - 15h50 PAR : CONGO NEWS
Des sérieuses incertitudes planaient sur l'organisation du sommet de a Francophonie, à Kinshasa, en octobre prochain. Principale incertitude : les hésitations de François Hollande dont le déplacement pour la capitale congolaise n'est pas encore acquis, à deux mois de la manifestation. Pour se décider, le «Président normal» a dépêché sa ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui, arrivée à Kinshasa, le 26 juillet.
Le même jour, Madame Francophonie s'est entretenu, séparément, avec Aubin Minaku et Léon Kengo wa Dondo. Son agenda prévoit d'autres entretiens, avec le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Vital Kamerhe, les présidents de quatre groupes parlementaires de l'opposition, les activistes des droits de l'homme avant de boucler sa visite en tête à tête avec Joseph Kabila. C'est seulement lorsque Benguigui aura présenté les conclusions de son séjour en RDCongo à Paris que l'Elysée se décidera quant à savoir si Kabila mérite d'être l'hôte de tous les Etats du monde ayant la langue française en partage. Pas besoin d'être grand cler pour augurer que les forces de l'opposition et de la société civile ne feront que noircir l'image du régime dans un contexte national plombé par une crise de légitimité postélectorale pendant que le témoignage de Paul Mwilambwe vient accréditer la thèse d'un «crime d'Etat» dans l'assassinat de Floribert Chebeya et son chauffer, Fidèle Bazana, et que les opposants dénoncent des pesanteurs politiques sur le choix de son porte-parole sans parler des craintes sur l'éventualité d'une révision constitutionnelle en rapport avec le mandat présidentiel. La restructuration de la CENI pour ne pas dire le départ de Daniel Ngoy Mulunda y passe également. Des revendications susceptibles d'émouvoir profondément Benguigui, connue comme une femme très engagée, donc très sensible aux questions droilhommistes. Voilà un tableau bien macabre qu'assombrit davantage, depuis hier, des déclarations fracassantes du Général Faustin Munene, interviewé sur RFI, depuis son exil à Brazzaville, Louche et même suspect que Denis Sassou N'Guesso lâche la bride de son réfugié politique au moment où son voisin a le plus besoin de faire dans son image sur le plan international. A prendre en compte les déclarations peu amènes d'Alpha Condé et de Théodore Obia Nguéma à l'endroit de Joseph Kabila, il ne reste qu'un pas à franchir pour parler d'une conspiration des Chefs d'Etat africains contre le projet de la Francophonie à Kinshasa. Condé et Nguéma n'avaient laissé trahir aucun remords si jamais les convives de Kabila ne répondaient pas à l'invitation. L'un et l'autre avaient une sorte de dent contre leur homologue pour son inclination à s'absenter souvent à toutes les grandes messes des Chefs d'Etat et de gouvernement africains. Sassou n'y avait pas joint sa voix l'acte qu'il a posé traduit de quel côté penche son coeur. L'acte mais grave encore, le moment choisi. Déjà qu'en règle générale, celui qui bénéficie d'un asile politique est tenu à la réserve pour ne pas mettre son pays d'accueil en porte-à-faux avec l'autre Etat. Plus encore quand l'un et l'autre Etat partage une frontière commune et que le bon voisinage est supposé avoir la primauté sur n'importe quelle autre considération.
Sassou n'a jamais dérogé à ce principe depuis que Munene avait trouvé refuge chez lui, il y a près de deux ans. Il y fait exception aujourd'hui pour laisser son «protégé» aller jusqu'à une attaque prochaine contre Kinshasa et charger Joseph Kabila des pires péchés d'Israël dans l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila et l'interminable conflit avec Kigali matérialisé dans l'instabilité récurrente -ou mieux permanente- à l'Est de la RD-Congo. L'ancien compagnon de M'Zee a parlé carrément de complicité, complicité qu'il dit avoir découvert à l'époque où l'ex-chef d'état-major général avait pour adjoint Joseph Kabila. A Munene de le prouver le moment venu. Sinon, ses allégations finiront au cimetière des rumeurs comme d'autres clichés et stéréotypes du genre qui nourrissent l'histoire des pseudo-libérateurs du 17 mai 1997. Si prompt à répondre à ce genre de provocation, le ministre de la Communication, Lambert Mende Omalanga, n'avait toujours pas réagi. Pourtant, il y a de a quoi face à des graves propos de Munene qui a réussi à faire croire que tout peut basculer à tout moment à Kinshasa. Ce qui n'était pas pour rassurer les invités de Joseph Kabila en octobre prochain. A l'interne, l'UDPS avait donné le ton, la veille d'arrivée de Benguigui avec une pétition déposée bruyamment à l'ambassade de France sous la conduite de son secrétaire général intérimaire Bruno Mavungu, en compagnie de son adjoint, l'autre Brune qui se nomme Tshibala, le dernier des Mohicans. La pétition tshisekediste demande la délocalisation pure et simple du sommet de la Francophonie (Lire article à la page 3) Délocalisation, plusieurs autres adversaires du régime Kabila embrayaient déjà dans ce sens. Ils prenaient pour exemple le cas du Madagascar privé du sommet de la Francophonie délocalisé au Canada, il y a quelques années. Il régnait au Madagascar, à l'époque, un déni total de la démocratie. Ce qui n'est pas le cas pour Kinshasa qui a la possibilité de convaincre, pourvu que Joseph Kabila donne des signaux clairs sur la poursuite du processus démocratique et le respect des droits de l'homme avec son corollaire de bonne gouvernance. Pour l'instant, Kabila paraissait avoir pris la mesure de la moue de ses pairs africaines. C'est ce qui expliquerait peut-être son voyage à Luanda d'où il est revenu le même jeudi 26 juillet au bout d'un aller-retour.
(IN CONGONEWS N°486 du 27 juillet 2012)
MATTHIEU KEPA
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