Crée le 05-07-2012-13h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le jeudi 05-07-2012 -13h10 PAR :
LE PHARE
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le pasteur Daniel Ngoy Mulunda est monté sur le ring du Palais du Peuple pour donner des coups en dessous de la ceinture dans l'objectif de fragiliser les positions de tous ceux qui réclament sa tête et celles de ses collègues du bureau. Lundi devant la chambre basse, il a cru prendre de l'ascendant sur ses adversaires en ouvrant un feu nourri sur la Monusco, accusée d'entretenir un agenda caché qui devrait se traduire par l'ivoirisation de la RDC.
L'attaque, très frontale, n'a pas été appréciée sur l'avenue des Aviateurs, où une réaction d'une fermeté exceptionnelle a été donnée hier mercredi par le porte-parole Manodje Mounoubai à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire de la Monusco. «Ngoy Mulunda voit trop de films», a déclaré, sans le citer, le porte-parole de la mission onusienne. Une entrée en matière qui ne laissait aucune porte ouverte au doute car il s'agissait, cette fois, de restaurer l'honneur bafoué de la Monusco.
Entrant au fond du sujet, Manodje Mounoubai a mis immédiatement les points sur les «i ». «Nous avons pris connaissance de la déclaration du président de la CENI. Un pasteur étant un homme de Dieu, nous avons le devoir de le respecter et de ne pas polémiquer avec lui en ce lieu. Mais comme une question a été posée, il doit y avoir une réponse ». Et c'était parti …
« Nous ne voulons pas insulter l'intelligence des journalistes ni celle de la population et encore moins celle des membres de l'Assemblée nationale. Nous connaissons tous les conditions dans lesquelles les élections se sont déroulées ici». La réplique est d'une clarté aveuglante car elle renvoie tout le monde à la réalité des faits qui ont été à ce point nauséabonds que personne ne peut prétendre ne les avoir pas vus. A moins de manquer d'intelligence.
Cette première mise au point faite, Manodje Mounoubai rappelle le rôle qui a été celui de la Monusco, celui de soutien logistique et technique à la CENI. «Nous n'avons joué aucun rôle dans la compilation des résultats. Nous n'avons jamais donné des résultats des élections au niveau de la Monusco ».
Traitant du «crime» reproché à la Monusco, le porte-parole a tenu à circonscrire le cadre en soulignant que Ngoy Mulunda a parlé d'un fonctionnaire de la Monusco qui aurait induit le Cardinal en erreur en lui envoyant un mail. « Donc c'est un mail personnel, ce n'est pas un document de la Monusco», a-t-il dit. Donnant des informations sur ce fonctionnaire, Mounoubai a déclaré qu'il n'est plus à la Monusco, qu'il n'a pas travaillé à la division électorale et qu'il n'était impliqué ni de près ni de loin dans le processus de soutien à la CENI. Puis, parlant du mail lui-même, il a envoyé un deuxième direct à l'estomac en posant la question de fond : «veut-on se baser sur ce document pour commencer à justifier un certain nombre de lacunes qui ont entraîné un certain nombre de mouvements après les élections que nous avons connues ici ?». Il a rappelé que la Monusco ne s'est jamais prononcé sur les différents chiffres avancés par la CENI alors que « plusieurs organisations ont porté des jugements sur les résultats publiés par la CENI, notamment la société civile, les différentes organisations de la société civile congolaise et des organisations non gouvernementales, les missions d'observation des élections, les pays qui avaient envoyé des observateurs etc. Même le chef de l'Etat, dans une conférence de presse faite après la publication des résultats, avait reconnu qu'il y a eu certains errements dans le processus électoral ».
S'agissant de la tentation d'ivoiriser la RDC, c'est-à-dire «proclamer vainqueur un président de la république autre que celui donné par le pouvoir organisateur des élections et régler le contentieux par les armes», Manodje Mounoubai a administré une leçon de sagesse : « Nous devons tirer des leçons sur ce qui a été et ce qui n'a pas été. Se baser sur un mail envoyé par un individu pour dire que c'est lui qui a voulu créer le chaos dans le pays, je pense que nous voyons trop de films. Ce n'est pas Rambo qui détruit toute une armée. Ce n'est pas James Bond qui fait la loi tout seul. Une personne qui vient ici pour mettre ce pays à feu et à sang, je ne le crois pas. Nous devons être sereins nous tous, essayer de reconnaître nos erreurs s'il y en a et aller de l'avant». Après cette leçon, est venu l temps de conclure. Excellent tacticien, Mounoubai n'a pas raté le pasteur-président de la Ceni : «le pasteur Ngoy Mulunda est un homme de Dieu. Sa bouche n'est autorisée qu'à dire la vérité. Et je pense que la vérité de l'homme peut aussi faillir». Le coup, porté avec le sourire et une vigueur rare, était destiné à envoyer l'homme au tapis, On attend de savoir si Ngoy Mulunda a su se relever.
Une question a été posée à la Monusco pour ouvrir un pan de son rapport interne relatif aux élections. Tout le monde et convaincu que la Monusco connaît les vrais résultats de ces élections. Cependant, le porte-parole de la mission onusienne a fait remarquer que « la Monusco reçoit ses instructions du Conseil de sécurité et elle reste strictement dans le cadre décidé par le Conseil de sécurité. La Monusco n'avait pas fait de monitoring et n'avait pas certifié les résultats. Il n'y a pas de rapport secret ».
A un journaliste qui a affirmé que le pasteur Ngoy Mulunda avait parlé des agents de la Monusco, Manodje Mounoubai a tenu à souligner que le président de la CENI n'a parlé que d'un agent. Et il a jouté : « Dire qu'une personne travaillant à la Monusco a voulu rouler le Cardinal Monsengwo, je pense que c'est à lui que vous êtes en train de faire du tort car cela implique qu'il n'a pas cette intelligence pour accepter les conclusions d'un premier venu ».
Jean-René Bompolonga
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