Dans une lettre ouverte au Conseil de sécurité de l'Onu, la présidente d'International Crisis Group (ICG), Louise Arbour, dénonce les échecs de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco). Elle estime que « la Monusco a perdu sa crédibilité ». Par conséquent, l'Onu doit «réorienter les efforts de la Monusco» sur le terrain. Une critique qui intervient alors que le mandat de la Monusco arrive à son terme le 30 juin 2012.
Depuis que l'actualité brûlante reste dominée par la détérioration de la situation sécuritaire dans la partie orientale de la RDC avec des combats violents entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les mutins du Mouvement du 23 mars, M23, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la ''passivité'' de la mission des Casques bleus en RDC. Il y a une semaine, sur les colonnes de Jeune Afrique, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo a déclaré que « la Monusco » était « totalement irresponsable ».
C'est dans une lettre ouverte adressée au Conseil de sécurité des Nations unies que Louise Arbour tire la sonnette d'alarme. «La Monusco a perdu sa crédibilité et a un besoin urgent de réorienter ses efforts». «Sans approche nouvelle, la Monuco risque de devenir une coquille vide… à 1,5 milliard de dollars», a expliqué la présidente d'ICG.
Toutefois, Louise Arbour reconnait les progrès réalisés par les Casques bleus de la Monusco, notamment, dans la lutte contre la milice d'origine rwandaise des FDLR, tout en fustigeant sa stratégie (de la Monusco) qui n'est pas la bonne. Selon elle, la Monusco a surestimé «le rapprochement entre la RDC et le Rwanda de 2009 pour contenir le conflit dans les Kivus». La mutinerie en cours est la preuve pour Louise Arbour, que «peu de progrès ont été accomplis dans la stabilisation» de la région.
La présidente d'International Crisis Group (ICG) dénonce également «le soutien technique et logistique» de la Monusco dans l'organisation des «élections truquées en 2011 et l'incapacité à promouvoir avec succès le dialogue entre les parties». ICG demande des améliorations importantes à la Commission électorale congolaise (CENI) et notamment la transparence dans la logistique du processus électoral.
Quant au dossier sécuritaire, Louise Arbour fustige «le manque de clarté quant à la stratégie militaire globale» de la mission de la Monusco. La réforme du secteur de la sécurité (RSS) est «vitale pour la stabilité de la RDC» et «sans engagement clair du président Kabila et de son gouvernement», cette réforme continuera à rester au point mort, estime Louise Arbour. Enfin, la présidente d'ICG, demande «l'arrestation de Bosco Ntaganda et son transfert à la Cour pénale internationale (CPI)» et souhaite que le gouvernement remette en chantier «la décentralisation et la lutte contre la corruption».
Louise Arbour compte donc sur le prochain renouvellement du mandat de la mission des Nations unies, qui arrive à son terme le 30 juin 2012, pour forcer le Conseil de sécurité à repenser complètement sa stratégie en RDC. Nous l'avons vu récemment avec les dernières élections contestées de novembre ou le conflit à l'Est, la Monusco n'a jamais été mesure de peser sur le cours des événements au Congo, simplement cantonnée à un simple rôle d'observateur.
La partie orientale de la RDC est à nouveau le théâtre de violents affrontements depuis la défection, début avril, de centaines de soldats qui ont rejoint le général mutin en fuite Bosco Ntaganda, recherché depuis 2006 par la Cour pénale internationale (CPI). Selon la présidente d'International Crisis Group (ICG), l'histoire a tendance «à se répéter» dans cette zone.
En 2008, déjà, un autre général rebelle, Laurent Nkunda (dont Ntaganda était l'adjoint) avait défié Kinshasa, en prenant par les armes au Nord-Kivu.
Quatre ans plus tard, en 2012, les combats entre les mutins du général renégat Bosco Ntaganda et du M23, un mouvement rebelle associé, ont provoqué la fuite de plus de 200 000 Congolais au cours des deux derniers mois. Le plus étonnant, c'est que ce drame se déroule devant la plus importante mission de casques bleus dans le monde, la Monusco, avec ses 20 000 casques bleus stationnés en RDC, qui semble assister impuissante aux souffrances quotidiennes des populations civiles.
La situation des guerres à répétition en RDC a toujours poussé les Congolais à se demander l'utilité de la Monusco, de qui ils attendent une intervention et une assistance à la hauteur des souffrances dont ils sont victimes.
Kléber Kungu
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