Barack Obama et François Hollande ont tenté de pousser les feux en faveur d'une sanction contre le régime de Bachar Al Assad. Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping sont inflexibles. – AFP
Malgré une température clémente et un joli ciel bleu, ce fut un moment glacial. En début d'après-midi, hier, Vladimir Poutine a accueilli un à un – comme le veut la tradition – les chefs d'Etat et de gouvernement pour l'ouverture officielle du G20 de Saint-Pétersbourg. Sans que le moindre badaud n'y assiste, ce qui renforçait un peu plus la froideur de la cérémonie au palais Constantin, sur les rives du golfe de Finlande. Le président russe et son homologue américain, Barack Obama, se sont d'abord toisés, visage fermé, n'affichant de timides sourires diplomatiques que pour les caméras. Comme au temps de la guerre froide. Quant à François Hollande, il a, devant Vladimir Poutine, ostensiblement gardé les lèvres pincées.
Le moment, pourtant bref, illustre à lui seul l'atmosphère tendue de la première journée du sommet. Une journée dominée par la crise syrienne, au grand dam de plusieurs organisations internationales, qui regrettaient que la croissance et le développement passent au second plan. Avant leur tête-à-tête, aujourd'hui, Barack Obama et François Hollande ont ainsi tenté de pousser les feux en faveur d'une sanction contre le régime de Bachar Al Assad, accusé d'avoir utilisé des armes chimiques le 21 août. Sans se faire trop d'illusion sur leur capacité à faire bouger les lignes en profondeur. Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping sont inflexibles. Dans la délégation américaine, on évoquait même une «?pause?» dans les relations avec Moscou.
Et hier, ce sont les appels à une «?solution politique?» qui se sont multipliés. Ils sont venus des opposants à des frappes. De la chancelière Angela Merkel. De l'ONU. Et même du pape François, qui, dans une lettre adressée à Vladimir Poutine, a souhaité «?du fond du cœur » que le G20 « abandonne la recherche vaine d'une solution militaire ». Mais c'est surtout la prise de position de Herman Van Rompuy qui a fait sensation. Le président du Conseil européen a certes qualifié l'attaque chimique de « crime contre l'Humanité ». Mais il a glissé : « Il n'existe pas de solution militaire à ce conflit mais une solution politique. » « l n'a pas de mandat particulier (pour s'exprimer ainsi) », s'est appliqué à tempérer la délégation française.
«?Inacceptable?»
A quelques heures de la fin du sommet, Barack Obama et François Hollande paraissent, du coup, toujours très isolés dans leur volonté de frapper militairement la Syrie. Même en Europe, ce qui constitue un revers pour le chef de l'Etat français. Son entourage a fait savoir que les cinq dirigeants européens présents à Saint-Pétersbourg avaient discuté ensemble (avant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, ce soir et demain en Lituanie) mais la discussion a été brève. De source française, elle se serait déroulée… dans le bus qui les conduisait au dîner !
Faute de mieux, François Hollande ne peut espérer parvenir qu'à un « consensus politique » a minima, en Europe, sur « la condamnation que nous portons par rapport à l'attaque chimique ». Pour ce faire, il aimerait accélérer la remise des premiers éléments du rapport que doivent publier les Nations unies. « Il y a déjà un large consensus sur le plan européen pour dire qu'une attaque chimique est inacceptable », a-t-il observé. Les présidents français et américain semblent quoi qu'il en soit déterminés à passer à l'acte après le feu vert du Congrès américain, attendu en début de semaine prochaine. Barack Obama a annulé hier un déplacement prévu en Californie pour conforter ses chances de gagner la partie. Pour Washington comme pour Paris, une éventuelle solution politique ne saurait dispenser d'une sanction militaire. Malgré les fortes réticences de leurs opinions publiques. Une opinion que François Hollande garde encore espoir de convaincre…
Écrit par Pierre-Alain FURBURY
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