Crée le 26-08-2013 09H10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 26-08-2013 - 12H29 PAR : ARTV-NEWS
Depuis que l'armée a dispersé dans le sang les manifestants islamistes qui ont campé pendant plus d'un mois sur deux places du Caire, plus de 1.000 personnes ont été tuées --essentiellement des partisans du président Mohamed Morsi destitué par l'armée-- et plus de 2.000 membres des Frères musulmans, la confrérie dont il est issu, ont été arrêtés.
"On est revenu au contact direct après avoir banni le téléphone et l'internet qui permettent de nous localiser", explique à l'AFP Aïcha, une militante de la région d'Alexandrie, dans le nord, qui se présente sous un faux prénom, par sécurité.
Elle assure que son père, un cadre des Frères musulmans, a plongé dans la clandestinité de peur d'être arrêté.
"C'est pire que sous Moubarak", assure-t-elle en invoquant l'ex-président Hosni Moubarak, qui a régné plus de 30 ans sur l'Egypte avant d'être renversé début 2011 par une révolte populaire. "Car en plus de la violence de la police, il y a l'hostilité des gens. Beaucoup ne veulent même plus avoir de voisins Frères musulmans, mais il y a heureusement ceux qui sympathisent avec nous", dit Aïcha.
"Aucun de nos dirigeants ne passe deux nuits de suite au même endroit", confirme un autre militant islamiste, de la ville de Tanta, au sud du Caire, assurant s'appeler Ahmed.
La vague de répression a touché la tête de la confrérie avec l'arrestation le 20 août de son Guide suprême, Mohamed Badie, et, quelques jours auparavant, de ses adjoints et de plusieurs cadres de premier plan.
La confrérie s'est empressée de nommer un Guide suprême par intérim, Mahmoud Ezzat, qui a la réputation d'un dur, mais qui n'a jusqu'ici fait aucune apparition en public.
Selon des responsables des services de sécurité, le nombre d'arrestations parmi les membres des Frères musulmans "dépasse les 2.000" depuis 12 jours mais un avocat proche de la confrérie, Me Ismaïl Wichahi, affirme avoir recensé "plus de 8.000 militants sous les verrous".
En outre, des dizaines de permanences du mouvement ont été saccagées à travers le pays par des Egyptiens hostiles. L'armée a destitué et arrêté M. Morsi le 3 juillet en invoquant les millions d'Egyptiens qui avaient manifesté trois jours plus tôt pour réclamer le départ du premier président égyptien élu démocratiquement. Et, depuis, le gouvernement intérimaire et les médias affirment quasi-unanimement que l'Egypte mène "une guerre contre les terroristes" à propos des Frères musulmans.
Alors que la confrérie pouvait mobiliser dans tout le pays des centaines de milliers de manifestants avant l'assaut sanglant de l'armée le 14 août, leurs rassemblements sont devenus rachitiques depuis qu'ils sont systématiquement la cible des tirs des soldats et des policiers.
Outre que les mots d'ordres circulent désormais de bouche à oreille uniquement, la confrérie ne peut plus affréter, en raison de l'état d'urgence, les bus qui d'ordinaire faisaient converger des milliers de partisans vers les grandes villes, en particulier Le Caire.
Mais certains experts n'enterrent pas si vite les Frères musulmans, un mouvement vieux de 85 ans qui cultive le mystère.
"La confrérie est certes déstabilisée mais contrôle toujours ses finances, et la plus grande partie de ses militants sont en liberté", relativise Achraf al-Charif, professeur de sciences politiques à l'Université américaine du Caire, pour qui l'habitude de la clandestinité pourrait revigorer le mouvement sur le long terme.
"En tant qu'organisation fermée et secrète, la confrérie est capable de résister à la vague de répression et à se réorganiser rapidement", estime Haitham Abou Khalil, un ancien membre.
Un militant de Port-Saïd, dans le nord, affirme que son mouvement continue de mobiliser même s'il a perdu ses permanences. "Nous agissons à nouveau en contact direct avec la population et on n'a pas besoin de bureaux pour le faire", explique-t-il.
Les Frères musulmans ont été pourchassés sous le président Gamal Abdel Nasser et interdits mais tolérés par ses successeurs.
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