C'est à l'extérieur, devant un paysage de montagne, à côté de la maison qui tient de quartier général au M23 que Bertrand Bisimwa reçoit ses militaires. Entouré de quelques hommes en arme, portant un treillis, le chef politique du M23 paraissait serein. Pourtant il n'a pas mâché ses mots : « Si Kinshasa ne respecte pas ses engagements, le M23 se réserve le droit de reprendre Goma », comme en novembre dernier.
Le M23 juge avoir rempli sa part des accords
Les engagements, inclus dans un accord quasiment tombé dans l'oubli, n'ont jamais été vraiment appliqués. Ils prévoyaient, en échange du retrait du M23 de Goma, l'ouverture de négociations à Kampala, la démilitarisation de la ville ou encore la gestion conjointe de l'aéroport entre Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le M23 et une « force neutre ». Le M23 estime avoir rempli sa part du marché et en appelle à un retour au cessez-le-feu, pour permettre des négociations apaisées. Ces négociations qui, à Kampala, sont au point mort depuis plusieurs mois.
Et cette menace intervient alors que la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco) vient de mettre en place une zone de sécurité autour de Goma et que de récents combats ont opposé le M23 à l'armée régulière, qui a gagné du terrain. Celle-ci, depuis, demeure bien implantée sur ses positions, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma, à quelques centaines de mètres de celles du M23.
« On voit bien maintenant, explique Thierry Vircoulon, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), que soit les négociations de Kampala aboutissent à quelque chose, parce que tout le monde est un peu fatigué de ces pseudo discussions qui ont commencé il y a neuf mois, soit c'est l'option militaire qui va prévaloir. Et comme on sent que tout le monde est en train de se préparer, que ce soient les Nations unies ou l'armée congolaise, le M23 réagit et continue d'exiger des négociations. »
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