Guerre larvée au sein du MLC
Quelques cadres du parti créent le courant démocratique et rénovateur et exigent le départ de Thomas Luhaka
C'est parti pour une crise qui ne dit pas encore son nom au sein du Mouvement de Libération du Congo (MLC), quelques membres du Collège des fondateurs, du Bureau politique, du Comité exécutif national, députés, sénateurs et cadres, viennent de créer un courant démocratique et rénovateur, dénonçant les impostures, les violations répétées des statuts, la prise des décisions anti-démocratiques et autres antivaleurs qui minent la formation politique chère à Jean-Pierre Bemba Gombo. Ils exigent par la même occasion, la révocation pure et simple du Secrétaire général Thomas Luhaka qu'ils décident de ne plus obéir.
Tout est parti de la décision de déchoir le secrétaire général adjoint de ce parti politique, Jean Lucien Bussa.
En effet, selon une déclaration rendue publique hier lundi 22 juillet 2013 à Kasa-Vubu, les frondeurs disent avoir pris cette décision suite à la publication le 8 juillet dernier, de la décision n°005/PN/MLC/07/013, portant restructuration du Bureau du comité exécutif national du MLC, attribuée au Collège des fondateurs.
Ils constatent que cette décision publiée à la presse le 18 juillet 2013, a été prise dans le secret en violation de l'article 39 des statuts, et est entachée d'irrégularités, dans la mesure où aucune réunion du Collège des fondateurs n'a été ni convoquée, ni tenue à cette date. Ce qui traduit, disent-ils, le mode de prise de décision autocratique au MLC. « La déchéance d'un membre du Bureau du Comité exécutif ne relève pas de la compétence du président national (art. 45 des statuts), mais plutôt du Conseil des représentants (art. 42 des statuts) ou du Collège des fondateurs régulièrement réunis entre les deux sessions du conseil des représentants (art. 26 des statuts) », peut-on lire dans la déclaration.
Les signataires constatent donc que la décision prise unilatéralement par un petit groupe d'intérêt à la tête du parti, n'est pas précédée d'une procédure disciplinaire contradictoire, à l'occasion de laquelle les griefs, s'ils en existent, devraient être communiqués et débattus avec des conclusions reprises sur P.V et d'éventuelles propositions des sanctions à soumettre au Collège des fondateurs en période d'intersession. Aussi affirment-ils que la violation intentionnelle de cette procédure, confirme que l'honorable Jean-Lucien Bussa est limogé sans motif. Ce qui relève de l'anarchie et de l'arbitraire.
Descente aux enfers ?
Depuis plusieurs années, constatent les signataires de la déclaration, la direction du MLC s'est caractérisée par la léthargie, la légèreté dans la prise des décisions, le non- respect des aspirations de la base et les violations successives des principes démocratiques élémentaires qui régissent le fonctionnement du parti. Ce qui est à la base des départs massifs et successifs des hauts cadres et de la démobilisation des militantes et militants du MLC.
Après l'arrestation du sénateur JP Bemba, les signataires estiment que le fonctionnement du MLC est réduit à des combines politiciennes caractérisées par le clientélisme, l'intoxication, les intrigues et le mensonge érigés en système de gestion. L'opportunisme de certains dirigeants, pour lequel le parti ne sert que de tremplin pour assouvir des intérêts personnels au détriment des militantes et militants du MLC, régit depuis lors, le fonctionnement du parti, lequel est doublée d'une gestion qui n'obéit à aucune règle moderne de gestion, qui fait de la lutte démocratique, son cheval de bataille. D'autre part, alors qu'aucune réunion n'a été tenue depuis bientôt 5 ans, les frondeurs constatent qu'il y a des graves décisions qui sont prises, sans associer les organes statutaires compétents, convoqués et réunis de façon régulière, conformément aux statuts et règlement intérieur. Ce qui choque les signataires de la déclaration, c'est le fait aussi que ces décisions sont prises par un petit groupe d'intérêt qui à lui seul, s'est substitué au Conseil des représentants, au Collège des fondateurs, au Bureau politique et au Comité exécutif sans habilitation, foulant ainsi au pied les statuts et les aspirations réelles de la base dont ils se servent comme marchepied. « la ligne politique du MLC, celle d'une opposition forte et républicaine, telle que prônée par JP Bemba, président national du MLC en novembre 2006, n'est plus lisible à cause des complicités internes de certains hauts cadres qui s'opposent le jour et travaillent pour le pouvoir la nuit », renseigne la déclaration, qui ajoute que le MLC ressemble dans son fonctionnement et dans son mode de prise de décision interne, à une entreprise privée aux méthodes de management archaïques, reposant sur la volonté d'une petite oligarchie qui a ligoté la volonté et les aspirations de la base.
Les signataires sont également d'avis que la désignation des membres du MLC à des postes de responsabilité ainsi que la sélection des candidats députés à des listes électorales, n'ont jamais fait l'objet des débats internes, conformément à l'article 33 alinéa 5 des statuts. « L'arbitraire est devenu la règle pour un parti qui fonde sa lutte politique sur le respect des principes démocratiques, à cause d'un leadership autocratique et dictatorial », lit-on encore dans la déclaration.
Un courant rénovateur et démocratique pour sauver le MLC
Pour les signataires de la déclaration, le complot ourdi contre le MLC, vise aussi la déstabilisation du groupe parlementaire MLC et Alliés, dans le but de l'instrumentaliser en violation des règlements intérieurs de l'Assemblée nationale et du groupe parlementaire, en voulant placer à sa tête, un client politique au service des petits intérêts.
Aussi, ayant fait constat des violations répétées des statuts du MLC par le Bureau du Comité exécutif national ; conscients de la nécessité de préserver la ligne politique du parti en phase avec les aspirations profondes des Congolaises et Congolais ; considérant la désapprobation de la déchéance de l'honorable Jean-Lucien Bussa au poste de Secrétaire général adjoint par toute la base du MLC ainsi que l'ensemble de la population congolaise ; considérant qu'il sied de tenir compte de la volonté des députés et sénateurs représentants du peuple congolais dont l'apport pour le parti est remarquable dans la prise des décisions politiques majeures et déterminés à sauver le MLC de toutes ces dérives, les signataires de la déclaration annoncent la création du courant démocratique et rénovateur au sein du parti, dont la présidence est confiée à l'unanimité à l'honorable Jean Lucien Bussa, président du groupe parlementaire MLC et Alliés et membre cofondateur du MLC.
Ils exigent en outre la révocation du Secrétaire général Thomas Luhaka, et refusent de participer à toutes les réunions du parti et d'obéir aux décisions prises par le précité, jusqu'à la convocation du Conseil des représentants, pour éviter de perpétuer l'imposture.
Fidèles aux idéaux du parti, les signataires réitèrent leur attachement au MLC et décident de poursuivre le combat démocratique, conformément au projet de société du parti, mais suspendent leur cotisation mensuelle et apport logistique et financier, jusqu'à la clarification de la situation par le Conseil des représentants, dont ils exigent la convocation sans délai. Ils exigent la démocratisation du parti du sommet à la base ainsi que des réformes en profondeur, et appellent les militantes et militants du MLC au calme et à la mobilisation, en vue de protéger le patrimoine commun qu'est le MLC et barrer la route à toute tentative de privatisation du MLC par des personnalités au service des causes obscures.
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