Crée le 10-06-2013 11H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 10-06-2013 -11H40 PAR : LE POTENTIEL
L'examen de passage qui attend le nouveau bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), pilotée désormais par l'abbé Malumalu, reste la poursuite du processus électoral. L'élaboration du calendrier en est l'épreuve la plus cruciale. Les élections locales, urbaines, municipales et provinciales passent pour prioritaire. L'opinion attend juger Malumalu à l'œuvre pour se convaincre de sa crédibilité. Comme toujours, le temps pourrait jouer contre lui. C'est donc une course contre la montre qui est engagée. Réaménager le plus rapidement possible le calendrier électoral serait un signal fort qui va davantage crédibiliser le nouveau bureau de la CENI.
Dans l'opinion, le retour de l'abbé Apollinaire Muholongu Malumalu à la tête de la CENI est diversement commenté. S'il n'y a pas eu d'euphorie débordante, aucune manifestation bruyamment hostile n'a été enregistrée jusque-là.
Les déboires de son prédécesseur, le pasteur méthodiste réformé Daniel Ngoy Mulunda Nyanga, ont été tels qu'au seinde l'opinion, on se frotte d'abord les mains sur son départ. L'on se préoccupe de moins en moins de la suite, juste pour un temps certainement, de cerner les contours du come-back du prêtre de Butembo.
Toutefois, deux camps se sont créés autour du nouveau sacre de Malumalu. D'un côté, il y a ceux qui saluent ce retour. Alors que d'autres trouvent qu'il s'agirait d'un non événement. Le décryptage donne plutôt un résultat plutôt positif - le choix porté sur les 13 membres du nouveau bureau de la CENI n'ayant eu l'effet d'un tsunami, comme le prédisaient certains analystes alarmistes.
Le degré de responsabilité de l'opinion nationale aurait-elle atteint une telle maturité que la question est appréhendée suivant la logique du moindre mal ou du meilleur apprenti ? Il est clair que pour l'opinion congolaise, le prélat catholique aurait mieux organisé les élections en 2006 que le pasteur néo-méthodiste en 2011. Dans l'opinion, l'urgence était de tourner le plus vite possible la page Ngoy Mulunda pour ouvrir celle de Malumalu.
Pour l'instant, il faut dire que Malumalu bénéficie des circonstances atténuantes. Mais, il a un challenge. C'est celui de faire oublier le bilan macabre de Ngoy Mulunda. Sa crédibilité en dépend.
Se démarquer
L'excuse répétée du pasteur Ngoy Mulunda a toujours été le délai constitutionnel dont l'ombre a plané en permanence dans les préparatifs des scrutins de 2011. Tel l'épée de Damoclès, toutes les parties étaient d'accord sur un point : non à la prolongation des élections et au découplage de la présidentielle et des législatives.
Ngoy Mulunda travaillait donc avec cette pression. Il ne disposait que de huit mois pour tout organiser. Le gouvernement, qui avait la charge d'apporter les finances, ne s'était manifesté que dans le tard. Mais, à l'approche de l'échéance électorale, le gouvernement s'était activé dans le financement des élections de 2011.
Finalement, les élections se sont tenues tant bien que mal. Des irrégularités constatées ça et là ont sérieusement entamé la crédibilité des scrutins de novembre 2011, remettant en cause tout le travail du bureau Ngoy Mulunda. Les observateurs de l'Union européenne et ceux de la Fondation Carter ont, dans les conclusions de leur mission d'observation, relevé que les élections n'étaient pas organisées suivant les standards africains !
Dans l'imbroglio qui a suivi les élections de 2011, la CENI de Ngoy Mulunda avait tout perdu de ce qu'elle pouvait encore avoir comme crédit auprès de l'opinion tant nationale qu'internationale. Il y avait urgence de recadrer le processus. Les dégâts causés par le système Ngoy Mulunda ont été tels que la Majorité et l'Opposition ont, faisant abstraction de leurs clivages idéologiques, reconnu unanimement l'urgence de restructurer la CENI dans son organisation et dans son fonctionnement. Il fallait donc trouver l'oiseau rare, celui qui aura la lourde charge de faire remonter la courbe de crédibilité en forte inclinaison de cette importante institution d'appui à la démocratie.
Le retour du pianiste de 2006, l'abbé Malumalu, s'est avéré comme un recours judicieux. C'est d'ailleurs ce qui peut justifier le calme apparent qui a suivi l'annonce de la nouvelle. Reste que le président de la République doit entériner ce choix par voie d'ordonnance présidentielle.
Etant attendu que la procédure de l'élection du gouverneur de l'Equateur est très avancée, l'investiture du bureau de l'abbé Malumalu ne pourra intervenir qu'après la fin totale de l'ensemble des opérations de vote dans cette province.
Aussitôt ce travail terminé et l'ordonnance présidentielle signée et promulguée, obligation est faite au bureau de la CENI et à sa plénière de mettre les bouchées doubles dans l'élaboration du nouveau calendrier électoral. Ce qui ouvrirait la voie à la mobilisation des recettes en vue d'une meilleure organisation des élections. Selon des sources, les bailleurs de fonds verraient d'un bon œil le retour du pianiste de 2006 dans la mesure où, il a forgé son expertise sous l'œil vigilant de la même communauté internationale.
En urgence, les élections locales, municipales et provinciales doivent être organisées. La démocratie à la base telle que décidée par le Dialogue inter-congolais reste une préoccupation de chaque jour. Dans les territoires, les municipalités et autres entités décentralisées, les animateurs sont nommés sur des critères de clientélisme et autres. Et pourtant, la République s'est engagée sur la voie des élections pour tout accès aux postes de responsabilité. Ce chantier attend l'abbé Apollinaire Malumalu en priorité !
Le calendrier réaliste qui sera proposé par le nouveau bureau donnera la mesure de la volonté de bien faire et de faire avancer le processus. Puis, les élections provinciales qui vont permettre d'ouvrir l'opportunité aux gouverneurs et sénateurs, qui ont largement dépassé le mandat de cinq années pour lesquelles ils avaient été élus, de se remettre à la sanction populaire, au second degré.
Mobilisation des financements
Les partisans de l'abbé Malumalu allèguent qu'il jouirait d'un crédit certain auprès des bailleurs de fonds avec qui il avait travaillé en étroite collaboration en 2006. En effet, les élections locales et municipales exigent d'énormes moyens financiers. Et Malumalu aura donc besoin de l'appui de ceux qui l'ont aidé à réussir le challenge électoral de 2006. Le temps ayant sensiblement changé, en sera-t-il réellement le cas ?
Les seuls efforts du gouvernement ne suffiront pas. L'apport extérieur sera indispensable pour que Malumalu réussisse son pari. Sans doute, grâce à la confiance retrouvée, les bailleurs de fonds ne tergiverseront pas avant de délier le cordon de la bourse. Le défi logistique est immense. C'est d'ailleurs dans ce registre, que le bureau sortant a connu ses vraies difficultés au point d'opérer un passage en force.
Il va de soi que la révision du fichier électoral demeurera également un défi majeur en vue de crédibiliser davantage le processus. Le remplacement du matériel volé ou brûlé, la remise en place des bureaux suivant une cartographie revue et corrigée, … exige des moyens conséquents. Pays post-conflit, la République démocratique du Congo est en droit d'attendre du soutien de ses partenaires. La maîtrise des procédures n'est-elle pas un préalable qui rassure.
Mis ensemble, le chantier de l'élaboration du nouveau calendrier électoral est le premier test pour Malumalu. Par devoir de transparence, l'abbé-président doit avoir le courage de dire la vérité au peuple congolais, en se refusant de l'embarquer dans l'irréalisable.
Pour réussir sa nouvelle mission, Malumalu doit catégoriquement rompre avec les méthodes qui ont fait chavirer le bureau Ngoy Mulunda. Seule la vérité lui permettra de bénéficier de l'entière confiance aussi bien du peuple congolais que des partenaires au développement. La Sainte Bible ne rappelle-t-elle pas que la vérité affranchit.
Ngoy Mulunda a feint d'ignorer cette réalité biblique en se lançant dans une entreprise qu'il savait du reste risquée et sans lendemain sûr. Au bout de parcours, les résultats ont été catastrophiques.
Homme d'expérience et de terrain, Malumalu a l'avantage de connaître les méandres du processus électoral. Il a la lourde responsabilité de faire redécoller un processus au point mort. Ses premiers pas dans son rôle de président de la CENI permettront à l'opinion de juger de sa capacité à relever le défi.
Son cursus académique, repris en encadré, inspire confiance quant à sa capacité à surmonter les obstacles.
E n c a d r é
Notes biographiques de M. l'abbé Apollinaire Muholongu Malumalu
Prêtre du Diocèse de Beni-Butembo en République démocratique du Congo depuis 1986 et ancien recteur de l'Université catholique du Graben, où il enseigne et dont il dirige la Fondation, l'Abbé Apollinaire Malumalu, 52 ans, est actuellement directeur général de l'Ecole de formation électorale en Afrique centrale et président du Conseil d'administration du « Centre européen d'appui aux processus électoraux ».
L'Eglise catholique lui a confié, depuis deux ans, la construction de l'Institut panafricain cardinal Martino pour l'enseignement social de l'Eglise sous le haut patronage du Conseil pontifical Justice et Paix.
Il a été président de la Commission électorale indépendante de la République démocratique du Congo de septembre 2003 à mars 2011, rôle pour lequel il a reçu un Doctorat honoris causa de l'Université de Liège en Belgique et un autre de Lubumbashi en République démocratique du Congo. Il est chevalier de la Légion d'honneur décerné par la République française et commandeur de l'Ordre de Léopold décerné par le Royaume de Belgique.
Après avoir présidé la Conférence de Goma sur la paix, la sécurité et développement, il a coordonné le programme de stabilisation de l'Est de la République démocratique du Congo.
Docteur en science politique de l'Université Pierre Mendès France de Grenoble et docteur en philosophie de l'Université catholique de Lyon ; il a également une maîtrise en Théologie, une autre en Droits de l'homme de l'Université catholique de Lyon.
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