Crée le 28-06-2013 11H30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 28-06-2013 - 12 H50PAR :LE POTENTIEL
Un émissaire spécial des Etats-Unis dans les Grands Lacs
A n'en point douter, les choses se précisent de plus en plus dans la région des Grands Lacs. Après Mary Robinson, envoyé spéciale du secrétaire général des Nations unies dans les Grands Lacs, les Etats-Unis viennent de désigner un émissaire spécial pour les Grands Lacs. C'est un expert de la région qui a été porté à ce poste. Il s'appelle Russ Feingold. Il a reçu, entre autres mandats, de travailler pour la neutralisation du M23 et la relance des négociations politiques dans la région. Parviendra-t-il à faire adhérer le Rwanda et l'Ouganda à cette logique ? C'est la crédibilité des Nations unies qui est mise en jeu.
Depuis le 18 juin 2013, le département d'Etat américain a posté dans la région des Grands Lacs un émissaire spécial des Etats-Unis. Il a pour noms Russ Feingold. Il a reçu la confirmation de sa nomination du secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Dans une tribune reprise sur la page Facebook du département d'Etat américain, John Kerry l'a présenté comme « une personne qui va, je le crois, apporter une attention particulière à une région longtemps tourmentée ».
En fait, c'est sur un fin connaisseur de la région des Grands Lacs que le département d'Etat américain a jeté son dévolu pour conduire la politique américaine dans cette région troublée de l'Afrique. John Kerry l'a d'ailleurs présenté en ces termes : « Russ et moi avons travaillé ensemble au Sénat pendant près de 18 ans. J'ai un immense respect pour beaucoup de ces qualités, son intellect, son courage, sa passion. Mais en ce qui concerne sa mission, la principale de ses qualités qui est importante est son expertise de l'Afrique. Au Sénat, lorsque Russ Feingold parlait des problèmes de l'Afrique, le Sénat écoutait.
Il a dirigé la sous-commission Afrique lorsque je présidais la commission des Relations Extérieures, et je crois que mon prédécesseur en tant que président, le vice-Président Joe Biden, serait d'accord avec moi pour dire que Russ Feingold était le principal avocat et expert de l'Afrique au Sénat. Je suis très reconnaissant qu'il ait accepté de revenir au gouvernent et d'accorder l'expertise qu'il a acquise pendant ces années pour l'administration Obama et pour le Département d'Etat ».
Le cahier des charges de Russ Feingold
Le nouvel émissaire des Etats-Unis dans les Grands Lacs devait travailler en étroite collaboration avec la représentante spéciale de l'ONU pour la même région pour assurer, a précisé Washington, « spécifiquement la mise en œuvre rapide et totale de l'accord-cadre des Nations-Unies sur la paix, la sécurité et la coopération ».
Aussi, dans ses nouvelles fonctions, Russ Feingold coordonnera-t-il, sous l'autorité du secrétaire d'Etat et le Bureau des Affaires Africaines, l'élaboration de la stratégie américaine sur les nombreux défis dans la région des Grands Lacs, notamment : la sécurité transfrontalière, les problèmes d'assistance politique, économique et sociale et plusieurs autres questions, a précisé John Kerry dans la même tribune.
John Kerry a également fait mention de ce qu'il considère comme la priorité de la mission confiée à Russ Feingold. « J'ai mentionné certains d'entre eux-le M23, la violence, le besoin de construire la confiance et la capacité de la région », a-t-il détaillé.
A travers cette nomination, les Etats-Unis veulent, en effet, contribuer à sceller la paix dans l'est de la RDC, meurtrie notamment par la rébellion congolaise du M23, a souligné le secrétaire d'État américain, cité par l'AFP.
Décidément, pour le département d'Etat américain, le « désarmement » et la « démobilisation » du M23 passent pour une priorité en vue d'un retour de la paix dans les Grands Lacs, particulièrement dans l'Est de la RDC. « Nous sommes convaincus que nous devons aider les parties à trouver une voie vers une paix durable, à une cessation permanente des hostilités et au désarmement et à la démobilisation du M23, la reddition de comptes pour les abus des droits humains, et finalement, à briser les barrières qui s'érigent entre l'aide humanitaire et les civils qui en ont besoin », a affirmé John Kerry dans cette tribune.
Par rapport aux tensions récurrentes qui rongent la région des Grands Lacs, les Etats-Unis se sont finalement fixé une ligne de conduite qui se décline en trois axes : le retour de la paix en RDC, le désarmement et la démobilisation du M23. « Pour le Président et pour moi, c'est une priorité de haut niveau qui a besoin d'être traitée avec un leadership de haut niveau ». Ce qui, selon lui, explique la nomination d'un émissaire spécial des Etats-Unis dans la région.
Les Etats-Unis ne cachent donc plus leur détermination de ramener la paix dans la région des Grands Lacs. Ce n'est pas pour rien que la nomination de son émissaire spécial dans la région soit intervenue juste quelques jours avant la deuxième visite du président Obama en Afrique subsaharienne.
La région des Grands Lacs est au centre de grands « enjeux », a du reste rappelé John Kerry, le chef de la diplomatie américaine. « Les enjeux sont très importants, et il est absolument vital que nous fassions tout ce qui est possible pour faire avancer les choses dans la bonne direction et faire les bons choix. Je suis engagé, comme le Président et comme Russ Feingold, à relever le défi », a-t-il dit.
Panique à bord
En fixant les priorités de la mission confiée à son nouvel émissaire dans les Grands Lacs, Washington a, d'une certaine manière aussi, dévoilé sa feuille de route pour la région. Si le désarmement et la démobilisation du M23 ont été clairement identifiés dans le cahier des charges de Russ Feingold, la relance du dialogue politique dans la région se retrouve également dans son agenda de travail. Ce qui rejoint la position exprimée, il y quelques mois, par le président tanzanien, Jakaya Kikwete.
En effet, comme probable voie de sortie de crise dans la région des Grands, le président tanzanien avait émis le vœu de voir, à l'instar de la RDC, d'autres pays tels que le Rwanda et l'Ouganda engager également des négociations avec leurs principaux mouvements rebelles, notamment les FDLR, pour Kigali et l'ADF-Nalu pour Kampala. Ce qui lui a valu de vives critiques de la part de ses deux capitales de la région.
Aujourd'hui que les Etats-Unis reviennent à la charge en brandissant la même proposition, quelle sera dès lors l'attitude de ces deux pays, le Rwanda et l'Ouganda, qui ne cachent leur hostilité à toute forme de négociations avec leurs rebelles, disséminés pour la plupart dans la partie Est de la RDC.
Tout compte fait, Kigali et Kampala se retrouvent dans la position de l'arroseur arrosé. Car, après s'être servis pendant longtemps de la protection africaine pour couvrir leur forfait dans la région, ils sont finalement dos au mur, obligés de rompre avec leur compromettant. Comme bon nombre d'analystes de la région, les Etats-Unis se sont finalement rendu compte que la solution dans la déstabilisation permanente de la région des Grands Lacs se trouve bel et bien à Kigali et à Kampala.
Couper le cordon ombilical entre tous les groupes armés qui charrient la mort dans l'Est de la RDC avec ces deux capitales, c'est déjà résoudre à moitié le problème des Grands Lacs.
La souffrance de la région des Grands Lacs africains et la crise actuelle dans l'est de la République Démocratique du Congo avaient atteint de niveaux tels que les Etats-Unis ne demeuraient longtemps dans l'indifférence. La nomination d'un émissaire spécial dans la région est un signal fort qui devait dissuader tous les faiseurs de guerre de la région des Grands Lacs. Ils se recrutent dans la plupart de cas à Kigali et à Kampala. L'étau se resserre autant sur Kigali que le M23. Kampala est également dans le viseur.
Mais il y a un problème.
Un problème de taille, un problème fondamental : que va-t-on faire de plusieurs millions de morts, de Congolais, qui sont morts à la suite de la guerre qui a été imposée à la RDC et dont Kigali et Kampala sont parmi les premiers responsables. Surtout pour avoir été des sous-traitants des puissances occidentales ? Va-t-on faire passer ces 6 millions de morts sur le compte de pertes et profits ?
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