Crée le 02-01-2013 10H20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le samedi 02-01-2013 - 13H44 PAR: AFRIKARABIA
Alors que la possibilité d'un accord s'éloigne entre les rebelles du M23 et le gouvernement congolais, de nouveaux acteurs font leur entrée dans le conflit du Kivu : l'Afrique du Sud, la Tanzanie et le Congo-Brazzaville. Le M23 compte sur ces pays pour contraindre Kinshasa au compromis politique.
Les deux discours sont toujours irréconciliables. La rébellion du M23 demande un changement de régime à Kinshasa, assorti du départ du président Joseph Kabila, alors que le gouvernement congolais refuse toute "négociation politique" et attend l'arrivée d'une hypothétique force internationale neutre (FIN). Mais au mini-sommet de l'Union africaine ce week-end à Addis-Abeba, la création d'une force neutre s'est peu à peu éloignée… Aucun accord n'a été signé. "Questions de procédures", selon Ban Ki-moon, le patron de l'ONU. En cause : les contours de la force neutre. L'ONU veut l'intégrer au sein de la Monusco, la mission des Nations unies en RDC. Mais la Tanzanie et l'Afrique du sud, susceptibles d'alimenter cette force, refusent. Selon la SADC, l'organisation régionale, dont l'Afrique du Sud et la Tanzanie sont membres, ces pays préféreraient avoir "les mains libres" et "piloter seuls" la force neutre. Résultats : Kinshasa n'est pas prêt de voir une telle force venir s'interposer à l'Est de la RDC entre l'armée congolaise et les rebelles du M23.
L'option sud africaine
Un projet de force neutre qui s'éloigne… et le M23 qui reprend confiance. L'abandon provisoire de cette force est un coup dur pour les autorités congolaises, mais constitue une occasion en or pour la rébellion de se chercher de nouveaux alliés. Une délégation rebelle, avec le député congolais Roger Lumbala à sa tête, aurait décidé de se rendre dans la capitale sud africaine. Accompagné d'Antipas Mbuasa Nyamwisi, ancien ministre des affaires étrangères et de Deogracias Bugera, ancien proche de Laurent Désiré Kabila, Roger Lumbala serait venu défendre la cause du M23 auprès des autorités sud africaines. Prétoria n'a pas été choisie au hasard par les rebelles congolais. L'Afrique du Sud est l'un des poids lourds du continent et a joué, par le passé, plusieurs fois le rôle de médiateur. L'accord de 2002, signé à Sun City, institua le fameux "1+4" (1 président et 4 vices présidents) et a permis d'amorcer une période de transition politique. L'Afrique du sud pourrait constituer un "allié" important du M23 pour les mois suivants, qui s'annoncent délicats… surtout si les événements venaient à mal tourner du côté du Goma. La capitale provinciale du Nord-Kivu est toujours à portée de fusils des rebelles, qui campent à Munigi… à moins de 5 km du centre-ville.
Sassou à la manoeuvre
Après l'Afrique du Sud, la Tanzanie, absente un temps sur le plan régional, chercherait à revenir sur le devant de la scène. Le conflit congolais constituerait une excellente "opportunité" de jouer un rôle régional majeur dans la crise des Grands Lacs. Mais la surprise pourrait venir du Congo-Brazzavile, qui se verrait bien "indispensable" dans un certain nombre de crises, comme la Centrafrique, où Sassou Nguesso à joué les facilitateurs "à poigne" entre Bozizé et la Séléka. L'arrivée de Sassou Nguesso dans le dossier congolais est intervenue en deux temps. Très "distant" avec le président Kabila, il s'est d'abord rapproché de Paul Kagame, le président rwandais, accusé de soutenir les rebelles du M23. En août 2012, alors que le Kivu s'enflammait de nouveau, avec l'offensive du M23 sur l'armée régulière, Sassou et Kagame mettaient en place des "axes de coopérations prioritaires" dans le tourisme, le transport (lignes aériennes), l'environnement et l'habitat. Du côté de Kinshasa, les commentateurs trouvaient cette manoeuvre diplomatique "un peu suspecte" en des temps si troublés. Après une brève rencontre avec le président Kabila, le 19 janvier dernier, Sassou Nguesso, laissé entendre qu'il pourrait organiser "une rencontre à trois", avec Paul Kagame, Joseph Kabila et lui-même, pour "résoudre efficacement la crise sécuritaire" en RDC. Sassou souhaite une sortie de crise "négociée" entre les deux parties et il est fort à parier qu'après l'Afrique du Sud et la Tanzanie, une délégation du M23 débarque à Brazzaville pour plaider sa cause.
L'échec annoncé de Kampala risque donc de donné lieu à un scénario en deux actes : tout d'abord une reprise des affrontements autour de Goma et Bukavu et ensuite, un second round de négociations, où, en plus du Rwanda et de l'Ouganda, on risque de retrouver l'Afrique du Sud, la Tanzanie et le Congo-Brazzaville à la manoeuvre. Mais attention, il n'y aura pas de place pour tout le monde.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo © Ch. Rigaud - www.afrikarabia.com
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