Crée le 15-02-2013 11H20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 15-02-2013 -11H34 PAR: CONGOINDEPENDANT
Daniel Mulunda Ngoy Nyanga.
Pour avoir fustigé «l'ingratitude» de «Joseph Kabila» devant quelques notables balubakats réunis, le mercredi 6 février, au bâtiment du 30 juin à Lubumbashi, Daniel Mulunda Ngoy Nyanga, ancien conseiller spirituel du « raïs » et président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), s'est fait houspiller par Nday Ngoy Matembo, le tout-puissant président national de l'association socioculturelle Buluba - i – Bukata. Sur un air de «je te tiens, tu me tiens par la barbichette… », Nday use des menaces à peine voilées à l'encontre de Mulunda. On peut gager que la diffusion de ce document sur la toile ne peut profiter qu'au "pasteur"
«Je ne connais pas cette lettre !». L'homme qui parle s'appelle Nday Ngoy Matembo. Il est le président national de l'association socio-culturelle Buluba-i- Bukata (Balubakat). C'est la réponse qu'il a donnée à l'auteur de ces lignes qui l'a joint au téléphone à Lubumbashi, dans la matinée du mardi 12 février. La question était simple : confirme-t-il l'authenticité d'une correspondance qu'il aurait adressée à Daniel Mulunda Ngoy en date du 8 février 2013? Curieusement, le président Nday a répondu par la négation sans chercher à connaître le contenu de ladite missive. Bizarre !
De quoi s'agit-il ?
Depuis la tenue de l'élection présidentielle et des législatives du 28 novembre 2011, le tout-Kinshasa politique bruissait des rumeurs selon lesquelles le président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), Daniel Mulunda Ngoy Nyanga, un proche parmi les proches de «Joseph Kabila», avait des «états d'âme». L'homme donnait à ses interlocuteurs l'impression de frôler la «neurasthénie». Et pour cause ? A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, des voix se sont élevées pour chapitrer les tripatouillages ayant émaillé ces consultations politiques. Lors du XIVè sommet de la Francophonie, tenu en octobre dernier, à Kinshasa, le président français François Hollande est allé jusqu'à subordonner sa présence à des réformes structurelles à opérer au niveau de cette institution d'appui à la démocratie. Mulunda, le "gourou", se serait-il senti «lâché» par son «filleul spirituel» ?
«Ingratitude»
Mercredi 6 février, les Lushois vaquent tranquillement à leurs occupations. C'est le jour choisi par Mulunda pour organiser une rencontre avec des personnalités lubas du Katanga. Lieu : le bâtiment du 30 juin. Le «Pasteur Daniel» ne serait pas allé par le dos de la cuillère en clamant son amertume face à ce qu'il appelle «l'ingratitude» de «Joseph Kabila» à son égard. L'homme est resté néanmoins muet sur la nature du «service» qu'il aurait rendu au "raïs" et pour lequel il attendait une certaine «reconnaissance» voire une rétribution.
Informé, le président Nday Ngoy Matembo est littéralement tombé de sa chaise. Aussi, s'est-il empressé de prendre sa plus belle plume pour signifier à Mulunda «quelques observations». Dans une lettre n°30/PT/BIB/2013, datée du 8 février 2013, Nday d'alterner la douceur et la menace. «(…), vous êtes, note-t-il, un digne fils Luba, vous avez travaillé dans le cadre et à la tête de la Ceni pour conserver en famille le pouvoir suprême que Mzee Laurent-Désiré a conquis et légué à son fils biologique Joseph Kabila Kabange. (…), vous avez conduit le processus électoral à bon port en dépit de nombreuses difficultés rencontrées à la grande satisfaction de notre communauté de Buluba-i-Bukata à qui vous avez évité l'humiliation grâce à l'élection de Joseph Kabila Kabange. Le peuple luba tout entier vous restera à jamais reconnaissant.»
«Conclave»
Il n'est pas sans intérêt d'ouvrir la parenthèse pour rappeler ce «conclave» organisé début février 2011 à Kamina, District du Haut Lomami, dans la province du Katanga. Tous les bonzes balubakat étaient présents. C'est le cas notamment du gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu Mulongo, du «général» John Numbi Banza, des députés Jean Mbuyu et Vicky Katumwa, de Célestin Mbuyu Kabango alors ministre des Hydrocarbures, du président de l'Assemblée provinciale du Katanga Gabriel Kyungu wa Kumwanza et de l'actuel procureur général de la République (PGR) Flory Kabange Numbi. Sans omettre le sénateur Luhonge Kabinda Ngoy. Pour la petite histoire, celui-ci était PGR lors de l'investiture de «Joseph Kabila», un certain 26 janvier 2001. Ce haut magistrat ne s'est pas empêché de commettre un «faux public» dans le réquisitoire de prestation de serment qu'il a lu lors de cette cérémonie. «Attendu que l'examen par l'organe de loi du dossier personnel de Monsieur Joseph Kabila, général-major, révèle que ce dernier est Congolais d'origine, de père et de mère et qu'il est né à Hewa Bora II, Collectivité de Lulenge (…)», peut-on lire. Un seul point était à l'ordre du jour de cette rencontre : élaborer des stratégies pour assurer la victoire de «Joseph Kabila Kabange» au scrutin présidentiel. On ferme la parenthèse.
«Réparer la honte…»
Après avoir soufflé le chaud, le président Nday de souffler le froid en commençant par regretter que Mulunda ait préféré laver les linges sales non pas en famille mais dans un «cadre hétérogène du bâtiment du 30 juin». Il critique au passage le président de la Ceni d'escompter des «dividendes» pour un service rendu «dans l'intérêt de notre communauté». Et de poursuivre : «Le président Kabila est pour notre communauté une mine d'or très précieuse que nous devons tous protéger quelles que soient ses erreurs». Adoptant un ton comminatoire, Nday Ngoy lance : « Quid alors des accusations qui me parviennent de Kinshasa selon lesquelles vous avez abusé de vos pouvoirs en vous servant indûment de la caisse de la Ceni ? Certains députés accusent le président Joseph Kabila d'être trop large à votre endroit parce que, selon eux, votre place est en prison et non en liberté (…)». Le président Nday d'inviter le «serviteur de Dieu» qu'est le pasteur Daniel à «consolider le ministère de la réconciliation» en réparant «devant tout le monde la honte» qu'il a infligée à son «frère le président Kabila». Copie de cette correspondance a été adressée à Jean-Claude Masangu et célestin Mbuyu Kabango en leur qualité respective de délégué spécial de Buluba-i-Bukata et de président de cette association pour la ville de Kinshasa.
La lettre du président Nday Ngoy Matembo à Daniel Mulunda Ngoy laisse penser que le «coming out» de ce dernier a été ressenti dans la «Kabilie» comme un véritable coup de tonnerre. Rien d'étonnant. Mulunda n'est pas n'importe qui. Pour avoir fait les «quatre cent coups» avec «Joseph Kabila», l'homme sait beaucoup sur le «Congo libéré» de Kabila père et "fils". Présenté à LD Kabila en 1997, en Afrique du Sud, alors qu'il gravitait autour de l'évêque anglican Desmond Tutu, Mulunda n'a plus quitté le Mzee jusqu'à la «libération» du 17 mai 1997. En 1999, il se trouvait à Lubumbashi lorsque « Papa Kabila » lançait les Forces d'autodéfense populaires pour contrer les combattants du RCD appuyés par l'armée rwandaise. «Joseph Kabila» était également là en tant que chef d'état-major des Forces terrestres. Il en est de même d'un certain John Numbi Banza. A l'époque, des armes ont été distribuées sans discernement au Katanga. Kyungu Mutanga alias «Gédéon» et Tshinza-Tshinza en sont les conséquences.
Je te tiens, tu me tiens par la barbichette…
En 2005, Daniel Mulunda - qui n'avait aucun titre officiel - lançait au Katanga l'opération dite «Arme contre bicyclette». Financée principalement par «Joseph Kabila», cette action aurait permis la récupération de 6.500 armes à feu. Le 2 juin 2006, le «pasteur Daniel» sommait la représentante d'alors de la Monuc au Katanga, la Colombienne Magda Gonzales, de quitter cette région dans un délai de quatre jours. Motif : la diplomate onusienne s'était inquiétée de la destination donnée aux armes et munitions recueillies. Mulunda, lui, prétendait que cette dame multipliait «des rapports mal intentionnés pour étouffer le travail» de son association «Parec». D'aucuns suspectent encore de nos jours le duo Mulunda-«Kabila» d'être le plus grand pourvoyeur en armes des bandes armées qui «bourgeonnent» dans les deux Kivu. La dernière en date est le M26 que dirigerait le Hutu du Masisi Eugène Serufuli
Les Balubas du Katanga commencent à s'entredéchirer. Depuis le 16 janvier 2001, cette communauté tribale impose une sorte d'omerta à la Sicilienne tant sur les circonstances exactes de la mort de LD Kabila que sur les origines et le parcours personnel de son successeur. Ces deux situations leur servent de "fonds de commerce" pour conserver le pouvoir d'Etat. Il semble bien que la zizanie ambiante s'étendrait au-delà du Nord Katanga. Selon des indiscrétions, le Mubemba Moïse Katumbi Chapwe, l'actuel gouverneur du Katanga, penserait de plus en plus «en se rasant» à l'élection présidentielle de 2016. L'homme serait sur le point de lancer son parti politique.
Revenons à la lettre de Nday Ngoy Matembo. Que conclure sinon que «Joseph Kabila» et Daniel Mulunda Ngoy Nyanga se tiennent désormais par la barbichette. Question : Qui dégainera le premier… ?
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2013
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