Crée le 17-12-2012 10H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 17-12-2012 - 10H00 PAR: CONGOINDEPENDANT
Les députés et sénateurs réunis au Palis du peuple. Photo Radio Okapi
L'allocution prononcée, samedi 15 décembre 2012, par «Joseph Kabila», devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, confirme ce que l'on savait déjà. A savoir que le Congo-Kinshasa est «dirigé» par un pauvre irresponsable qui s'accroche au pouvoir non pas pour servir le bien commun mais juste pour profiter des privilèges et avantages qui s'y rattachent. Les Congolais, eux, sont comme «anesthésiés» par la médiocrité au pouvoir.
Analyse
Tout compte fait, «Joseph Kabila» a raison d'arborer son mutisme devenu légendaire. Et pour cause ? Chaque fois qu'il ouvre la bouche, il ne débite que des platitudes. Des platitudes qui prennent une tournure tragi-comique au regard de la situation que traverse le Congo démocratique depuis huit mois.
Depuis le déclenchement, en avril dernier, de la mutinerie-rébellion des éléments des FARDC (Forces armées de la RD Congo) issus du CNDP-M23 dans la province du Nord Kivu, l'homme qui trône en toute illégitimité au sommet de l'Etat congolais est resté, comme à son habitude, économe de sa parole. La population congolaise a dû recourir à des médias «périphériques» pour obtenir des informations utiles sur la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays. Depuis huit mois donc, «Joseph» ne s'est exprimé que trois fois sur une crise qui menace pourtant l'intégrité du territoire national. Comment ne pas parler, dès lors, d'irresponsabilité criminelle au sommet de l'Etat?
Samedi 15 décembre, «Joseph Kabila» s'est décidé à exercer le ministère de la parole en s'adressant aux deux Chambres du Parlement réunies au Congrès. D'aucuns espéraient, à juste titre d'ailleurs, entendre l'homme qui se targue du titre de «garant de la nation» énoncer des pistes de solution; montrer le chemin de sortie de crise au Nord Kivu. Rien. Le miracle n'a pas eu lieu. Pire, l'orateur s'est limité à diagnostiquer le «mal» en mettant à nu une vérité connue : le Congo-Kinshasa est malade d'une direction politique non-éclairée. Une direction politique qui se caractérise par une absence de grand dessein et de vision.
Qu'a dit «Joseph Kabila» ?
Dans une litanie d'aveux d'impuissance, l'orateur a répété par deux fois que le Congo démocratique fait face à «une guerre injuste» qui «nous est imposée». Guerre imposée par qui ? Malin comme un vieux singe, «Joseph» s'est gardé de désigner le Rwanda de Paul Kagame comme étant l'agresseur. Il a parlé plutôt d'une «guerre d'agression de la part du Rwanda». Nuance.
Selon lui, les commanditaires de cette situation cherchent à «nous affaiblir». Devrait-on conclure que les pays accusés, à tort ou à raison, de soutenir les rebelles du M23 ne chercheraient finalement qu'à rendre le régime en place à Kinshasa un peu plus malléable? Dans quel but ? Est-ce pour accorder une sorte de «laisser-faire» aux milieux affairistes et maffieux de certains pays voisins à piller des ressources du Congo en toute impunité ?
Il est assez étonnant d'entendre «Joseph Kabila» qualifier les rebelles de M23 d'«éléments à la solde des intérêts étrangers». Questions : A partir de quel moment a-t-il fait cette découverte? A l'issue de la signature des Accords du 23 mars 2009, n'est-ce pas le «général» John Numbi Banza Tambo, alors patron de la police nationale, qui avait escorté des responsables du CNDP au ministère de l'Intérieur afin d'obtenir l'agrément en tant que parti politique ? Le CNDP, rebaptisé plus tard M23, ne faisait-il pas partie de la fameuse «majorité présidentielle»? François Rucokoza, l'actuel chef de la délégation du M23 aux pourparlers de Kampala, n'assumait-il pas les fonctions de ministre provincial de la Justice au sein du gouvernement du Nord Kivu?
Lors de l'interview qu'il avait accordée, le 28 juin, à quelques journalistes kinois, le locataire du Palais de la nation faisait remarqué que les FARDC avait perdu «une bataille» parlant des localités passées sous le contrôle des insurgés. Le 20 novembre dernier, les combattants de M23 occupaient la ville de Goma. Et ce, durant deux semaines. Dans son allocution, «Joseph Kabila» n'a pas changé de discours. «Il est vrai que nous avons, il y a peu, perdu une bataille», a-t-il déclaré devant le Congrès. A Goma, les FARDC ont-ils perdu une bataille ou simplement la guerre ?
Douze années après son accession à la tête de l'Etat, «Joseph Kabila» semble ignorer que la défense du territoire et le maintien de l'ordre public relèvent des missions régaliennes de l'Etat et non de la population. Encore moins des troupes onusiennes présentes sur le sol congolais Il est, dès lors, loufoque de l'entendre clamer que «c'est ici, pour moi, l'occasion de lancer un appel à la Nation toute entière pour que, désormais, elle s'approprie l'enjeu de la défense nationale». On ne peut que dire autant de l'appel qu'il a lancé à la population de s'apprêter à «défendre notre mère patrie jusqu'au sacrifice suprême». Détail amusant : "Kabila" d'ajouter que «notre priorité sera la défense de la patrie». «La défense, rien que la défense, avec une armée dissuasive. Une armée nationale, apolitique et professionnelle. Bref, une armée qui rassure notre peuple dans toute sa diversité ; une armée dont notre peuple sera fier, et qu'il soutiendra en tous temps et en toutes circonstances». Interdiction de rire!
Vers le retour au « partage équitable et équilibré du pouvoir ?»
«Joseph Kabila» serait-il devenu amnésique où prendrait-il les citoyens congolais pour des naïfs? Dans son discours d'investiture prononcé le 26 janvier 2001, ne s'était-il pas «engagé» à doter le Congo Kinshasa d'une «armée moderne, forte, bien équipée, respectable et respectueuse des droits de chacun, capable de défendre la nation en toutes circonstances» ? Quel en est le bilan douze années après ?
Le Congo-Kinshasa traverse des moments difficiles à la lumière de l'insécurité qui règne dans le Nord Kivu. Une insécurité aux conséquences imprévisibles. L'Histoire a démontré que c'est généralement dans les moments pareils qu'on voit émerger un «leader» ou un «Chef» doté d'une idée d'avenir. Un leader capable de mobiliser les énergies endogènes autour d'une ambition de renaissance nationale. Depuis son arrivée au pouvoir, «Joseph Kabila» a démontré qu'il n'a aucun projet pour ce pays. Bien au contraire. Il s'est évertué à "liquider" le tissu économique et à fragiliser la cohésion nationale en privilégiant malicieusement un groupe de Congolais - les locuteurs de la langue Swahili - au détriment des autres. «La cohésion nationale est plus que nécessaire, a-t-il claironné pourtant devant les parlementaires. La cohésion nationale s'impose à nous tous. La défense de notre cher et beau pays est l'affaire de tous, de même que la préservation de la paix nous concerne tous». Faudrait-il en rire ou en pleurer ?
Le Congo a besoin d'un leadership visionnaire pour rétablir son unité à l'intérieur et sa respectabilité à l'extérieur. "Joseph Kabila" n'est pas et n'a jamais été l'homme de la situaion. Il incarne une direction politique réfractaire au progrès économique et social. Rien d'étonnant donc que ce grand et beau pays ait désormais la mine de «l'idiot du village Grands Lacs». La terre entière ne cesse de compatir face à l'incapacité des Congolais à oser le Changement. De gré ou de force. En attendant, «Joseph Kabila» paraît décidé à rester Calife à la place du Calife. N'a-t-il pas fait état de sa volonté de prendre «une initiative» dans les jours à venir ? Va-t-on assister au retour en force du «partage équitable et équilibré du pouvoir» pour donner un regain de vitalité à un «système kabiliste» condamné?
Baudouin Amba Wetshi
0 comments:
Post a Comment