Crée le 12-07-2012-05h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le Jeudi 12-07-2012 -05h05 PAR : LE PHARE
«Des militaires s'exprimant en anglais et des combattants portant des tenues différentes des FARDC dans les rangs du M23 », révèle Roger Meece. La réaction de Roger Meece, patron de la Mission onusienne pour la stabilisation au Congo, était très attendue depuis que le train de la paix a dangereusement déraillé sur les collines du Kivu. Après la chute de Bunagana, à la lisière de l'Ouganda, il lui fallait briser le silence. Il l'a fait hier au siège de la Monusco sur l'avenue des Aviateurs. Face à une brochette de journalistes congolais et des médias périphériques, il a tenu à remercier le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le gouvernement congolais et toutes les personnes qui ont contribué au renouvellement du mandat de la mission onusienne. « Cela nous permettra de faire des avancées pour le rétablissement de la paix et de l'autorité de l'Etat dans le pays », a-t-il affirmé d'entrée de jeu.
Mais de quelle paix parle-t-on quand on sait que tout va de travers depuis début avril avec la rébellion déclarée du M23 qui bénéficie aujourd'hui, et cela n'est un secret pour personne, de l'apport en hommes et matériels du Rwanda? Roger Meece qui n'a pas sa langue dans la poche en dépit de l'attitude de réserve inhérente à sa fonction, a révélé que « le M23 dispose aujourd'hui d'effectifs plus importants qu'il y a quelques semaines et il est bien équipé ». Et ce n'est pas tout. « Il y a dans les rangs du M23 des soldats qui s'expriment en anglais et en français ». Chacun peut tirer ses conclusions et elles ne seront pas éloignées des observations contenues dans les annexes du Rapport des experts de l'Onu récemment rendu public à New York.
Faisant allusion à l'information selon laquelle les troupes du M23 font un mouvement de repli sur Bunagana, Roger Meece a déclaré que « la Monusco n'était pas sûre de ce que le M23 avait dit et qu'elle fait des efforts pour vérifier cette information. Nous travaillons activement avec les FARDC ».
Goma ne tombera pas
La Monusco est prête à faire face à toute éventualité et elle est en train de réfléchir à ce sujet. « Nous sommes concernés par tous les scenarii possibles pour le futur et nous prenons toutes les dispositions pour protéger la population civile. Nous sommes déterminés à empêcher toute avancée vers Goma ». A une question consistant à savoir si la Monusco pense au scénario de la prise de Goma par le M23 comme ce fut le cas avec Mutebusi de triste mémoire avec la ville de Bukavu qui avait conduit au soulèvement de la population congolaise dans toutes, les grandes villes, le numéro un de la Monusco a répondu que « pour le moment la Monusco réfléchit davantage aux contingences consistant à identifier les vraies intentions du M23. On ne connaît pas ses intentions réelles».
Au passage, le représentant spécial n'a pas manqué de déplorer toutes les pertes en vies humaines du côté de la population comme des éléments des FARDC, mais aussi du côté de la Force de la Monusco qui a perdu un casque bleu indien lors des combats de Bunagana.
Il a confirmé les informations livrées déjà par le porte-parole de la Monusco en ce qui concerne la suspension des opérations militaires ciblées menées par les casques bleus et les FARDC dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu et cela à cause de cette mutinerie.
La Monusco n'est pas indifférente à la situation pénible que connaît la population congolaise sur le terrain. « Nous sommes très préoccupés par l'impact de cette guerre sur les populations civiles et nous travaillons étroitement avec les agences humanitaires ainsi que les différentes ONG pour voir ce qu'on peut faire rapidement », a déclaré Roger Meece.
Aucun accord Monusco-M23
Réagissant à la déclaration des infiltrés du M23 qui ont affirmé qu'«ils ont laissé la ville de Rutshuru à la Monusco et à la Police nationale congolaise (PNC), l'ambassadeur Roger Meece a tenu à souligner le caractère unilatéral de la déclaration des mutins avec lesquels la Monusco n'a signé aucun accord.
S'agissant des violations des droits de l'homme dénoncées par les observateurs, le Représentant spécial du SG des Nations-Unies, s'est exprimé avec fermeté : « Les leaders du M23 portent la plus grande responsabilité des violations des droits de l'homme dans toutes les actions entreprises dans les localités qu'ils contrôlent. C'est une situation déplorable et il faut l'arrêter le plus tôt possible». D'autant plus que « cette mutinerie exacerbe fortement les tensions intercommunautaires, surtout à l'égard des tutsi». Et Roger Meece de poursuivre : «Plutôt que de contribuer à la solution des problèmes, les actions du M23 alimentent au contraire le cycle des violences dans la région. Il est plus important de dialoguer et de trouver des solutions ensemble, quelle que soit la communauté à laquelle on appartient».
Abordant la problématique de l'implication du Rwanda dans la guerre du Kivu, le Représentant spécial a lancé un appel à l'arrêt immédiat de cette implication.
Evitant la langue de bois, Roger Meece a tenu à donner quelques éléments qui permettent de constater que le M23 n'agit pas seul. Il est ainsi revenu sur les tenues militaires portées par les combattants de ce mouvement et qui sont un peu différentes de celles des FARDC. Il a ensuite révélé que la Monusco est entrée en contact avec des soldats qui parlent anglais et français dans les rangs du M23. Il s'est appesanti sur les tactiques militaires sur le terrain, insistant au passage sur leur caractère assez sophistiqué du côté du M23. Il a relevé enfin les attaques nocturnes qui ne sont pas caractéristiques des FARDC». Roger Meece estime que «ce sont des indices inquiétants dans la situation actuelle».
Les Congolais s'identifient à leur pays
La Monusco avait promis tout au début de la mutinerie que Bunagana n'allait pas tomber, mais elle n'a pas tenu sa promesse car la localité est tombée entre les mains des agresseurs de la RDC. Faut-il parler d'impuissance de la Monusco ou des limites lui imposées par son mandat ? A cette question de la presse, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU a indiqué que « la situation actuelle est différente de celle qui prévalait il y a quelques semaines. Maintenant, le M23 constitue une force importante ».
Interrogé sur le plan de balkanisation de la RD Congo, M. Meece a déclaré qu'il n'a pas eu connaissance de ce plan en dehors de ce qu'il a lu dans un rapport de l'ONU. Et d'ajouter: « La communauté internationale dans son ensemble et la Monusco sont contre toute tentative de balkanisation de la RdCongo ou toute tentative menaçant son intégrité territoriale. J'ai vécu en Rd Congo au moment où le pays passait des moments difficiles, où le pays était divisé en plusieurs parties. J'étais impressionné par le fait que les Congolais sont prêts à s'identifier par rapport au Congo. Il y a ensuite cette volonté de voir leur pays demeuré uni. Je pense que cela constitue une force importante pour pouvoir diviser le Congo. Je ne crois pas qu'il est possible de faire une balkanisation du Congo à cause de ces facteurs ».
Pour la Monusco, a dit Roger Meece, la solution à cette guerre passe par l'arrêt immédiat de toute action militaire du M23. Et de poursuivre : «l'utilisation des armes pour faire des revendications n'est pas acceptable».
Pour le patron de la Monusco, la mission onusienne est prête à apporter son concours s'il y a une demande des négociations. «La Monusco est prête à faciliter des négociations entre les différentes parties, mais pour le moment il n'y a pas des négociations a-t-il conclu.
Jean-René Bompolonga
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