Tuesday, October 22, 2013

AFRIQUE REDACTION Site d'actualité africaine et internationale . Rédacteur en chef : BONGOS Roger: Récit d’un assassinat géostratégique,par Yohan De Doncker

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Récit d'un assassinat géostratégique,par Yohan De Doncker
Oct 23rd 2013, 06:46

Crée le 23-10-2013   07H30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE.  Mis à jour le mercredi   23-10-2013 - 09H59 PAR :ARTV NEWS

Récit d'un assassinat géostratégique,par Yohan De Doncker  
Rappelez-vous il y a deux an, quand on l'a attrapé le Colonel. Ça faisait des mois qu'on le voulait mort ou vif ! Ben on l'a pas raté…

De la bouche jusqu'au thorax qu'il saignait, cerné par des dizaines d'hommes armés en pleine montée d'adrénaline… Ils ne l'ont pas égorgé, mais il en eut fallu de peu. Heureusement qu'on leur avait dit de ne pas le faire ! Car le problème avec l'égorgement, c'est que c'est pas télégénique. Ça aurait eu un très mauvais effet sur l'opinion publique… Imaginez à 20h, sur tous les JT, Kadhafi égorgé en place de grève !?… Non, ça n'aurait pas été sérieux ! On a des manières tout de même ici. On a une déontologie, nous !

Bien sûr que c'est passé à la télé. Même que ça tirait vers les cieux tout en criant «Allah akbar ! Allah akbar !»… Oui, oui, des mercenaires fanatisés. Un peu comme en Syrie. Quoique là-bas c'est plus compliqué, les Russes et les Chinois ils transigent pas.

Alors on voyait le Colonel tout avachi, les yeux dans le vague, le ventre à l'air… quasiment mort ! D'ailleurs, sur les images c'était pas bien net… En même temps, c'est depuis le début de cette guerre qu'on n'y voyait pas grand chose : une vidéo par ci, beaucoup de commentaires par là, sur fond de printemps arabes bien opportuns…

De toute façon, Kadhafi, pour la plupart des gens, c'était l'ogre à abattre, un maniaque, une sorte de croque mitaine digne des Néron, Staline, ou même Hitler en début de carrière… Si, si, souvenez-vous, quand Bernard-Henri Lévy s'est fait le porte-parole du peuple libyen ! Enfin, de quelques «rebelles» tout à fait minoritaires, rebaptisés pour l'occasion «rebelles pour la liberté» ou «Conseil National de Transition». Eh bien il disait un peu partout Bernard que le Colonel allait massacrer sa population à Benghazi ! Qu'il fallait vite intervenir, au nom des « Droits de l'Homme » ça va sans dire,  en organisant une petite coalition pour empêcher la rafle du tyran sanguinaire ! Une ingérence humanitaire, quoi.

Attendez, mais Bernard c'est un peu comme un oracle, un missionnaire, faut le savoir ! La souffrance il la renifle de très loin et l'expire sur tous les plateaux télé !… Il dénonce «plus jamais ça, plus jamais ça»… Mais la réalité c'est qu'il a ça dans le sang. Comme un don vous voyez ? Ah si, si, mais il ne l'exerce que quand ça rapporte, c'est une question de principe, de morale même ! Et là pour le coup, il ne rigolait pas BHL, il préparait un film en tant qu'acteur, réalisateur et metteur en scène ! Avec Sarkozy dans le rôle du libérateur, du porteur de démocratie. Si, si ! Le tout, produit à la sauce américaine : jackpot assuré !…

On a donc mis les gros moyens en place, fallait pas se rater. On a fait voter une résolution à l'ONU : une zone d'exclusion aérienne. Puis on a prévenu qu'au moindre accroc on viendrait lui botter le cul au Colonel… Et ça n'a pas manqué ! Quelques jours plus tard, Claire Chazal au 20h a mis tous ses talents de « journaliste » à notre service :  «Des bombardements intensifs ont provoqué un premier exode». Suivi d'images fumeuses et toujours aussi floues…

Dès lors, on pouvait lancer notre invasion coalisée façon OTAN

Résultat : le film de BHL a fait 3000 entrée, l'intervention humanitaire 60 000 morts ! Des Libyens principalement… Sept longs mois de pilonnages pour 8 000 raids aériens, 30 000 bombes, rien que ça ! Depuis, la Libye c'est un bordel sans nom, certains appellent ça «la somalisation de la région». C'est très simple comme concept : tu plonges un pays dans le chaos politique et social, et pendant ce temps là tu l'exploites.

Quoi le peuple libyen ?! Tout le monde s'en fout ! T'as pas compris ?!… La France, l'Angleterre, les États-Unis, Israël, l'Otan quoi !, on a des obligations, des intérêts supérieurs. Et tant que les gens continueront de croire en nous, ou de ne pas se poser de question, eh bien on pourra faire ce qu'on veut : des bombardements humanitaires, des révolutions colorées, des attentats sous faux drapeau, peu importe, c'est nous qui décidons !

Maintenant le Kadhafi, seuls ceux qui savent le pleureront. Pour tous les autres, c'est comme s'il n'avait jamais existé…

Pourtant la Libye de Kadhafi c'était la paix, et un niveau de vie élevé pour tous

Le dictateur libyen était parvenu à libérer son pays de toute dette ; chaque concitoyen, même immigré, possédait un logement et une voiture. L'éducation et les soins de santé (y compris à l'étranger) étaient gratuits, l'électricité aussi, quant à l'essence et le pain ils ne coûtaient quasiment rien…

Les banques libyennes accordaient des prêts sans intérêts. Les citoyens n'avaient pas d'impôts à payer, et le TVA n'existait pas. Chaque libyen pouvait recevoir une allocation de 500 dinars (300€) par mois, alors qu'on vivait décemment avec 300.

La Libye tirait la majeure partie de sa richesse de l'exploitation du pétrole. En effet, elle dispose des plus importantes réserves de pétrole d'Afrique (estimées à 46 milliards de barils en 2011).  L'industrie pétrolière était gérée par l'entreprise nationale publique (National Oil Corporation), qui jouissait d'une participation majoritaire dans tous les domaines de l'exploitation de l'or noir. Ainsi, c'est grâce à cette ressource nationalisée que la Libye de Kadhafi put offrir le niveau de vie le plus élevé d'Afrique à ses habitants : de quoi attiser les convoitises des gouvernements français, anglais et états-uniens en faillite, et leurs multinationales…

Union africaine, dinar or, et Africom

Kadhafi était sans conteste un des leaders africains les plus soucieux de l'émancipation des peuples du continent. Il fut d'ailleurs un soutien majeur dans la bataille contre le régime raciste de l'apartheid en Afrique du Sud.

Il a été le principal investisseur pour la fabrication du premier satellite de communication panafricain (RASCOM) lancé fin 2007. Une petite révolution pour un continent jusqu'alors obligé de payer 500 millions d'euros d'impôts par an pour utiliser les satellites européens

La Libye du Colonel était une fervente promotrice du développement du « Fond monétaire africain » (FMA). À la manière des pays d'Amérique du Sud qui ont lancé leur propre Banque (Banco Sur), destinée à affranchir leur continent de l'emprise usurière du FMI, de la Banque Mondiale et autres institutions coloniales

La Libye de Kadhafi, c'était aussi 200 milliards de dollars de fonds souverains ! Disparus depuis. Inutile de demander où… C'est très simple : les fonds ont été gelés sous prétexte qu'ils étaient une « source potentielle de financement du régime de Kadhafi » (B. Obama). Cet argent, les Libyens ne le reverront jamais…

Enfin, que dire des 144 tonnes d'or qui dormaient bien au chaud dans les coffres du pays ? Kadhafi avait en effet une vision pour l'Afrique, et celle ci passait par l'élaboration d'une monnaie unique, indexée sur l'or, pour l'Union Africaine. « Le dinar or » aurait été un moyen efficace pour contrer l'hégémonie des monnaies papiers prédatrices que sont le dollars et l'euro. Un outil d'émancipation radical pour les pays africains, chose que les Occidentaux ne veulent voir parvenir sous aucun prétexte…

C'est pourquoi, depuis plusieurs années les États-Unis ont mis en place le projet Africom (Africa Command), qui a pour mission le contrôle militaire, comme l'écrit Michel Collon, de tout le continent africain : « stabiliser » la dépendance de l'Afrique, l'empêcher de s'émanciper, l'empêcher de devenir un acteur indépendant qui pourrait s'allier à la Chine et à l'Amérique Latine.(…) Kadhafi n'avait d'ailleurs accepté aucun lien avec Africom ou avec l'Otan, et ce depuis la fermeture d'une importante base militaire américaine sur le sol libyen en 1969. Ainsi, il a payé sa volonté d'indépendance par cette guerre qui constitue sans aucun doute une étape majeure pour imposer Africom au continent tout entier.

Il suffit aujourd'hui de constater l'ampleur des dégâts qui ne cessent de s'amplifier en Afrique noire, pour réaliser à quel point la géopolitique libyenne – jusqu'alors pacifiquement orchestrée par le Colonel – fut un verrou protecteur sans commune mesure !

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