Cour pénale internationale
La Cour pénale internationale (CPI) a célébré le 17 juillet le 15e anniversaire de la signature du Statut de Rome qui l'a instituée en 1998. Quel bilan pour cette juridiction internationale de plus en plus l'objet virulente des critiques, surtout des Africains qui estiment qu'elle est faite seulement pour juger les ressortissants du continent noir. Des accusations qui semblent faire accréditer la thèse de la " chasse raciale " qu'elle mènerait d'autant plus qu'à ce jour pas moins de 27 Africains sont ou ont été dans le viseur de la CPI.
Instituée le 17 juillet 1998 avec la signature du Statut de Rome par les représentants de 120 pays, la CPI fête ses 15 ans sur fond des critiques sur sa politique des poursuites judiciaires. De l'Ougandais Joseph Kony au couple ivoirien Laurent et Simone Gbagbo en passant par les Congolais Jean-Pierre Bemba, Thomas Lubanga, Mathieu Ngudjolo, Germain Katanga, Bosco Ntaganda, les Soudanais Omar el-Béchir, Ahmed Mohammed Haroun, le Rwandais Callixte Mbarushimana, les Libyens Abdallah Senoussi, Seif el-Islam Kaddafi…, la liste des ressortissants du continent noir est longue.
En tout, 27 Africains de huit pays africains sont concernés par les enquêtes de la CPI : le Soudan, la RDC, l'Ouganda, la Centrafrique, le Kenya, la Libye, la Côte d'Ivoire et le Mali.
S'il n' y a presque rien à dire dans les efforts menés par la Cour pénale internationale dans la lutte contre l'impunité, la poursuite et le jugement des personnes accusées d'avoir commis des crimes graves (crimes de guerre, crimes contre l'humanité, génocide et crimes d'agression), cependant des voix, surtout africaines, s'élèvent de plus en plus pour dénoncer la politique menée par la CPI dans la traque des personnes sous le coup de ces crimes.
Sous peu, le Premier ministre éthiopien et président en exercice de l'Union africaine, Hailemariam Desalegn, n'a pas hésité de la qualifier de raciste en l'accusant de mener " une sorte de chasse raciale "..
Si en 15 ans d'existence, les yeux de la CPI n'ont été ouverts que sur le continent noir en ne menant des enquêtes que dans ses huit pays, alors que les crimes dont elle est censée combattre sont constamment commis de partout dans le monde, aussi bien dans les pays ayant ratifié le Statut de Rome que dans ceux ne l'ayant pas ratifié, voilà qui donne l'occasion pour douter de l'impartialité de cette juridiction pénale internationale.
Que dire de toutes les atrocités commises sur les populations civiles par le pouvoir syrien depuis plusieurs années sous la barbe de la CPI qui est entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2002?
Face aux critiques de ce genre, la procureure Fatou Bensouda rétorque qu'elle suit déjà, même si ce n'est pas connu, les crimes commis sur tous les autres continents. "
Une déclaration qui ne convainc personne, d'autant plus que c'est tambour battant qu'elle mène des enquêtes sur les pays africains. Pourquoi ?
Dans tous les cas, raciste ou pas, la CPI constitue pour le moment un bouclier pour des populations civiles africaines toujours victimes des dérives autoritaires de leurs dirigeants. Avec la CPI, bien qu'ils s'entêtent à se comporter comme bon leur semble, certains dirigeants africains ont eu peur de se comporter n'importe comment, se sachant exposés au collimateur de la CPI.
Kléber Kungu
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