Onze pays africains ont signé à Addis Abeba un accord cadre destiné à ramener la paix dans l'Est de la République démocratique du Congo, miné depuis 10 mois par de nouvelles violences.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, signataire en tant que garant de la bonne application du texte, a « espéré que cet accord mènera à une ère de paix et de stabilité pour les peuples de la RDC et de la région ».
Mais M. Ban a ajouté « qu'il ne s'agit que du début d'une approche globale qui nécessitera un engagement soutenu » de la part des pays de la région, pour apaiser cette zone mise à mal par de nombreuses rébellions.
De nombreux accords bilatéraux et multilatéraux ont déjà été passés ces dernières années, sans permettre de ramener une paix durable dans cette région qui suscite les convoitises en raison des richesses minières qu'elle recèle.
Les présidents de RD Congo, d'Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de Tanzanie ont fait le déplacement à Addis Abeba pour signer ce nouvel accord, également paraphé par des représentants d'Ouganda, d'Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie. La cérémonie de signature a été saluée par les applaudissements des participants.
Le document interdit aux pays extérieurs de soutenir les mouvements rebelles et encourage une série de réformes en vue de l'instauration d'un État de droit dans l'Est de la RDC où les institutions gouvernementales sont particulièrement faibles.
Le Rwanda et l'Ouganda soutiendraient les rebelles
Le Rwanda et l'Ouganda ont été accusés en particulier de soutenir un mouvement rebelle, le M23, qui a brièvement conquis la principale ville de l'Est de la RDC à la fin de l'an dernier, Goma, avant d'accepter de s'en retirer en échange de l'ouverture de négociations avec le régime de Kinshasa. Les deux pays démentent une telle implication en RDC.
Le président de la RDC Joseph Kabila a émis l'espoir que le document contribue à mettre fin à « la situation déplorable » dans l'Est de son pays. Il a appelé dans son discours à écrire « une page plus glorieuse que celle des deux dernières décennies, marquées par une guerre récurrente, des violations massives des droits de l'homme et le mépris de la vie humaine ».
Le président rwandais Paul Kagame a pour sa part assuré « approuver sans réserve » l'accord d'Addis Abeba, car « rien ne peut davantage bénéficier au Rwanda qu'une avancée réelle vers la paix régionale et la stabilité ».
Il a en même temps appelé « à s'attaquer avec sincérité aux réels problèmes de droit, de justice et de développement et à trouver de vraies solutions pour les gens qui attendent de nous un rôle dirigeant », dans une allusion apparente à l'absence d'État de droit dans l'Est de la RDC et au traitement réservé dans cette région à la minorité tutsi, qui nourrit des liens étroits avec le Rwanda voisin.
La signature de cet accord était prévue fin janvier en marge du dernier sommet de l'Union africaine (UA) dans la capitale éthiopienne, siège de l'organisation continentale, mais elle avait dû être reportée in extremis, les pays d'Afrique australe demandant notamment des consultations supplémentaires, selon des sources diplomatiques.
Une possible brigade d'intervention
Cet accord appelle notamment à «une révision de la mission de l'ONU en RDC», qui pourrait permettre la création d'une brigade d'intervention spécifiquement chargée de neutraliser les mouvements rebelles.
Si l'accord ne le mentionne pas explicitement, une telle révision répond aux vœux de plusieurs pays africains d'adjoindre, sous une forme qui reste à préciser, à l'actuelle Monusco une «brigade d'intervention» dotée d'un mandat beaucoup plus robuste pour en découdre avec les rebellions sévissant dans l'Est de la RDC.
Le président sud-africain Jacob Zuma a indiqué dimanche que son pays «se félicitait de la proposition d'une brigade d'intervention comme étant un moyen réaliste de rétablir la sécurité dans l'Est de la RDC dans les plus brefs délais».
La mission de l'ONU en RDC est une des plus importantes au monde, avec 17.000 soldats, mais elle a de l'avis général échoué à ramener la paix dans le pays. Son commandement fait valoir que son mandat ne l'autorisait pas à engager le combat contre les rebellions qui ensanglantent l'est.
Les pays africains, et en particulier ceux de la région des Grands Lacs, discutent depuis plusieurs mois de la création d'une «force neutre» chargée de combattre ces rebellions, et ils se sont récemment ralliés à l'idée de fusionner une telle force avec l'actuelle mission de l'ONU.
Enfin l'accord demande «la nomination d'un envoyé spécial des Nations unies pour soutenir les efforts pour parvenir à des solutions durables dans le cadre d'un projet assurant la convergence de toutes les initiatives en cours».
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