Crée le 22-01-2013 11H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 22-01-2013 - 13H10 PAR : OBSERVATEUR
Une cinquantaine de chefs d'état majors et de militaires de haut rang des pays membres de la Conférence des Etats d'Afrique australe (SADC), venus de Tanzanie, du Zimbabwe, d'Angola, d'Afrique du Sud et du Malawi, se sont réunis dernièrement à huis clos à l'Hôtel du Fleuve à Kinshasa où ils ont retrouvé leurs collègues congolais. C'était à l'occasion de la commémoration des dates saluant la mémoire de deux figures marquantes du panafricanisme qu'étaient Lumumba et Laurent-Désiré Kabila. Hostile à une déstabilisation de la RDC, les pays d'Afrique australe, alliés de Kinshasa ont décidé de créer une " force neutre " qui sera déployée sur la frontière entre le Rwanda et le Congo.
Ceux-ci n'en reviennent pas, à en croire des sources, après l'humiliation qui leur avait été infligée le 20 novembre dernier, lorsque le M23, appuyé par l'armée rwandaise, s'était emparé de Goma, la capitale du Nord Kivu. A cette humiliation des forces congolaises s'est ajoutée l'impuissance de la Monusco, la Mission des Nations unies au Congo, qui s'est avérée incapable d'empêcher la prise de Goma. La ville fut cependant évacuée quelques jours plus tard, en échange des négociations politiques réunissant à Kampala les autorités congolaises et des représentants du M23.
A la suite de ces évènements dramatiques, qui, selon le ministre de l'intérieur congolais Richard Mueij, ont provoqué le déplacement de 800.000 civils, la situation a évolué rapidement sur le plan régional : les pays d'Afrique australe, alliés de Kinshasa et hostiles à une déstabilisation du pays, ont décidé de créer une " force neutre " qui sera déployée sur la frontière entre le Rwanda et le Congo. Cette force observera les mouvements suspects et sera chargée de neutraliser les " forces négatives " dont des soldats tutsis du M23 alliés de Kigali.
Pour résoudre les problèmes de financement et de logistique qui se poseront à cette force de quelque 3.000 hommes, il a finalement été proposé de l'intégrer à la Monusco, la Mission des Nations unies au Congo. Celle-ci, malgré 17.500 hommes sur le terrain et un budget d'un milliard 200 millions de dollars, est régulièrement critiquée pour son impuissance et l'insuffisance de son mandat.
L'intégration de ces militaires originaires des pays d'Afrique australe au sein d'une force onusienne largement discréditée pour l'impuissance dont elle a fait preuve depuis dix ans sinon pour ses ambiguïtés et certains trafics ne va cependant pas de soi. Les alliés du Congo reconnaissent qu'ils doivent tenir compte d'impératifs budgétaires : le déploiement de la " force neutre " pourrait coûter 100 millions de dollars et même si Kinshasa a déjà avancé 20 millions, la SADC peine à trouver le complément. C'est pourquoi il apparaît comme une nécessité de pouvoir compter sur la logistique et les moyens de la Monusco.
Mais avant de se rendre à Kampala pour finaliser l'opération conjointe avec l'ONU, les officiers africains se sont réunis à Kinshasa et, selon certaines sources, ont posé des conditions assez "raides" : non seulement ils entendent garder leur autonomie opérationnelle mais certains pays souhaiteraient que leurs hommes remplacent purement et simplement des unités originaires d'Asie, (Inde, Pakistan, Bangladesh) considérées comme inefficaces et manquant totalement de compréhension du terrain. Il y a déjà longtemps que, dans les couloirs de l'ONU circule l'idée de remplacer les bataillons asiatiques par des forces africaines, à condition d'en disposer…
L'arrivée au Nord Kivu de 600 militaires tanzaniens, appuyés par la logistique sud-africaine et angolaise, rejoints par d'autres contingents originaires du sud du continent, modifierait sans doute la donne et un tel déploiement est très mal vu par Kigali. Car, nul n'ignore que le Rwanda de Kagame a déjà repoussé l'idée d'un survol de la frontière par des drones, ces avions sans pilote qui photographieraient impartialement tous les mouvements suspects, toutes les infiltrations, dans les deux sens.
Willy K.
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