Crée le 11-07-2012-05h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mercredi 11-07-2012 -22h05 PAR : ARTV-NEWS
François Hollande semble hésiter à se rendre à Kinshasa en octobre pour le sommet de la francophonie. Il serait bien inspiré de ne pas offrir au président, Joseph Kabila, une telle occasion de s'afficher réconcilié avec les démocraties après les élections présidentielle et législative calamiteuses en République démocratique du Congo (RDC) qui privent le régime d'une véritable légitimité démocratique.
Le président français et le secrétaire général de la Francophonie ont également évoqué le XIVe sommet de la francophonie qui se " tiendra du 12 au 14 octobre prochain à Kinshasa.
En se rendant à Kinshasa, François Hollande enverrait un message plus que trouble aux pays d'Afrique où la démocratisation est encore une lutte quotidienne que l'on paie au prix du sang. Même avec le dernier forcing du 9 juillet 2012 de la rencontre du Secrétaire Général de l'OIF, Monsieur DIOUF avec le nouveau président François HOLLANDE. Pour Hollande c'est clair, c'est un non ferme sans concession !
M. Hollande a par ailleurs chaleureusement félicité M. Diouf pour son bilan à la tête de l'OIF, organisation internationale regroupant 75 membres et observateurs, réunissant à travers le monde 200 millions de francophones. En 2012, un pays membre de l'ONU sur trois est membre ou observateur de l'OIF, précise le communiqué.
Selon un autre communiqué de la Francophonie les deux dirigeants ont échangé sur la situation de la langue française dans le monde. « Ils ont effectué un large tour d'horizon des situations de crise ou de sortie de crise dans l'espace francophone. La situation au Mali a été longuement évoquée, ainsi que celle qui prévaut actuellement à Madagascar », est-il par ailleurs mentionné dans le communiqué.
Le choix de Kinshasa n'aurait jamais dû être entériné après l'élection présidentielle de l'an dernier dans ce pays. L'Organisation internationale de la francophonie (OIF) place, en effet, dans sa déclaration de Bamako, au premier plan de ses priorités l'établissement de vrais régimes démocratiques parmi ses membres, le respect des droits de l'homme et celui de la bonne gouvernance. Tous ces principes sont bafoués en RDC.
Les fraudes et le chaos dans l'organisation de l'élection présidentielle de l'an dernier ont abouti, selon les observateurs, à des résultats peu crédibles. Malgré l'ampleur internationale des condamnations et la mobilisation de la diaspora congolaise, le régime du président Kabila refuse de prendre en compte les améliorations à apporter au système électoral préconisées par l'Union européenne et entend organiser des élections provinciales avec la même commission électorale. Le choix de Kinshasa contredit aussi l'affirmation de la défense des droits de l'homme comme une priorité de l'OIF.
Outre les fraudes, ces élections ont été marquées par de graves restrictions à la liberté de la presse et des violations des droits de l'homme perpétrées par les forces de sécurité et documentées en détail par les Nations unies. Ces restrictions et ces violences n'ont surpris personne et surtout pas le Haut Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies et les organisations de journalistes, comme Reporters sans frontières. Le refus de diffuser au Congo le film sur Floribert Chebeya, un activiste des droits de l'homme assassiné par les forces de sécurité en 2010, est une nouvelle confirmation du manque de transparence dans lequel s'enfonce le gouvernement de la RDC.
Ce choix fait également fi des préoccupations de bonne gouvernance affichées par l'OIF. Joseph Kabila est de plus en plus affublé du surnom peu flatteur de «Mobutu light», tant il réplique avec fidélité le mode de gouvernance du maréchal.
Comme aux temps maudits de Mobutu, le régime congolais d'aujourd'hui puise ses ressources financières dans sa supervision de l'exploitation sauvage des ressources naturelles. L'armée continue de se financer grâce «aux minerais du sang» dans l'Est du pays tandis que le régime brade les biens publics mondiaux du pays que représentent la forêt du bassin du Congo et le parc des Virunga classé au patrimoine mondial par l'Unesco.
Le choix de Kinshasa pour ce sommet contrevient également au bon sens diplomatique. Loin d'être un exemple de sortie de conflit réussie, la RDC n'arrive toujours pas à juguler la violence contre les civils, et plus particulièrement contre les femmes dans l'Est du pays. Les Kivu semblent voués à des conflits interminables et ce n'est pas l'autoritarisme croissant de Kabila qui va permettre des solutions négociées.
Alors, pourquoi le deuxième président socialiste de la Ve République devrait-il se rendre à Kinshasa ? Pour redresser l'image internationale du président Kabila et une cérémonie d'investiture boudée par tous les chefs d'Etat, à l'exception sans surprise du président zimbabwéen Robert Mugabe ? Pour signer quelques contrats qui feront long feu comme celui d'Areva en 2009 ? François Hollande tient là une occasion d'affirmer une «présidence normale» face à une Afrique francophone dont la jeunesse rêve de voir en la France une alliée de ses aspirations au changement plutôt que la discrète protectrice de ses autocrates.
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