Crée le 20-06-2013 11H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le jeudi 20-06-2013 - 11H55 PAR : ARTV NEWS
Il est en train de se tourner les pouces dans sa cellule de haute sécurité de Scheveningen, près de La Haye. Il jubile et sable du champagne, Bosco Ntaganda. Quand il s'est volontairement livré à la CPI alors qu'il avait toujours juré d'y envoyer plutôt son cadavre, ce seigneur de guerre congolais qui a sévit en Ituri et au Nord-Kivu, comptait sur les failles symptomatiques de l'instruction du Parquet près la CPI.
Celles-ci avaient fait qu'un criminel notoire comme Gudjolo qui a brûlé des villages entiers en Ituri soit purement et simplement relaxé faute des preuves et renvoyé aux fins des poursuites, ce qui veut dire en langage ordinaire que Gudjolo ne peut plus être poursuivi pour les mêmes faits car ceux-ci n'existent pas. C'est à partir de cet instant que Bosco Ntaganda n'a plus redouter la CPI. Il ne s'était pas trompé. Et pour cause. Sa propre instruction devant la chambre préliminaire boite.
Avant-hier la Procureure près la CPI, la Gambienne Bensouda a demandé à la Chambre I de lui accorder 6 mois de plus afin qu'elle soit prête pour l'audience de confirmation des charges qui était initialement fixée en septembre. C'est de la bouche même de la Procureure que l'on apprend que le Parquet près la CPI n'est pas encore prêt pour cette audience capitale qui si elle n'est pas concluante, c'est-à-dire sir les charges contre Bosco Ntaganda ne sont pas confirmées, la conséquence immédiate serait que l'accusé devrait être libéré toutes affaires cessantes.
Raison pour laquelle la Chambre préliminaire I a aussitôt accordé à la Procureure Bensouda les 6 mois supplémentaires qu'elle réclame. La prochaine audience est fixée au 10 février 2014, donc à 8 bons mois pour un dossier qu'on avait cru à tort comme étant des plus faciles à aborder. Difficile de comprendre que pour une affaire comme celle de Bosco Ntaganda dont le Parquet près la CPI a mené des enquêtes en Rdc depuis 2006 sous le règne de Luis Moreno Ocampo, qu'il se trouve aujourd'hui que le dossier que sa successeuse dépose après son incarcération ne contient pas suffisamment de faits permettant à la Cour de se prononcer sur la confirmation des charges.
A quoi avaient donc servi ces nombreuses enquêtes de Moreno Ocampo en Ituri où il s'est rendu plus d'une fois pour que Bensouda demande un délai de 6 mois d'un autre dur labeur ? Ce délai de 6 mois que demande Bensouda pour apporter des preuves de confirmations de charges et qui est très long pour un dossier instruit depuis 7 ans vient donner du grain à moudre aux nombreux détracteurs de la CPI qui ne cessent de soutenir le caractère inachevé des instructions du Parquet dans presque tous les dossiers. C'est du bâclé, disent-ils.
Il n'y a pas que le dossier Ntaganda où il n'y a pas assez de charges pour garder l'accusé à la CPI. Ici c'est le Parquet lui-même qui jette l'éponge en demandant, toute honte bue, une rallonge de 6 mois. Mais il y a aussi le cas de l'ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo dont le dossier a été renvoyé par la Chambre préliminaire qui a estimé qu'il n'y a pas assez de faits pour tenir un procès. Un délai de 6 mois avait été accordé au Parquet afin de lui permettre d'apporter un supplément des preuves contre l'ancien Président ivoirien.
Pour sauver la face, la Procureure Bensouda est allée en appel. Pour Bosco Ntaganda, il n'y aura pas d'appel car c'est le Parquet lui-même qui demande un délai supplémentaire pour une affaire que l'on croyait à tort bien ficelé. Le dossier laissé par Luis Moreno Ocampo est vide. Alors qu'en Rdc, tout le monde sait ce qu'a fait Bosco Ntaganda en termes de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Mais la justice, ce ne sont pas des faits incantatoires. Il faut fournir des preuves irréfutables, ce que le Parquet près la CPI a du mal à réunir dans presque tous les dossiers ouverts à son office. Quand on sait que le patron de Bosco Ntaganda , Thomas Lubanga Diyilo, ancien "Empereur " de l'Ituri s'en est tiré à bon compte avec seulement 8 ans de prison, ce qui est considéré dans les milieux judicaires comme un jugement de clémence, presque une libération là où le Parquet avait requis la peine maximale qui est de 30 ans de prison.
Et alors pour Ntaganda qui vient d'arriver mais dont le dossier était instruit au même moment que celui de Lubanga, le Parquet n'est pas prêt, malgré tous les moyens financiers, humains, techniques et logistiques mis à sa disposition pour mener à bien ses enquêtes, celles-ci laissent à désirer. Faudra-t-il continuer à compter sur cette justice internationale qui a montré ses limites en tout point de vue ?
Le sénateur congolais Jean-Pierre Bemba Gombo, chairman du Mlc et ancien Vice-président pendant la transition du 1+4, qui en a fait les frais peut y répondre. Depuis 5 ans qu'il est entendu à Scheveningen, son procès avance à pas de tortue. Kandolo M.
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